C'était la maladie des marins, celle qui vous dézinguait un équipage au temps des bâteaux à voile. Le scorbut a disparu de la surface des mers il y a deux cents ans, quand on a compris qu'il suffisait de servir aux matelots un rasade de jus de citron bourré de vitamine C.

Mais le revoilà. En France. Sur le plancher des vaches. Chez les pauvres.
Chiffre effarant : 10% des bénéficiaires de l'aide alimentaire affichent une carence en vitamine C qui flirte avec le scorbut. Cette donnée figure dans une étude commandée par l’Institut de veille sanitaire qui n'est pas encore rendue publique. Elle a été obtenue en mesurant la quantité de vitamines contenue dans le sang d'un millier d’"abonnés" aux colis-repas. Si on extrapole ce chiffre aux 2,5 millions de pauvres qui se nourrissent grâce à l'aide alimentaire, cela donne 250.000 Français menacés par le scorbut. "On a affaire à une population dénutrie comme dans certains pays en voie de développement" reconnait une huile du ministère de la Santé.

Pour réduire la fracture dans l'assiette, il y avait bien cette idée du Programme national nutrition santé (PNNS) de chèque-repas fruits et légumes financés par une taxe sur l'agroalimentaire et la grande distribution. Mais les intéressés ont réussi à tuer dans l'œuf la proposition. Sans doute trop occupé à fabriquer son bouclier fiscal, Super Sarko n'a pas eu le temps de a remettre sur la table...

(Source : Le Canard Enchaîné)