Quand ce cauchemar va-t-il enfin cesser ?
Une fois n’est pas coutume, Emmanuel Macron a fait preuve de lucidité et d’un certain courage.
Le 24 octobre 2024, lors de la Conférence de soutien au Liban, il a prononcé ces mots : «On parle beaucoup ces derniers jours de guerre de civilisation, de civilisation qu’il faut défendre. Je ne suis pas sûr qu’on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie».
La dénonciation des ignominies commises par Israël et son gouvernement d’extrême extrême droite est cinglante. Sans appel.
Nombreux sont les juifs français à n'avoir guère goûté la charge d'Emmanuel Macron, tant Meyer Habib, Gérard Darmon, Enrico Macias, Gilles-William Goldnadel, Anne Sinclair, Yaël Braun-Pivet, Sarah Saldmann témoignent depuis plus d’un an de leur soutien «INCONDITIONNEL» à la sauvagerie qui s’abat sur les civils de Gaza et, aujourd’hui, au Sud Liban.
Oui, la présidente de l’Assemblée nationale de la patrie des Droits de l’Homme soutient sans réserve, sans condition, sans discussion, l’offensive israélienne sur Gaza. Tel est le sens exact de l’adjectif «inconditionnel».
Dans le ghetto gazaoui, les morts se comptent pourtant par dizaines de milliers et la puissance destructrice des bombes larguées sur les Palestiniens surpasse les explosions nucléaires de Nagasaki et Hiroshima, et les bombardements de Berlin, Nuremberg ou Dresde en Allemagne pendant la Seconde guerre mondiale.
Quelques voix plus modérées se sont néanmoins fait entendre dans le déferlement de dithyrambes revanchardes dont on nous accable depuis plus d’un an.
Bernard Kouchner s’est interrogé en octobre 2024, au micro de Radio J : «Comment faire pour ne pas être antisémite quand on voit les dégâts de l'armée israélienne ? Contemplez Gaza, c'est quand même un champ de meurtres, de désastres. C'est l'éclatement des familles». Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères, la «guerre» menée par Israël est «disproportionnée».
Malheureusement, Kouchner ne s’est pas contenté de ce constat lucide. Il a sorti les griffes en fin d’interview pour nous administrer un méchant coup de patte injustifié : «La France a toujours été antisémite. C'est un mal très profond. C’est la science des imbéciles l’antisémitisme».
Il convient ici de contrer sa diatribe culpabilisatrice. Si l’antisémitisme est une «science», ce n’est assurément pas une science appliquée en France qui accorde aux membres de la communauté juive nombre de postes prestigieux à hautes responsabilités nationales et internationales : Présidence du Conseil constitutionnel, Présidence de l’Assemblée, Secrétariat général de l’Élysée, Présidence de la Cour des comptes, Présidence de l’Institut du monde arabe, Présidence de l’Unesco, Première ministre, nombreux ministres et secrétaires d’état dont fut Bernard Kouchner.
Ce «mal très profond» ne s’exprime pas plus dans multitude d’autres secteurs d’activité. Dans la presse, à la télévision, au cinéma, dans la communication, chez les éditorialistes de tous bords, dans la santé…
Prenons pour exemple l’épidémie Covid-19. Outre une ministre (qui renonça à ses fonctions pour candidater à la Mairie de Paris), les victimes de cette «science des imbéciles» occupaient les postes de Directeur général de la Santé, de Directeur général de l’AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris), de Président du Conseil d’Orientation de la stratégie vaccinale… Et ils furent plus nombreux encore à s’exprimer dans les médias en qualité de «médecins de plateau» et d’experts.
Ce seul rappel permet d’affirmer haut et fort que la France n’est absolument pas antisémite. Au contraire même comme nous pouvons le mesurer en cette période douloureuse.
La France est malheureusement un soutien INCONDITIONNEL à Israël en dépit des crimes et massacres commis depuis plus d’un an. Et nous nous abstiendrons d’évoquer ici les drames qui ensanglantent le Proche-Orient depuis 1948 et bien avant.
Charles de Gaulle ne s’y était pas trompé. À ce stade, nous devons évoquer sa conférence de presse historique, tenue le 27 novembre 1967, alors qu'il était Président de la République française.
Les mots prononcés il y a plus de 50 ans trouvent une résonance spectaculaire en cette période. Appréciez la verve du Général, la fluidité de ses réponses dans cette langue française admirable de précision et d’élégance ? Écoutons-le…
Quelques extraits.
