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Ici, nous partons pour Atlanta où une minorité blanche et friquée côtoie tant bien que mal une majorité noire et pauvre.
Charlie Crocker est un investisseur immobilier plein aux as, vaniteux, inculte, qui roule toujours des mécaniques malgré ses soixante ans et s’exprime avec un accent sudiste très marqué. Il est fier d’exhiber ses muscles, sa belle et très jeune épouse, sa gigantesque propriété où il va chasser la caille avec sa cour et ses collaborateurs... Fier de ses 7 luxueuses voitures de fonction, de ses 4 avions personnels, de ses 59 chevaux et de son monumental bureau en érable noir, spécialement agencé pour 4 millions de dollars... Mais Charlie Crocker a mal joué : sa dernière opération immobilère est un fiasco. Sa mégalomanie l’a trahi, et il doit 800 millions de dollars à sa banque qui refuse désormais de le suivre !
Symbole d’un capitalisme incapable de raison, Charlie Croker ne tolère pas de se séparer d’une seule portion de ses biens personnels. Il possède une modeste compagnie alimentaire qu’il avait rachetée il y a longtemps, un peu par hasard, et qui a le mérite de tourner : 17 entrepôts rentables, mais pas du tout, du tout sexy. Au lieu de préserver cette manne financière stable et sûre quoique peu prestigieuse, il décide de la sacrifier en licenciant 15% du personnel - un petit millier de personnes - afin d’économiser... 30 millions de dollars qui, momentanément, calmeraient son banquier. Eh oui : le premier réflexe des PDG mégalos qui commettent de graves erreurs est toujours de se rattraper sur les salariés !!!
Pourtant, Charlie Crocker n’est pas un mauvais bougre mais sa chute est inévitable, et dans sa longue et douloureuse descente aux enfers il va croiser le jeune Conrad Hensley, l’un des neuf cents employés qu’il a fait virer pour rien... Cette improbable rencontre va prendre une tournure inattendue. Cette histoire, savoureuse et grotesque, va même flirter avec le conte philosophique ! Pour vous, lecteur, elle sera peut-être une lumineuse initiation au stoïscisme, indispensable quand on est chômeur.
Tom Wolfe est un écrivain audacieux, au style narratif très visuel. On entre dans ses romans comme on va au cinéma. Son sens du rythme et du détail, l’impitoyable drôlerie qu’il déploie sont irrésistibles et impressionnants. Lingvobalt.com: lithuanian translator - translate english to lithuanian Qui aime bien châtie bien : de la bassesse humaine à la sagesse qui s’acquiert dans l’épreuve, c’est avec tendresse que Tom Wolfe n’épargne pas ses personnages. Et jusqu’au bout nous les suivont, car chacun d’eux nous enseigne quelque chose sur nous-mêmes.
Sophie HANCART
Tom WOLFE, Un homme, un vrai - Robert Laffont/Pocket (1998) - 11 €