Comme en 1940 ! Le cataclysme est devant nous…
Tout choc physique ou psychologique s’accompagne d’une phase de sidération dont la persistance dépend de l’intensité de l’événement perturbateur ou du traumatisme subi.
Dans un premier temps, on accuse le coup sans être en état d’en évaluer les répercussions.
Puis on cherche à comprendre. On tente de rassembler les pièces du puzzle, les ordonner, tout en restant sidéré par la violence du choc.
L’incompréhension qui s’en dégage se prolongera tant que le traumatisé n’aura pas établi l’exact (ou le plus vraisemblable) enchaînement des circonstances.
Dans le déroulé du traumatisme collectif que nous vivons depuis deux mois maintenant, nous n’en sommes qu’à cette phase préliminaire : la sidération. Toujours à la recherche d’explications plausibles sur l’événement qui nous accable. Elles sont d’autant plus complexes à poser et à ordonnancer que les informations qui nous parviennent au compte-goutte sont contradictoires.
Comment est apparu le virus ? Est-il d’origine «naturelle» ou «hybride» ? Comment s’est-il propagé aussi rapidement ? Existe-t-il des molécules capables de le détruire ou d’en atténuer les symptômes et effets secondaires ? Nos autorités ont-elles pris les mesures adéquates pour endiguer sa propagation ? Disposons-nous des matériels nécessaires pour tester et soigner les contaminés ?
Depuis l’entame, voilà près de deux mois, l’opinion, nos dirigeants, la communauté scientifique, les médias mainstream et réseaux sociaux, s’entredéchirent sur les responsabilités des uns et des autres, sans pour autant qu’une vérité absolue n'émerge des débats. Nous sommes donc toujours en état de sidération.
Si le violent accès de colère né de notre incompréhension primitive s’estompe à mesure que s’égrainent les jours et les semaines, les interrogations restent entières et les quelques réponses obtenues très insatisfaisantes.
Notre sidération se prolongera tant que des perspectives «réalistes» ne seront pas admises par la majorité d’entre nous. Nous en sommes loin. Que se passera-t-il le 11 mai ? Et les jours suivants ? Puis les semaines ? Et en juin, juillet et août ? Subirons-nous une deuxième vague de contaminations ?
Pour l’heure, nous n’en savons strictement rien. Ce qui est plus préoccupant encore est l’expectative de la communauté scientifique et de nos dirigeants. Seul le Professeur Raoult semble sûr de son fait, de l’efficacité de son protocole médical et de la façon dont il gère la crise sanitaire à Marseille. Mais en dehors de son «insolente» assurance, la cacophonie est le son de cloche que les médias diffusent en boucle.
Plusieurs mois après l’apparition de l’épidémie, nous sommes toujours sous le choc, donc pas entrés en phase 2 qui permet d’évaluer les dégâts et commencer à les réparer pour ceux qui peuvent l’être. Pour mesurer la puissance de l’onde, il faut sortir de sa zone d'impact. Il est nécessaire de prendre du recul, de la hauteur. Pour l’heure, nous n'y sommes pas. Pas plus que les instances politiques, économiques et sociales du pays.
Personne ne mesure l’étendue des dégâts !
Certains, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire en tête, évoquent une récession historique de l’ordre de 9 à 10%. Mais qu’en savent-ils ? Nous sommes toujours confinés et constatons, semaine après semaine, l’augmentation vertigineuse du nombre de travailleurs au chômage partiel. Ils étaient encore «à peine» 6 millions il y a quinze jours. Ils sont plus de 10 millions aujourd’hui, qui s’ajoutent aux 6,5 millions d’inscrits chez Pôle Emploi. Ainsi près de 17 millions de personnes sont, à cette heure, au chômage total ou partiel. Combien seront-elles le 11 mai : 20 millions ?
Tous les secteurs sont touchés. Notamment le premier d’entre eux, le tourisme (d’affaires et de loisirs) et les transports. À eux seuls, ils représentent entre 10 et 15% du PIB mondial (selon les critères retenus pour évaluer leur poids dans l’activité économique globale).
En France, première destination touristique en nombre de visiteurs, le tourisme pèse plus de 15% du PIB si l’on englobe les activités connexes : grands magasins, boutiques de luxe, musées, festivals, locations saisonnières, loueurs de voitures, taxis…
Un seul exemple suffit à fixer l’importance économique du tourisme : Les deux principaux employeurs d’Île-de-France sont le secteur de l’aérien (Aéroports de Paris ADP + Air France) et l’industrie des loisirs (Eurodisney). Ces entreprises font vivre 50.000 salariés. Mais plusieurs dizaines de milliers d’autres sont impactés par l’effondrement de ces trois géants : Dans les transports individuels et collectifs (taxis, Uber, loueurs de voitures, autocaristes, RATP, SNCF…), la restauration et l’hôtellerie, l’organisation des grandes manifestations sportives et culturelles, des salons et congrès, le commerce, les grands magasins, les boutiques de luxe, la mode et la joaillerie… La liste n'en finit pas.
