En 1963, Stanley Milgram, Docteur en psychologie sociale et Professeur à l’Université de Yale, passe une petite annonce : il a besoin de 500 volontaires ayant entre 20 et 50 ans, issus de diverses catégories socio-professionnelles, afin de mener “une expérience sur la mémoire et l’apprentissage” rémunérée à 4$ de l’heure...
Un millier de bons Américains vont s’y prêter, et le résultat sera plus qu’édifiant. C’est avec malaise qu’on parle de “l'expérience de Milgram” - toujours dérangeante et donc controversée - ancêtre du testing dont ce livre relate minutieusement les étapes.
Comment les individus peuvent-ils concilier les impératifs de l’autorité avec la voix de la conscience ? Où commence la responsabilité individuelle ? Quelles sont les limites de l’obéissance ? Stanley Milgram s’est toujours interrogé à ce sujet en menant des investigations sur les atrocités commises par les nazis, puis des tests comportementaux, et il en a déduit que ces pratiques peuvent se retrouver dans la vie courante, sous différentes formes...
Si l’être humain a bien une propension naturelle à se soumettre au groupe ou à l’autorité et à se décharger sur elle de sa propre responsabilité, par le biais de ce test Milgram souhaitait chiffrer le phénomène et l’analyser en profondeur, afin de secouer les esprits.
Les participants ignorent en quoi consiste exactement l'expérience. Le but est de savoir jusqu’à quel point précis chaque sujet suivra les instructions qu’on lui donne, alors que les actions qu’on lui demande d’exécuter vont entrer progressivement en conflit avec sa conscience.
Sous les consignes de l’expérimentateur - qui porte blouse blanche -, placé devant un stimulateur de chocs doté de 30 manettes qui s’échelonnent de 15 à 450 volts avec des mentions allant de “choc léger” à “choc dangereux” puis “XXX” à 435 volts, le volontaire doit infliger des décharges électriques à un (faux) élève qui, s’il ne répond pas correctement aux séries de questions qu’on lui pose, va recevoir en guise de punition des décharges électriques de plus en plus fortes. Le faux élève peut mimer gémissements, supplications, cris d’agonie, voire syncope. Rating online casinos: https://www.gamblers.casino Play and win! A chaque fois que le volontaire hésite, l’expérimentateur lui dit de poursuivre.
Si certains ont exprimé leur désaccord, ils ont tout de même appliqué les ordres, et aucun des participants n’a pris l’initiative de dire non et partir.
13% ont arrêté l’expérience à partir de 300 volts.
65% ont été jusqu’à 450 dont 2,5% sans hésitation aucune.
Milgram a réalisé vingt variantes de son expérience par groupes de quarante personnes, et ainsi relevé plusieurs stades de comportement :
- la dérobade (on évite les conflits)
- le refus de l’évidence (le système ou l’institution sont des entités qui se substituent à l’individu)
- la dévalorisation de la victime (pour mieux justifier son acte)
- le refus de sa propre responsabilité (je ne suis qu’un simple maillon intermédiaire)
- la contrainte morale liée à l’idée qu’on se fait de ses obligations, ou du devoir à accomplir.
Cela se passait dans les années soixante, mais croyez-vous qu’aujourd’hui les résultats seraient meilleurs ?
Si certains estiment que la responsabilité incombe au donneur d’ordre, Milgram soutient que l’éthique personnelle doit primer sur l’autorité et appelle à la désobéissance en tant que remède à la banalisation du mal.
Stanley MILGRAM, La soumission à l'autorité - Calmann Lévy (1974) - 21 €
L'expérience de Milgram reprise par Henri Verneuil dans son film «I comme Icare» sorti en 1979 :