Il y a quelque chose de jubilatoire dans la psychose qui se répand à la surface du globe et en France.
Non que je me réjouisse de la propagation d’un virus potentiellement mortel, mais bien de toutes les absurdités qu’elle révèle, qui étaient prévisibles et que je pressens depuis longtemps.
À force de brader notre souveraineté industrielle, financière et sécuritaire à des intérêts étrangers et instances supranationales, on se trouve fort dépourvu quand la bise fut venue (inspiré de Jean de la Fontaine).
On découvre ébahi que masques et compresses médicales sont produits à l’autre bout du monde. Comme les molécules élémentaires de notre industrie pharmaceutique. Par crainte de rupture d’approvisionnement, le géant (aux pieds d’argile) Sanofi envisage de rapatrier de toute urgence, en Europe, sa production de principes actifs indispensables à l’élaboration de ses médicaments.
Si le commerce mondial était paralysé, nos chirurgiens seraient quasiment dans l’incapacité d’opérer leurs patients faute de produits et matériels de base. Et ne parlons pas des équipements plus sophistiqués que nous ne fabriquons plus… Il en est ainsi de tous les secteurs industriels. Que la moindre pièce détachée produite en Inde vienne à manquer, et les dernières usines françaises se retrouvent à l’arrêt.
Nous n’avons jamais été aussi puissants… et vulnérables.
Nos ancêtres, eux, étaient en capacité de subvenir à leurs besoins essentiels. Un village tirait son autonomie de ses seules forces productives : son maréchal-ferrant, son boulanger, son menuisier, son couvreur, son instituteur, ses agriculteurs, son garde-champêtre…
Aujourd’hui, sans l’Intermarché ou le Carrefour approvisionné en victuailles importées des quatre coins du monde, sans le pétrole saoudien, sans les ordinateurs état-uniens (fabriqués au Vietnam) et les réseaux GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft), nous sommes démunis.
On a oublié qu’il y a 70, 100 ou 150 ans, la France était totalement autonome dans tous les secteurs d’activité. Le cimetière du Père Lachaise nous révèle à quel point nous étions inventifs, par le nombre de scientifiques, de chercheurs et de chefs d’entreprises de renommée mondiale qui y sont enterrés.
Pas un domaine n’échappait à notre créativité technologique et industrielle. Avant 1900 et après, la France pouvait se passer du reste du monde pour exister.
Certes, le XIXe siècle est loin derrière nous ; le XXe plus proche. Mais notre vulnérabilité contemporaine est terrifiante. Elle l’est d’autant que cela fait des décennies que le ciel s’assombrit.
Notre pays est profondément fracturé, plus qu’il ne l’a jamais été. Cinquante années de propagande cosmopolite gauchissante progressiste nous ont imposé le renoncement à ce que nous fûmes, à ce que nous sommes, pour nous fondre dans un melting-pot où chacun, autochtone et allogène, est à la recherche d’une identité perdue… pour toujours.
«Le monde des années 60 et 70 débordait de variété. Rien à voir avec la fausse diversité qui consiste à avoir pour voisins un Noir, un Chinois et un Indien, qui vont au même supermarché et voient les mêmes navets d’Hollywood que vous», décrit avec nostalgie l’intellectuel Israël Adam Shamir.
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, la France est en guerre contre elle-même. Des «de souche» tirent au LBD sur des «de souche» en gilets jaunes, quand les forces de l'ordre n’osent plus s’aventurer dans un nombre croissant de quartiers, et qu’un ancien ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, déclarait en février 2018 : «Ce que je lis dans les notes de police reflète une situation très pessimiste. Aujourd’hui, on vit côte à côte, je crains que demain on puisse vivre face-à-face».
Un face-à-face déjà bien entamé, au service de la stratégie du chaos mise en œuvre par la superclasse qui assoit sa domination sur l’insécurisation généralisée des populations.
Insécurité professionnelle par la menace que fait peser le déclassement social et le chômage (qui est passé de 500.000 demandeurs au début des années 1970 à 6,5 millions d’inscrits chez Pôle Emploi en 2020). Insécurité économique par le coût prohibitif des logements et loyers. Insécurité dans la vie de tous les jours avec l’augmentation de la délinquance, des agressions et des incivilités. Et maintenant, insécurité sanitaire par l’engorgement des services hospitaliers d’urgence écrasés entre le marteau des restrictions budgétaires et l’enclume de l’afflux de patients souvent issus des flux migratoires récents.
Voilà une explication à la désorganisation des services trop souvent éludée (le sujet reste tabou). Pourtant, qui a fréquenté les urgences des grandes métropoles ne peut qu’en témoigner.
Objectivement, le bateau prend l’eau de toute part. On se demande de quelle déchirure viendra le naufrage. Toutes y contribueront sans doute…
Même quand on élargit l’horizon, le constat alarmiste reste le même. En pire sur bien des points.
