Au début de la crise sanitaire liée à la Covid-19, les opérateurs de jeux en ligne ont été durement touchés, tout comme le secteur du divertissement et du spectacle. Les chiffres d’affaires n’étaient plus au beau fixe avec une baisse soudaine de près de 90%, comme a pu le signaler en son temps l’Arjel (Association française des jeux en ligne). Les annulations des matchs sur le terrain qui pleuvaient les unes après les autres ont indéniablement mis à mal les paris sportifs, forçant l’ensemble de la profession à trouver une parade pour ne pas mettre la clef sous la porte. C’était sans compter la flamme qui s’est rapidement ravivée chez les joueurs pour les jeux en ligne, permettant aux casinos et aux loteries du net de sauver la mise, et de garder une activité prospère.
Jeux en ligne: 22% d’augmentation du CA pour le 1er trimestre 2020
Pendant le confinement, ne pouvant plus se rendre aisément dans les points de vente, les casinos terrestres, ni sur les terrains de sport, les joueurs, habitués et nouveaux arrivants sur le marché du jeu, disposant davantage de temps libre, se sont tournés vers les sites de jeux en ligne pour continuer à s’adonner sans limite à leur passion. C’est ainsi que le poker, les machines à sous et les loteries en ligne ont fait le plein de clients comme jamais. Rien que pour le poker, l’Arjel (Autorité de régulation des jeux en ligne) a compté plus de 500.000 comptes de joueurs actifs en plus, et un bond de 180% de l’activité en ligne pour les deux dernières semaines de mars, portant à 98 millions son chiffre d’affaires. L’Autorité constate aussi qu’à la mi-avril, les dépenses des joueurs avaient triplé jusqu’à atteindre 15 millions d’euros. En tout, c’est 435 millions d’euros qui ont pu être engrangés par les opérateurs de jeux en ligne, dont 23% générés uniquement par le poker, malgré les aléas de la crise.
Dans les points de vente, une chute de 50% pour les jeux de loterie
Bien que l’EuroMillions et la FDJ aient pu voir augmenter leurs fervents adeptes en ligne, et compenser ainsi le manque à gagner, les loteries dans les points de vente traditionnels accusent encore le coup: il s’agit de 55 millions de chiffre d’affaires en moins pour la FDJ durant le confinement, même si elle avoue que les jeux de grattage reviennent en force pour renflouer les caisses. Par rapport à la diminution inéluctable des paris sportifs sur le terrain, la FDJ prévoit même une baisse de 120 millions d’euros de CA. En revanche, des gagnants il y en a eu, et certains ont même dû patienter jusqu'à la fin du confinement pour encaisser leurs gains - comme ce gagnant du jackpot Euromillions qui attendra 50 jours pour encaisser ses 17 millions d'euros.
Pas de licenciements en vue dans le secteur du jeu?
Tandis que les casinos terrestres américains ont dû mettre au chômage technique, comme le casino MGM resorts, l’un des plus gros opérateurs de Las Vegas, les casinos français se sont retrouvés aussi sur la sellette ayant dû fermer jusqu’au 2 juin. Au Nevada, les familles tirent leur ressource du secteur de l’hôtellerie et des casinos, l’un travaillant à l’hôtel pendant que l’autre officie parmi les machines à sous, et avec 63.000 employés sur le banc de touche: cela a mis de nombreux couples sur le carreau, d’autant qu’au 31 août, il a encore été question d’en licencier 18.000 parmi eux. En France, on voit émerger aussi des plans de licenciement, comme pour la partie studio de l’agence Nolaroads, appartenant au groupe Lucien Barrière, premier groupe de Casinos de France, mais aussi présent dans l’e-sport et le gaming.
Les jeux de hasard et les loteries en ligne: un secteur d’avenir
Les études des Observatoires du jeu (ODJ) montrent que les joueurs sont de plus en plus attirés par les jeux en ligne qui offrent plus de frissons et d’adrénaline notamment aux jeunes générations. Pour l’ODJ, un joueur sur 10 âgé de 18 à 24 ans est à risque «modéré» voire «excessif». C’est un secteur qui séduit énormément parce qu’il a dû rivaliser d’ingéniosité pour convaincre des publics hétéroclites qui n’étaient pas réputés historiquement et injustement joueurs, comme la clientèle féminine qui compose 35% des joueurs. Les éditeurs de jeu ont mis le paquet au niveau nouvelles technologies de pointe comme la technologie H5 et grâce aux performances toujours plus grandes de l’iGaming, rendant les graphismes plus réalistes et les ambiances plus sensationnelles. Et le côté addictif est nettement plus marqué, ce qui a un impact sérieux sur le chiffre d’affaires. Durant le confinement, cette masse de joueurs a explosé, et seuls 51% des joueurs de casinos se disent prêts à regagner les casinos terrestres tandis que 93% affirment vouloir continuer à fréquenter leur plateforme de jeu préférée: de quoi peser lourdement dans la balance.
Ma grande entreprise ne connaît pas la crise
Entre les différents secteurs du jeu, la concurrence est rude. L’Arjel veille à ce que les lois du marché soient respectées. Les opérateurs de jeux et de loteries en ligne ont dû trouver des stratégies pour fidéliser leurs joueurs en mettant en avant la convivialité des modes multi-joueurs, la profusion de bonus et d’abonnements, des statuts VIP, mais aussi en donnant des assurances et des garanties sur la sécurité, la prise en charge des addictions, et les recours possibles en cas de litiges. En somme, un joueur en ligne ne risque pas de contracter un virus, et le numérique tire largement son épingle du jeu aussi grâce à cela.