Le Centre d'études de l'emploi publie une étude sur l'évaluation des chômeurs selon leur risque de chômage longue durée, qui ne serait pas "sans risque ni sans limite". Partant du principe que les chômeurs n'ont pas tous les mêmes besoins, les Assedic ont, depuis décembre 2006, généralisé un système qui permet de classer les chômeurs selon une multitude de caractéristiques (16 au total). Inspiré de l'étranger, ce système à pour objectif d'améliorer leur prise en charge, notamment par l'ANPE, et de mieux utiliser l'argent public.
Sexe, nationalité, métier recherché… Ainsi, l'âge, le sexe, le statut matrimonial, la nationalité, le métier recherché, etc, sont autant de critères intégrés dans l'ordinateur des Assedic.
In fine, après avoir recoupé ces informations, cela permet d'indiquer à l'ANPE le degré de risque que le chômeur a de rester longtemps sans emploi. Ce dernier peut donc être classé dans 3 catégories : les chômeurs à risque "faible" (ils sont en moyenne 15%), ceux à risque "modéré" (68%) et enfin ceux à risque "élevé" (17%). Les demandeurs d'emploi présentant un risque important de chômage longue durée peuvent bénéficier des services d'un opérateur privé au lieu de l'ANPE.
Erreurs d'orientation. Toutefois, l'étude du CEE révèle que ce la mise en œuvre de ce "profilage statistique" présente "certains inconvénients". L'auteur, Nathalie Georges, fait remarquer que la possibilité de retrouver du travail "dépend aussi des critères de sélection des employeurs, qui ne sont que partiellement pris en compte dans la modélisation". En outre, explique-t-elle, "le calcul du risque de chômage de longue durée est par essence faillible et les erreurs d'orientations constatées peuvent être dommageables". Si près de 75% des personnes ayant un faible risque de chômage longue durée sortent effectivement du chômage au cours des 6 premiers mois, il en reste un quart pour qui "le profilage statistique est loin d'avoir prouvé son efficacité", affirme-t-elle.
"Le risque, selon elle, est de privilégier la sortie rapide du chômage au détriment de la qualité de l'emploi retrouvé" et "la question se pose de l'information des chômeurs, qui ne sont pas systématiquement mis au courant des critères sur lesquels ils sont jugés". Par conséquent, elle considère qu'il faut "concilier statistique et expertise humaine".
Remis en question dans d'autres pays. Nathalie Georges s'était par ailleurs illustrée, en février dernier, en cosignant une étude commandée par l'ANPE dans laquelle elle expliquait qu'après un temps d'engouement, plusieurs pays européens avaient remis en question l'utilité du "profilage statistique" pratiqué depuis 1993 aux Etats-Unis. La Grande-Bretagne l'avait testé en 1994, mais rapidement rejeté car inadapté à un marché du travail marqué par une rotation très forte. Idem aux Pays-Bas où le "Kansmeter" ("mesureur de chance"), conçu en 1999, a été entièrement revu et corrigé en 2004 pour se transformer en outil d'aide à la décision. Le Danemark, enfin, avait également perfectionné son système de "Job barometer", introduit en 2004 mais rapidement abandonné.
(Source : Challenges)
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