Cette étude a été réalisée fin 2004-début 2005 auprès d'un échantillon représentatif de 2.000 personnes âgées de 18 ans et plus et sélectionnées selon la méthode des quotas, à la demande de l'Unedic. Pour la première fois depuis 1990, près d'un Français sur deux (49%) jugent que l'indemnisation du chômage ne doit pas bénéficier à tous les demandeurs d'emploi - 50% pensent le contraire -, contre seulement 23% en 1990. Le CREDOC estime ainsi que 2005 marque une "rupture" dans l'opinion des Français et que la "critique du système s'accentue", d'autant que "la circonspection autour du dispositif d'indemnisation du chômage et de ses effets déresponsabilisants reprend de la vigueur".
L'institut de recherche a demandé aux sondés s'ils étaient "plutôt d'accord" ou "plutôt pas d'accord" avec plusieurs affirmations concernant les demandeurs d'emplois et les bénéficiaires de minima sociaux : plus de sept sur dix (72%) se disent ainsi plutôt favorables à la suppression des allocations chômage "aux chômeurs qui, au bout d'un certain nombre de mois, refusent un emploi moins qualifié ou moins rémunéré que celui qu'ils cherchent" (ils n'étaient que 70% en 2004). Une très large majorité (81%) sont "plutôt d'accord" avec l'idée qu'"il est parfois plus avantageux de percevoir des minimas sociaux que de travailler avec un bas salaire" (contre 76% un an plus tôt), et 70% avec l'affirmation selon laquelle "si la plupart des chômeurs le voulaient vraiment, beaucoup pourraient retrouver un emploi" (contre 67% en 2004).
Interrogés sur les moyens de "faire face aux dépenses d'indemnisation" alors que le régime d'assurance-chômage "connaît des difficultés financières", une majorité (43%) jugeraient préférable de "raccourcir la durée de versement des indemnités chômage". Quelque 26% préfèreraient une augmentation des cotisations chômage des salariés et des employeurs, et 23% une diminution du montant des indemnités chômage.
A quelques jours de la parution d'un décret sur le contrôle des chômeurs et à quelques mois des négociations sur la nouvelle convention d'assurance-chômage, les résultats de cette enquête pourraient s'avérer particulièrement sensibles. Les partenaires sociaux doivent en effet se réunir à l'automne pour fixer les nouvelles règles de cotisations et d'indemnisations de l'Unedic dans un contexte particulièrement tendu, alors que le déficit cumulé du régime devrait atteindre 13,7 milliards d'euros à la fin de l'année. Le représentant de FO à l'assurance-chômage, Jean-Claude Quentin, a d'ailleurs sévèrement critiqué aujourd'hui l'étude du CREDOC : "A partir d'une connaissance relativement limitée de l'assurance-chômage par nos concitoyens, on suscite des réactions populistes qui stigmatisent les demandeurs d'emploi", a-t-il déclaré, estimant que "cette façon de faire entre dans le jeu du patronat".
Dans un communiqué, l'Unedic a indiqué que l'enquête du CREDOC avait été réalisée "comme chaque année depuis huit ans". "Elle vient compléter un dispositif de connaissance de l'opinion des chômeurs et de celle des employeurs ou de la société dans son ensemble", menées à partir d'études sur "les caractéristiques socio-économiques" des chômeurs, "la perception des services offerts" par l'Unedic ou les "intentions d'embauche des entreprises".
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