Les réseaux sociaux peuvent être un outil pédagogique. TikTok en particulier a été félicité pour avoir fourni une plate-forme accessible aux jeunes POC, de la même manière que le National Casino Quebec, et aux militants qui utilisent l'application pour éduquer leurs pairs sur des questions politiquement sensibles et complexes telles que les violations des droits de l'homme autochtones en Occident.
Mais il y a une tendance inquiétante de vidéos qui perpétuent le «complexe du sauveur blanc». Une expression qui fait référence à une personne blanche qui agit pour aider les personnes non blanches, mais dans un contexte qui peut être perçu comme égoïste ou promotionnel.
Dans ces vidéos, de jeunes Occidentaux aisés se rendent dans des pays pauvres pour se photographier en train de nourrir ou d'habiller des familles désespérées, qui autrement seraient vouées à la misère.
Les voyagistes proposent en effet des voyages dédiés à la réalisation de ces ambitions, nommés à juste titre Volontourisme.
L'un de ces «volontouristes» est un jeune homme riche de France nommé Dylan Thiry. Ses vidéos "travaillant" dans l'ancienne colonie française de Madagascar sont devenues virales ces dernières années. Ils le montrent fournissant aux communautés pauvres des produits de première nécessité tels que de la nourriture, de l'eau et des vêtements.
Thiry est devenu une sorte de sensation sur Internet, rassemblant des millions de followers grâce à ses photos et vidéos d'actions caritatives.
Le complexe du sauveur blanc comme monnaie sociale
Mais les personnes principalement noires dans ses vidéos restent sans nom, présentées comme des «autres» et des marchandises pour les likes et les partages.
La communauté locale devient une partie du paysage photographique et leurs histoires individuelles sont perdues au profit d'un récit de sauveur centré sur l'Occident.
Le complexe du sauveur blanc est un gros problème car il individualise le concept de pauvreté et brouille la différence entre charité et solidarité. Cela implique également que la dépendance à l'égard des bienfaiteurs blancs est la clé de la survie, plutôt que la liberté économique et tout ce qui l'accompagne.
Alors pourquoi ce contenu devient-il si populaire sur les réseaux sociaux ?
Des comptes tels que Humanitarians of Tinder et Barbie Savior ont mis en évidence la tendance croissante des occidentaux blancs à utiliser des photographies d'eux-mêmes entourés de personnes de couleur, tout en faisant du bénévolat sur des sites de rencontres et des médias sociaux, depuis des années maintenant.
Selon les universitaires Colleen McGloin et Nichole Georgeoui, l'expérience d'interaction avec les cultures et les communautés locales est maintenant devenue une marchandise.
"Ce qui était autrefois un acte désintéressé de servir les zones en développement est maintenant devenu une marchandise qui peut être achetée dans l'espoir d'obtenir un plus grand effet de levier sur le marché de l'emploi et dans la société."
Alors, quelle est la science derrière le succès de ce contenu évidemment problématique ?
En partie, c'est pour susciter les éloges de leurs pairs pour leurs actions désintéressées. Mais il y a une science derrière pourquoi les gens sont motivés à publier ce genre de choses.
La recherche a découvert que les utilisateurs de médias sociaux publient plus fréquemment s'ils se sentent excités après avoir reçu des likes et des commentaires. Au fur et à mesure que le contenu du sauveur blanc devient plus populaire, les créateurs seront encouragés à publier davantage, et les téléspectateurs qui verront ce contenu se sentiront (chimiquement parlant, en raison de la dopamine libérée) bien. Cela les encourage à publier le même contenu pour obtenir la même réponse… et ainsi de suite.
Vous vous demandez peut-être pourquoi cela compte-t-il vraiment dans le grand schéma des choses ? Il y a beaucoup de contenu peu recommandable en ligne, alors qu'est-ce qui le rend différent ?
Eh bien, ce contenu perpétue le mythe selon lequel la pauvreté est un problème à résoudre par le monde riche ; plutôt qu'un phénomène qui est, en grande partie, produit par les pays riches : leurs institutions financières prédatrices, leurs sociétés rapaces et leurs politiques étrangères néocoloniales.