Selon les derniers chiffres de la DARES, l'emploi intérimaire a progressé de 5,6% au deuxième trimestre 2006 par rapport au trimestre précédent soit "la plus forte hausse depuis six ans" et de 8,6% sur un an avec "un rebond dans tous les secteurs".

Près de 637.500 salariés étaient employés en tant qu'intérimaires à la fin du deuxième trimestre, soit 34.100 de plus qu'au trimestre précédent et 50.300 de plus qu'au deuxième trimestre 2005. Le nombre de contrats d'intérim conclus au cours du deuxième trimestre a augmenté de 180.100 (+ 4,6%). Les missions ont duré "près de deux semaines en moyenne" (quel progrès !), tous secteurs confondus.

Une progression inquiétante

Prise pour argent comptant en faisant abstraction de la précarité, l'évolution de l'intérim est toujours, hélas, considérée comme un "indicateur précurseur" de l'évolution de l'emploi salarié : + 0,9% au deuxième trimestre sur un an, c'est pourtant peu, et cette hausse de l'emploi intérimaire confirmerait la tendance optimiste "à la reprise"... Ainsi le ministère du Travail se veut rassurant en continuant d'évaluer l'emploi sous sa forme quantitative et non qualitative, ce qui altère considérablement la fiabilité de ces "indications".
Car enchaîner les missions ne signifie aucunement AVOIR UN EMPLOI et si le travail temporaire, de plus en plus subi, permet de mettre un pied dans les entreprises, il offre de moins en moins la possibilité de décrocher un CDI ou même un CDD. Sa "bonne santé" exprimée par des chiffres flatteurs est surtout révélatrice de la dangereuse généralisation du sous-emploi de masse, avec son cortège de travailleurs pauvres et d'insécurité sociale. Et n'oublions pas que ce sont des milliers d'intérimaires qu'on va remercier en premier lors des réductions d'effectifs qui se profilent à l'horizon, elles aussi en constante progression.