Les répercutions sont considérables et difficilement quantifiables par leur ramification dans tous les secteurs d’activité franciliens. À combien s’élèvera le manque à gagner dans les musées et monuments historiques d’Île-de-France par exemple (Tour Eiffel, Louvre, Versailles, Musée d’Orsay…) qui accueillent des millions de visiteurs au printemps et en été ? La même question se pose pour les Châteaux de la Loire, et partout ailleurs sur le territoire.
Cet exemple fixe les enjeux et le risque d’effondrement systémique par effet domino. Le premier qui tombe entraîne les suivants dans sa chute.
Celui qui estime que la machine peut être relancée rapidement se trompe. Un aéroplane cloué au sol plusieurs semaines ou mois ne reprend pas du service du jour au lendemain. Le transport aérien est régi par des règles sécuritaires extrêmement strictes. Tout spécialiste du secteur vous confirmera qu’un avion qui ne vole pas condamne une compagnie aérienne à la double peine. Aux pertes d’exploitation considérables (qui peuvent se chiffrer à plusieurs centaines de milliers d’euros par jour et par appareil), s’accompagne une remise en service précautionneuse nécessitant une révision technique et électronique de chaque appareil. Eh oui, un avion qui ne vole pas est un avion qui se détériore.
On peut donc considérer que 2020 sera une année catastrophique pour l’industrie du tourisme et des transports aériens, et par répercussions, pour l’ensemble de l’économie française.
Nous n’accueillerons aucun touriste étranger cet été et probablement très peu d’ici la fin de l’année. Beaucoup de Français n’auront pas la possibilité de prendre des vacances pour diverses raisons qu’il serait trop long de détailler. Les professionnels n’ont donc pas à espérer de compensation miraculeuse de ce côté-là.
L’effondrement du secteur s’accompagnera de tensions sociales terribles.
Les grandes entreprises sus-nommées (ADP, Eurodisney…) et leurs «sous-traitants» (Uber, l’hôtellerie restauration, le gardiennage, le commerce…) emploient des centaines de milliers de jeunes issus de banlieues déjà lourdement touchées par la précarité. Même si les mesures de chômage partiel atténue un temps les difficultés, elles ne compenseront pas l’intégralité du manque à gagner et moins encore le désarroi que ressentent les exclus du travail. Qui seront nombreux dans les mois à venir. La poudrière sociale pourrait donc devenir explosive dès juin.
Nos premières évaluations tablent sur 1 à 2 millions de chômeurs supplémentaires d’ici décembre 2020, sous réserve d’une reprise d’activité «rapide» en juin ou juillet. Mais si nous devions faire face à une seconde vague de contaminations et à une nouvelle période de confinement, les -20% de PIB sont envisageables. L’armée devra alors être déployée dans les zones les plus exposées à la révolte sociale, aux pillages et guérillas urbaines. Il faut s’y préparer.
D’autant qu’un épisode météorologique caniculaire, toujours envisageable l’été, pourrait relever plus encore le cocktail explosif - hélas réaliste - décrit ci-dessus.
Depuis trois mois, nous constatons que les autorités n’ont pas su anticiper les événements qui s’annonçaient pourtant imminents. Le déni fut tel qu’elles se sont réfugiées dans le mensonge le plus grossier : «Les masques et les tests sont inutiles», «La France dispose d’importants stocks stratégiques», «Jamais nous ne serons confrontés à une pénurie de matériels», «Nous sommes prêts»…
Buzyn, Salomon, Ndiaye, Véran, Philippe, Macron… ont rivalisé d’inepties pour tenter d’escamoter, en vain, notre impréparation au tsunami qui menaçait de s’abattre sur la France dès février. La première vague a tout emporté sur son passage, à commencer par les lambeaux de «confiance» dont pouvait encore se prévaloir l’exécutif à l’entame de la nouvelle année.
On assiste à notre naufrage !
D’ici quelques mois, «l’État stratège» sera ruiné (il est déjà considérablement endetté). Cette semaine, il a été contraint d’injecter 7 milliards pour sauver Air France de la faillite. Il lui en faudra 100 fois plus pour soutenir des pans entiers de l’activité économique nationale : Les professionnels du tourisme dont nous en avons parlés plus haut, l'industrie automobile moribonde, le BTP à l'arrêt, mais aussi le petit commerce, multitude d’artisans et d’entrepreneurs, les avocats, les dentistes… Parmi des centaines de professions sinistrées.
Le déficit de la Sécurité sociale atteint déjà, au mois d’avril, 46 milliards. À combien se montera-t-il en fin d’année : 100 milliards ?
L’assurance-chômage s’effondre sous le poids du chômage partiel qui touche à cette date 10 millions de salariés…
À la crise sanitaire dont nous ne voyons pas la fin, s’ajoutera un cataclysme économique et financier d’une ampleur inédite dans l’Histoire ; la deuxième vague du tsunami sera plus destructrice encore…
Prenez vos dispositions…
Actuchomage
PS : Avec le ferme espoir que cette sombre projection s’avère erronée. Malheureusement, tout ce que nous envisageons depuis deux ans se révèle en deçà de la réalité.
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