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Accueil Mobilisations, luttes et solidarités Ryanair quitte la France ? Bon vent !

Ryanair quitte la France ? Bon vent !

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Comme si ça ne suffisait pas, il faut désormais subir les diktats de patrons voyous, des effrontés sans foi ni loi (sinon celle du profit) qui cassent tout sur leur passage, à commencer par l’environnement et le code du travail, avec lequel ils se torchent tous les matins et font du feu tous les soirs.

Son PDG Michael O’Leary (puisqu’il faut l’appeler par son nom) faisait aux salariés la guerre. Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient atteints. Ce type applique sans aucune pudeur tous les ficelles de l’ultralibéralisme décomplexé.

Si vous ne connaissez pas l’histoire, je résume : Ryanair va fermer sa base de Marseille parce que Monsieur O’Leary ne supporte pas que la France lui refuse d’employer des salariés français, travaillant en France, sous le droit du travail… irlandais ! Et ce alors même qu’une directive européenne lui en donne le droit. Comme quoi on a bien fait de le rejeter, ce traité pourri.

Cette saloperie est un peu analogue à la “directive Bolkestein” : tu emploies un plombier polonais en France et tu le paies comme un Polonais, avec les cotisations sociales polonaises et le droit du travail polonais. C’est déjà largement ce qui se passe dans le transport routier, par exemple. Bien sûr, tu coules le marché du travail français, mais si tu te places du côté patronal, c’est une très bonne chose : ça augmente la compétitivité et ça calme les ardeurs revendicatives des locaux qui se laissent exploiter plus facilement, trop contents de ne pas avoir affaire à Paul Lampois.

Avec la “directive Ryanair”, c’est encore pire : on peut très bien imaginer qu’un français puisse monter une société bidon en Roumanie (qui est dans l'UE depuis 2007 et sera bientôt dans l’espace Schengen) et emploie en France des Français payés au Smic roumain, qui toucheront - hypothétiquement - une retraite roumaine... Pourquoi se gêner ? A l’heure où on fait mine de pourfendre les “paradis fiscaux” (qui se portent en fait mieux que jamais), on promeut au contraire les paradis sociaux, qui sont en fait encore plus dangereux.

Pourtant, dans mon entourage, Ryanair, c’est une société miraculeuse ! Ils font des vols à 1 euro, tu te rends compte ! J’ai même connu un collègue qui s’était abonné aux promos de Ryanair et qui prenait tout le temps l’avion, pour aller… là où la promo Ryanair l’amenait. De la connerie à l’état pur !

Le vol à 1 euro, c’est comme l’iPhone à 1 euro : de la propagande, de la décérébration insidieuse, une manière très dangereuse de masquer la vraie valeur, ou plutôt le vrai coût des choses. Le coût social, le coût environnemental, le coût de la pub. Le vol à 1 euro, c’est la banalisation de l’avion et du tourisme à la con. Il y avait déjà les charters de blaireaux vers le tourisme frelaté de Tunisie ou des Canaries; il y a désormais : “Qu’est-ce qu’on fait, ce week-end ? On va à la foire de Metz ou à Oslo ?”

L’avion est une horreur environnementale, heureusement condamnée à moyen terme. Mais Ryanair pousse à l’emprunter comme on change de chemise, déresponsabilisant totalement le voyageur.

Comment peut-on être assez con pour ne pas se poser la question de ce qui se cache derrière un vol à 1 euro ? Évidemment, il ne s’agit que de quelques places “soumises à conditions”, pour attraper le couillon ou remplir un avion vide tout en se bâtissant une image de “casseur de prix”.

Ryanair, c’est le McDo de l’avion. Désastre environnemental, désastre social. Des hôtesses transformées en “équipiers polyvalents” qui doivent, comme les autres hôtesses, se faire insulter ou draguer par de gros beaufs de passagers mais aussi faire le ménage, tout en étant payées considérablement moins que leurs collègues des compagnies “normales”. En plus, il les fait poser pour un calendrier en attendant mieux, puisqu’il a promis qu’”en classe affaires sur Ryanair, tout sera gratuit, y compris les pipes”.

Même chose pour les pilotes, qui ne sont que des exécutants interchangeables. C’est d’ailleurs ce que Naomi Klein appelle des “Mc Jobs”. Ce que font toutes les multinationales à la mode. Dévaloriser le boulot, faire sauter toutes les entraves à la création de richesse pour les actionnaires, fût-ce au prix de l’esclavage des salariés.

