Certes, le chômage baisse et l’emploi des cadres pète la forme en affichant des scores d’embauche en augmentation de 19% au mois de mai par rapport à la même période de l’année précédente. Côté réponses aux offres d’emploi, la moyenne tourne toujours autour de 100 candidatures pour un poste de cadre. Quand même. En fait, selon nos chasseurs de grands fauves à cols blancs, le souci viendrait de la qualité des candidats. Le poil n’est pas assez lisse, l’œil trop torve et le profil pas vraiment adéquat à ce qu’ils – ou leurs clients - recherchent.
Evidemment, les mauvais candidats existent. Ou plutôt les mauvaises candidatures. Les CV mal fichus ou mal ciblés, les lettres de motivation creuses peuvent rendre invisible le postulant le plus qualifié. Mais les mauvais recruteurs existent aussi. Droits dans leurs bottes, ils se disent que cette situation n’est due qu’aux seuls cadres qu’ils voient défiler et qui ne sont pas à la hauteur. Pas la peine de se remettre en question : le profil qu’ils ont tracé est le bon, le salaire proposé ne peut être qu’alléchant. Donc les candidats sont mauvais. Même si aucun des 100 CV ne fait l’affaire, même si l’oiseau rare ne s’est pas manifesté.
Heureusement, d’autres professionnels ont des doutes. Et se disent qu’il y a peut être un problème d’adéquation entre l’offre et la demande. Entre le fantasme d’un dirigeant à la recherche d’un collaborateur à triple compétences, parlant fluently le Mandarin, attiré par un salaire de débutant tout en étant doté du charisme d’une rock star, et la réalité des candidats qui viennent postuler. Cette réalité prend souvent la forme d’un cadre mal dans ses pompes parce qu’il veut quitter une boîte qui l’insupporte ou parce qu’il est au chômage depuis quelques mois ou parce qu’il n’est pas sorti de la bonne école. Une réalité qui, parfois, a les cheveux grisonnants, une couleur de peau qui n’est pas exactement celle dont rêve le chef d’entreprise. Alors, parfois, les recruteurs habiles parviennent à infléchir les rêves fous de leurs commanditaires. Ils les freinent, redressent un profil et dénichent un candidat qui, s’il n’est pas celui de leur rêve, convient parfaitement pour le job.
Quant aux autres, les recruteurs sans recul et sans vergogne, ils persistent. Et accusent l’Education nationale de ne pas former correctement les gens, en veulent aux autres entreprises de ne pas savoir les faire travailler. Ils en veulent à la terre entière sauf à eux-mêmes. Car ils sont bien les seuls à être parfaitement formés, avec une expérience de conquérant, un charisme tsunamique et des compétences à tomber par terre. D’ailleurs si ça continue comme ça, ils vont s’embaucher eux-mêmes.
(Source : Cadremploi)
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