Les allocations familiales, comme les autres prestations fournies par toutes branches de la Sécurité sociale (retraite en fonction des derniers salaires, maladie en fonction du salaire et du prix des soins, assurance chômage, toujours en fonction du salaire) n'ont pas vocation à être redistributives. Elles sont en réalité une forme de salaire socialisé : les employeurs cotisent à des caisses qui versent des prestations aux salariés et à leur familles.
Mais la question qui est ici posée fait l'objet d'un grand débat depuis les années 1990 entre les partisans de «l'équité» et ceux de «l'égalité».
Les premiers, au nom du pragmatisme et de la justice sociale, prônent une réforme du système : alors que les ressources budgétaires sont très maigres, arguent-ils, pourquoi ne pas les réserver à ceux qui en ont besoin ? Pourquoi distribuer des milliers d'euros chaque année à des familles qui vivent déjà dans l'aisance [NDLR Actuchomage : et qui épargnent ou spéculent avec…] ?
Une autre partie de la gauche, fidèle aux principes républicains, met en garde contre cette approche. Le risque étant selon elle de parvenir à une «société à deux vitesses» où il faudrait prouver ses faibles ressources pour avoir accès aux allocations familiales, à l'éducation gratuite, à l'assurance maladie, etc. Recevoir des allocs ou une couverture maladie deviendrait alors le signe distinctif des «miséreux» [NDLR Actuchomage : ç'est déjà le cas !]. L'ensemble du système social, fondé sur l'égalité républicaine, risquerait alors de s'effilocher, selon les partisans de «l'égalité» qui jugent que l'Etat-providence doit être au service de tous, de façon égalitaire. C'est au niveau de son financement qu'il faut assurer la solidarité et la donc redistribution : plus d'impôts pour les riches, moins pour les pauvres.
Par ailleurs, dans une optique «nataliste», les allocations familiales n'ont pas pour fonction première de redistribuer des ressources. Elles ont avant tout pour but de promouvoir la famille afin d'assurer le renouvellement de la population (et, incidemment, la retraite des actifs). Elles ont vocation à compenser un tant soit peu la perte de revenu occasionnée (qui est d'autant plus élevée qu'on gagne bien sa vie : en général, on nourrit et habille ses gosses comme soi-même, et on les emmène quand on part en vacances…). Le but recherché par la société n'est pas d'inciter à la natalité uniquement chez les plus pauvres (même si cela n'est jamais formulé aussi brutalement). Un pays, Singapour, a poussé ce raisonnement jusqu'à des formes d'eugénisme assez scandaleuses : les aides à la natalité sont réservés aux plus aisés, et les aides à la stérilisation aux plus pauvres...
(Source : Eco89)
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