Une procédure sensible doit être déposée mardi 17 janvier au matin sur le bureau du procureur de la République de Nanterre, Philippe Courroye.
«Face aux violences policières contre un rassemblement pacifique, face aux intimidations et aux menaces, nous avons choisi de riposter sur le plan juridique», expliquent plusieurs des Indignés, rencontrés lundi 16 janvier avec leur défenseur. Pour Me Ayela, «ce rassemblement était tout à fait légal et on ne pouvait pas le disperser, encore moins en recourant à la violence».
La plainte rédigée par l’avocat (bénévole) des Indignés, que Mediapart a consultée, recense minutieusement les coups donnés sans raison par les forces de l’ordre, cela en contradiction avec le Code pénal, le code de déontologie policière, et les arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme.
Certains plaignants ont reçu des coups de matraque, d’autres se sont fait marcher dessus, d’autres ont subi des étouffements. Leur nourriture a été piétinée. Les cartons et les tentes arrachés et emmenés on ne sait où. Des sacs, du matériel de secours, des couvertures de survie et des sacs de couchage ont disparu.
Plusieurs refus d'enregistrer les plaintes
«Il faut changer les mentalités, la police doit respecter la loi et ne bénéficier d’aucune immunité, la tradition de violence policière doit s’arrêter», explique Me Ayela. «Il s’agit de rassemblements pacifiques qui participent au débat démocratique, et ne représentent aucune menace.»
«Avec des palettes, des tentes et de la nourriture, on serait encore à la Défense, sourit une Indignée. Au lieu de cela, les charges policières ont donné une image globale de peur et de violence à la télé.» Même le chien d’un des plaignants a reçu des coups de pied d'un policier...
Plusieurs des Indignés assurent, par ailleurs, qu’on a refusé de prendre leur plainte au commissariat de la Défense, les policiers faisant état d’instructions reçues en ce sens. Certains des plaignants se sont obstinés, et ont saisi l’Inspection générale des services (IGS).
Si le parquet décide d'enquêter sérieusement, les éléments de preuves ne devraient pas manquer : à l’appui de sa plainte, Christophe Ayela joint notamment une vidéo très explicite, tournée le 4 novembre 2011, et que l’on peut voir ici.
Née à la suite du mouvement des Indignés espagnols, et grâce à une mobilisation spontanée sur les réseaux sociaux, l’occupation pacifique du parvis de la Défense aura duré du 4 novembre au 4 décembre dernier, mais sans qu’un véritable campement citoyen ait pu s’établir, les forces de l’ordre expulsant et dispersant régulièrement les occupants. Une vingtaine d'entre eux ont même été arrêtés, placés en garde à vue et convoqués devant le procureur aux fins de rappel à la loi. Un comble, si l’on considère – comme leur avocat – qu’ils n’enfreignaient aucune loi.
Outre sa valeur emblématique, la plainte des «Indignés» peut également permettre au procureur de Nanterre, Philippe Courroye, de démontrer à quel point il veille scrupuleusement – et en toute indépendance – à ce que la loi s’applique à tous de manière égale.
(Source : Mediapart)
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