Charles de Gaulle : «L’établissement entre les deux guerres mondiales d’un foyer sioniste en Palestine, et puis après la Seconde Guerre mondiale l’établissement de l’État d’Israël, soulevaient à l’époque un certain nombre d’appréhensions. On pouvait se demander en effet, et on se demandait même chez beaucoup de juifs, si l’implantation de cette communauté sur des terres acquises dans des conditions plus ou moins justifiables, et au milieu des peuples arabes qui lui sont foncièrement hostiles, n’allait pas entraîner d’incessants, d’interminables frictions et conflits. Et certains même redoutaient que les juifs, jusqu’alors dispersés mais qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tous temps, c’est-à-dire un peuple d’élites, sûr de lui-même et dominateur, n’en viennent une fois qu’ils seraient rassemblés dans le site de son ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf siècles : “l’an prochain à Jérusalem”. […]
Beaucoup de pays dont la France voyaient avec satisfaction l’établissement de leur état sur le territoire que lui avaient reconnu les puissances, tout en désirant qu’il parvienne en usant d’un peu de modestie à trouver avec ses voisins un modus vivendi pacifique. Il faut dire que ces données psychologiques avaient quelque peu changé depuis 1956.
À la faveur de l’expédition franco-britannique de Suez, on avait vu apparaître en effet un État d’Israël guerrier et résolu à s’agrandir. Et ensuite, l’action qu’il menait pour doubler sa population, par l’immigration de nouveaux éléments, donnait à penser que le territoire qu’il avait acquis ne lui suffirait pas longtemps, et qu’il serait porté pour l’agrandir à utiliser toute occasion qui se présenterait. C’est pourquoi d’ailleurs la Cinquième République s’était dégagée vis-à-vis d’Israël des liens spéciaux et très étroits que le régime précédent avait noué avec cet état. Et la Cinquième République s’était appliquée à favoriser la détente dans le Moyen-Orient. […]
Bien entendu nous ne laissions pas ignorer aux Arabes que pour nous l’État d’Israël était un fait accompli et que nous n’admettrions pas qu’il soit détruit. De sorte que tout compris, on pourrait imaginer qu’un jour viendrait où notre pays pourrait aider directement à ce qu’une paix réelle fut conclue et garantie au Moyen-Orient pourvu qu’aucun drame nouveau ne vint à le déchirer. Hélas le drame est venu. […]
Fin de citations.
Si pareil discours était tenu aujourd’hui, son orateur serait accusé d’antisémitisme tant toute critique de la politique israélienne y est assimilée.
Mais le Général de Gaulle ne fait pas que dénoncer «les conditions plus ou moins justifiables de la colonisation des terres palestiniennes», «cette volonté de saisir toute occasion qui se présenterait pour agrandir le territoire israélien», «le sort scandaleux des réfugiés en Jordanie», «cette occupation qui ne peut aller sans oppression, sans répressions et expulsions», «cette résistance qu’à son tour Israël qualifie de terrorisme». De Gaulle réaffirme aussi les positions extrêmement fermes de la France, quand il rappelle que la Cinquième République «s’est dégagée vis-à-vis d’Israël des liens spéciaux et très étroits que le régime précédent avait noué avec cet état», qu’elle a refusé de «donner son aval à l’occupation d’un quartier de Jérusalem dont Israël s’était emparé», «à maintenir l’ambassade de France à Tel-Aviv», «à exiger l’évacuation des territoires qui ont été pris par la force» et, crime de lèse-majesté, «à tenter d’imposer un statut international pour Jérusalem».
Même si le Général de Gaulle y met les formes, il s’agit-là d’une véritable déclaration de guerre aux sionistes les plus résolus. Que certains qualifieraient à présent de propos antisémites, donc condamnables pénalement.
Il est loin le temps où la France, par la voix de Charles de Gaulle, fixait les conditions d’un apaisement des tensions entre Israéliens et Palestiniens.
Quoi qu’en dise Bernard Kouchner, la France ne peut pas être accusée d’antisémitisme, même si des Français, peu nombreux, le sont.
Notre pays s’est rangé derrière Israël en accordant, comme l’a exprimé Yaël Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée nationale, un «soutien inconditionnel» qui ne s’est pas démenti depuis octobre 2023. De fait, la France se rend complice des atrocités que les médias mainstream se gardent bien de montrer aux téléspectatrices et téléspectateurs. Mais celles et ceux qui ont la «curiosité» de les regarder sur les réseaux conviendront que nous assistons en direct à un crime contre l’Humanité abominable, insoutenable, le premier à être entièrement filmé donc documenté au quotidien, heure par heure, dans une indifférence quasi générale (en France).
Pire que tout, ces massacres sont justifiés et encouragés par quantité de personnalités de confession juive qui semblent ainsi se revendiquer plus israéliennes que françaises, bien qu'elles résident et travaillent en France.
L’interrogation de Bernard Kouchner prend alors tout son sens : «Comment faire pour ne pas être antisémite quand on voit les dégâts de l'armée israélienne ?».
Et par extrapolation : Comment faire pour ne pas être antisémite quand on entend les discours haineux, les appels à la vengeance et à l’extermination, lancés par certains de nos compatriotes de confession juive, coupables d’apologie de crimes de guerre et de crimes contre l’Humanité ?
On ne pourra pas dire que nous ne savions pas.
Arrêtons le massacre !
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