Évidemment, le prix du vol ne comprend aucun service : il faut payer pour ses bagages, pour les journaux, la bouffe... Ryanair utilise des aéroports improbables (“Paris-Beauvais” ou “Venise Trévise”…). Bon, ça encore, on pourrait comprendre. Même si, quand O’Leary lance l’idée de faire payer les toilettes, on se pose des questions...

Savez-vous que chez Ryanair, les salariés n’ont même pas droit de recharger le téléphone portable au boulot ? Que les hôtesses de l’air françaises prennent l’avion pour Dublin histoire de pointer en Irlande avant de commencer leur service ?

Plus grave : un avion qui doit effectuer un vol d’un aéroport A à un aéroport B sait qu’il va consommer tant de tonnes de carburant. Et doit prendre une marge de sécurité, au cas où il devrait se dérouter ou faire des ronds en l’air en attendant son tour d’atterrir. Seulement voilà, Monsieur O’Leary, il sait compter ! Plus on met de kérosène dans le réservoir, plus le zinc est lourd et plus il consomme ! Les avions de Ryanair embarquent donc avec un peu moins de carburant que les autres. On en reparlera au premier crash.

Dernière trouvaille en date : un projet de suppression du copilote ! À quand le passager qui pilote lui-même ?

Bien évidemment, ces rognures de bouts de chandelles n’expliquent pas tout : Ryanair, c’est aussi et surtout le racket des collectivités locales, des hôteliers, des loueurs de bagnole… Le billet est sponsorisé, et notamment par l’argent public. Des dirigeants régionaux se prosternent pour accueillir Ryanair ou ses concurrents. Un peu de la même manière que Longuet se prosternait pour accueillir Daewoo (qui est d’ailleurs parti en Irlande après avoir consommé les subventions lorraines et liquidé ses usines).

O’Leary est un philosophe, qui laisse entrapercevoir l’immense étendue de sa pensée dans des interviews :

“Des billets d’avion gratuits. D’ici une dizaine d’années, les compagnies aériennes paieront les voyageurs pour qu’ils aillent se balader en Europe. L’industrie de l’aérien, c’est Tesco, c’est Ikea, c’est une chaîne de télé que les spectateurs regardent gratuitement et où les annonceurs paient pour les atteindre; c’est Internet quand les sites web gagnent de l’argent en mettant des liens qui génèrent du trafic sur d’autres sites…”

“Le problème du business aérien, c’est qu’il est dirigé par des andouilles naïves qui en fait ne veulent pas affronter les écolos et les traiter comme les branleurs qu’ils sont.”

“On veut faire chier les casse-couilles partout où on peut. La meilleure chose qu’on puisse faire avec les écolos, c’est de les descendre. Ces têtes de nœud veulent réserver les voyages aux riches. Ce sont des Luddites qui nous ramènent au XVIIIe siècle.”

“On a besoin d’une récession. On a eu 10 ans de croissance. Une récession nous débarrassera des compagnies pourries et déficitaires, et on pourra ainsi acheter des avions moins chers.”

“Niquez les agents de voyage ! Sortez ces enculés et tirez-leur dessus ! Qu’est-ce qu’ils ont fait pour les passagers pendant toutes ces années ?”

“Je suis en train de ramener l’approche de Ryanair à ça : tout sous-traiter.”

“Weber (le PDG de Lufthansa) dit que les Allemands n’aiment pas le low-cost. Mais putain, qu’est-ce qu’il en sait ? Il ne leur en a jamais proposé ! Les Allemands ramperont les couilles à l’air sur du verre cassé pour en avoir.”

Voilà. Et c’est ce gugusse qui boude et fait du “chantage à l’emploi” quand un État proteste et se dresse contre ses méthodes de mafieux russe. Il sait d’ailleurs très bien qu’il trouvera un autre pigeon prosterné pour l’accueillir. Mais il faut passer outre et ne pas transiger : on ne discute pas avec un terroriste.

Ah, dernier “détail” : la fortune du sieur O’Leary est estimée à plus de 700 millions d’euros. Cela éclaire tout le reste...

Alors pour employer les mots qu’il comprend, il faut lui crier : “Fuck off and go home, you bastard !” Casse-toi, pauv’ con ! La France s’honorera de se passer de crapules de ton espèce.

(Source : Le blog de SuperNo)

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Mis à jour ( Mardi, 30 Novembre 2010 10:48 )  

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