Alors que le «plein emploi» et la «valeur travail» se muent en chimères, certains estiment qu'il faut en finir avec l'«emploi» en tant que pilier de la société et déconnecter le «travail» du «revenu». Ils proposent de modifier en profondeur l'organisation de la distribution des richesses par le biais d'un revenu universel (versé à tous) et inconditionnel (exempté de tout contrôle social), procurant à chacun autonomie et liberté de choix.
Dans le contexte actuel où notre productivité a décuplé tout en ayant recours à une main d'œuvre de plus en plus réduite (or, c'est l'activité salariée qui finance la protection sociale tandis que les machines sont, elles, exemptées de cotisations), où l'emploi tombe en miettes et s'amenuise, où les salaires (notamment le Smic) et les minimas sociaux ne permettent plus de vivre, plutôt que l'alinéa 5 du Préambule de la Constitution de 1946 — «Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi» —, c'est son alinéa 11 — «Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler, a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence» — qu'il faut défendre.
Plusieurs projets avant-gardistes aux appellations diverses et variées — revenu, allocation, salaire - universel, de base, d'existence, à vie… —, cumulables avec une activité rémunérée non obligatoire, sont mis sur la table. Le principe du concept est toujours le même, mais ce sont les sensibilités économiques et politiques, les modes de financement et de gestion qui différent. Petit tour d'horizon, de droite à gauche.
LE REVENU DE BASE
Expliqué dans ce film par Daniel Häni et Enno Schmidt, le modèle dit «bâlois» propose un financement par un impôt unique sur la consommation, géré par l'Etat via le fisc :
Au-delà de la démonstration tout à fait explicite et séduisante malgré quelques longueurs, ce modèle comporte un défaut : le revenu de base prétend certes libérer les gens du travail, mais il continue de les réduire… à des consommateurs.
L'ALLOCATION UNIVERSELLE
L'économiste Jacques Marseille proposait de supprimer la plupart des prestations sociales (sauf l'assurance maladie) ainsi que de nombreux postes de "dépenses passives" du budget de l'Etat pour le financer :
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La proposition tient parfaitement la route. Par contre, Jacques Marseille ne précise pas par qui, exactement, cette allocation sera gérée. escortdate.co.nz escort nz
LE REVENU D'EXISTENCE
L'économiste Yoland Bresson propose une mise en place progressive issue, au départ, d'une création monétaire spécifique (et non, comme Jacques Marseille, de la fusion de dispositifs déjà existants) qui serait gérée par un organisme financier national indépendant :
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Prudente et pragmatique, c'est une version très "réformiste" visant à s'installer dans le temps et à faire boule de neige.
LE SALAIRE À VIE
L'économiste Bernard Friot se base sur le principe de la pension de retraite et le système de traitement/rémunération des fonctionnaires. Le tout serait géré exclusivement par la Sécurité sociale :
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C'est le projet le plus "révolutionnaire". Très ambitieux (peut-être trop), c'est un modèle qui exige un changement de société radical.
Ce ne sont que quatre exemples : d'autres théories circulent.
Une chose est sûre : toutes s'accordent pour dire que son financement n'est résolument pas un problème. Après, il s'agit de savoir quel projet de société se cache derrière… comment on considère les individus, et quelle place on veut leur assigner.
SH
Pour compléter => L'exemple namibien
Une des expériences les plus récentes et abouties à ce jour de mise en place d’un revenu de base garanti a été impulsée par la Namibian Basic Income Grant Coalition (coalition namibienne pour le revenu de base), dans un village de Namibie. Durant deux années (2008-2009), les 930 villageois de moins de 60 ans d’Otjivero-Omitara recevaient ainsi un revenu de base mensuel (BIG, pour Basic Income Grant) représentant l’équivalent de 9 euros par mois, sans aucune autre condition que celle d’habiter le village et alors qu’un tiers des Namibiens vivent avec moins d’un dollar par jour.
La lecture du rapport d’évaluation paru en avril 2009, soit plus d’un an après le début de l’expérimentation, démontre notamment que la mise en place de ce revenu a considérablement amélioré l’économie locale. Malheureusement, ce n’était qu’une expérimentation limitée dans le temps, et la généralisation du BIG n’a jamais pu aboutir.