Ainsi, un récent sondage Odoxa réalisé à l’occasion des «Entretiens européens d’Enghien», nous apprend que trois Français sur quatre n’attendent plus rien de l’Europe. Le Brexit a ouvert une brèche que les européistes auront la plus grande difficulté à colmater. Plus encore si la situation économique de la Grande-Bretagne s’améliore dans les années à venir et que la nôtre se dégrade.
Le Medef lui même semble l’envisager, s’y préparer, en organisant en mars une conférence inédite sur le thème : «Souveraineté & compétitivité des entreprises : plus de temps à perdre !». Oui, vous avez bien lu «souveraineté», un mot qui était il y a peu encore banni du lexique de l’organisation patronale. Et plus loin dans le communiqué, on peut lire : «urgence de défendre notre souveraineté», «de retrouver notre autonomie technologique et énergétique», «de lutter contre les ingérences étrangères».
Quel stupéfiant retournement de la part d’une organisation qui était vice-présidée au début des années 2000 par Guillaume Sarkozy, le frère de l’autre, qui avançait : «Assez de faux semblants : la perte d'emploi, la déstabilisation industrielle, c'est normal, c'est l’évolution. Je suis fier d'être un patron industriel qui délocalise».
Sauf que cette «évolution» est dictée par l’appât du gain des puissants, pas par l’intérêt collectif du plus grand nombre. Comme disait l’autre, le protectionnisme économique et social (donc la défense de la patrie - cette ringardise - et des frontières) est la seule richesse de ceux qui n’ont rien. Ceux qui ont tout peuvent se transporter ailleurs avec leurs capitaux en un clic de souris. Ils seront toujours bien accueillis.
Si l’Europe ne fait donc plus rêver les Français, qu’en est-il du monde alors ?
Disons que la conjoncture globale est anxiogène dans tous les registres, sur tous les tableaux.
Une Troisième Guerre mondiale ne serait-elle pas en gestation du côté de la Syrie où les armées de Bachar al-Assad (soutenu par la Russie de Poutine) s’opposent aux troupes turques d’Erdogan (soutenu par l’OTAN) dans l’indifférence générale des médias occidentaux ?
Chaque jour, des avions sont abattus et des chars détruits des deux côtés. Le jeu des alliances pourraient, comme en 1914, comme en 1939, nous précipiter dans un conflit majeur et probablement fatal à l’Humanité toute entière.
Ailleurs, en Australie, aux Pôles et en France aussi (où les arbres fruitiers sont en fleurs depuis janvier), les signes d’un réchauffement qui pourrait devenir cataclysmique se multiplient. Bien que j’estime que les cycles solaires ont plus d’influence sur les évolutions climatiques que les facteurs anthropiques, j’admets sans réserve que les épisodes extrêmes paraissent plus nombreux donc plus préoccupants. Et si les activités humaines s’avèrent la première cause du réchauffement, les choses n’iront pas en s’arrangeant quand nous serons 9, 10 ou 12 milliards sur Terre (contre 1,5 milliard en 1900) à vivre sur le mode de vie des super-prédateurs états-uniens.
Où que l’on regarde, il est difficile d’entrevoir une lueur d’espoir.
Ce constat m’est d’autant plus pénible à tirer que je suis d’un naturel optimiste, prêt à m’enthousiasmer à la première occasion et pour un rien, ce qui m’a joué plus d’un mauvais tour dans la vie.
Je dois vous avouer que j’ai perçu dans l’incendie de Notre Dame (toujours pas élucidé) un bien sombre présage. Pourtant, je ne suis pas superstitieux (et pas croyant). Au contraire, de formation scientifique, très cartésien. Trop, on me l’a souvent reproché.
Là, j’ai le sentiment que notre arrogance va être sévèrement douchée. Nous allons subir un sérieux recadrage, un providentiel (?) retour au réel… pour tous ceux qui s’en sont éloignés au point d’être déconnectés de la vraie vie.
Nous cherchons à modeler le monde du haut de nos prétentions et de notre déraison. Mais ce monde ne nous a pas attendu pour exister de lui-même par lui-même, pour se construire et s’élaborer depuis des milliards d’années.
Nous ne sommes qu’une fraction de seconde à l’échelle du temps. Nous ne comptons pas !
Et risquons fort de ne plus compter…
YB
- 25/04/2020 11:52 - Coronavirus : Après la sidération, la débâcle !
- 13/04/2020 19:40 - On n’oubliera pas ! Nous n’oublierons jamais !
- 01/04/2020 21:59 - Covid-19 : Cinq questions qui fâchent
- 21/03/2020 13:11 - Jérôme Salomon : Menteur, Complice du Crime sanitaire qui s'annonce !
- 17/03/2020 23:07 - Où sont les masques ? Où sont les tests ?
- 24/02/2020 16:18 - Le Medef découvre le souverainisme. Bientôt le patriotisme économique ?
- 14/02/2020 12:09 - Je suis un vieux con Réac décomplexé !
- 06/02/2020 20:56 - Précaires et Chômeurs dans le viseur de Macron et ses sbires
- 15/01/2020 12:07 - Juan Branco atomise l’hyperclasse polytechnicienne
- 05/01/2020 09:44 - La France sous le soleil de Satan