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Tour à tour, lucide, révolté, compatissant, sévère, poète, analyste, il restera proche de ces gens, s'affirmera comme l'un des leurs, ne trichera pas (peut-on parler de cette chambre qu'il louera quand à bout de forces il éprouvera le besoin de dormir dans un vrai lit ?). Jack est devenu un gueux, mais qui écrit, qui témoigne, qui relate, avec lucidité, sang-froid, humour, étonnement, et toujours avec cette générosité et cet amour porté à ses congénères.
Avec lui, nous vivrons la recherche du travail, de la pitance, de l'hébergement, les nuits passées dans le froid et sous la pluie. Nous connaîtrons les invraisemblables récits de ces marins usés, mais riches de leurs histoires. Nous verrons mourir ces hommes et ces femmes, dignes jusqu'au terme. Et nous tremblerons de constater que ce qui se passait en 1902 à Londres, s'y passe encore, s'y passe en France, s'y passe partout.
Et c'est en définitive une extraordinaire leçon d'humanité et de vérité que nous envoie Jack, cet écrivain pour grands adolescents qui connut si bien la vie des hommes.
(Quand Raffarin nous assène un "La France d'en Bas" méprisant, savait-il qu'il parodiait un Peuple d'en bas digne et humain ?)
François GOLLEAU
Jack LONDON, Le Peuple d'en bas - Phebus Libretto/Poche (1902) - 10 €
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Célèbre pour sa critique visionnaire de l'enfer totalitaire, l'auteur de 1984 avait surtout partagé le sort des ouvriers et dénoncé la pauvreté dans nos démocraties. Des thèmes qui, soixante ans après la mort de l'écrivain anglais, résonnent d'une singulière modernité.