La banderole «Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Ch’tis !» qui, samedi soir, a outragé la population du Nord-Pas-de-Calais, prend l'ampleur d’un scandale national. Or, depuis deux jours, personne ne semble scandalisé par l'outrage fait aux millions de chômeurs, désormais relégués au rang de déviants sexuels, de criminels violeurs d’enfants et de tarés congénitaux.
Depuis plusieurs mois, nous dénonçons le discours de certains visant à stigmatiser les privés d'emploi qui seraient, à les croire, des «profiteurs», des «fraudeurs» et, plus globalement, des fainéants «responsables» de leur situation. Aujourd'hui, ce qui est nouveau c'est que le mot «chômeur» est devenu une insulte, au même titre que «pédophile» ou «consanguin», sans que cela ne choque personne... Dans tout le battage médiatique qui a suivi l'affaire PSG/RCL, il ne s’est pas trouvé un politique ou un journaliste pour dénoncer cet odieux amalgame. Guy Delcourt, le député-maire socialiste de Lens qui a porté plainte, a même très maladroitement argumenté : «Nous traiter de chômeurs consanguins… de pédophiles… je suis humilié», entérinant ainsi la connotation injurieuse du mot «chômeur», d'emblée assimilé aux deux autres termes.
Nous attribuons ce détestable et coupable revirement sémantique aux déclarations de certains hommes politiques. Ainsi Jean Auclair, député UMP de la Creuse, déclarait à l’Assemblée nationale le 2 février 2005 : «Mais ils ne veulent pas travailler, les chômeurs. Etre payés à ne rien faire, c’est cela qui les intéresse !» Sur ses pas, le 6 septembre 2007 à Colmar, Nicolas Sarkozy annonçait la mise en œuvre d’un «gigantesque plan contre la fraude au chômage», laissant entendre que les demandeurs d'emploi sont massivement des truands. Une chasse et un dénigrement savamment orchestrés entre les deux tours de la présidentielle par certains supporters du futur chef de l'Etat, dont Charles Villeneuve qui, dans "Le droit de savoir" diffusé le 1er mai sur TF1, dénonçait les «faux chômeurs», ou la très respectable Simone Veil qui s'est fendue d'un violent réquisitoire anti-RMIstes au grand Sarko-Show du 29 avril 2007 à Bercy.
La majorité au pouvoir a tout fait pour susciter et entretenir la haine du chômeur et du pauvre jusque dans l'isoloir. Depuis l’élection présidentielle, elle a décomplexé beaucoup de monde, y compris dans les tribunes des supporters du PSG.
Représentante de milliers de chômeurs, adhérents d'APNÉE ou membres utilisateurs d'Actuchomage, notre association dénonce le scandaleux amalgame que sous-tend cette banderole scélérate et, plus encore peut-être, l'indifférence générale qu’il suscite. Nous constatons qu'une nouvelle étape a été franchie dans le regard et la considération de la société française pour SES VICTIMES ÉCONOMIQUES, désignées comme responsables de leur situation et, aujourd’hui, criminalisées et injuriées comme si de rien n'était.
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