Depuis le 9 novembre, Télérama.fr propose à ses lecteurs un dossier sur le lobby pro-israélien aux USA. "Un document interdit et explosif", précise le site. Mais absolument pas complotiste. Ben voyons !
On aurait pu s’attendre à la publication d’un tel dossier de la part de complotistes revendiqués, assumés. Ben non ! Il arrive de là où on l’attendait le moins : le groupe Télérama-Le Monde.
Il nous confirme, par l’entremise du site Orient XXI dirigé par Alain Gresh et la chaîne Al-Jazira (qui a réalisé l’enquête), qu’un lobby surpuissant agit en faveur des intérêts d’Israël aux USA.
Une enquête qui ne fait qu’enfoncer le clou que d’autres avaient planté avant elle. À l'instar du documentaire réalisé par Marije Meerman sur l’influence de l’AIPAC - American Israel Public Affairs Committee - sur la politique américaine (disponible sur Youtube) ou le reportage d’Estelle Youssouffa et Christophe Obert («Un État palestinien est-il encore possible ?») diffusé sur France2 en 2011, qu'on retrouvera aussi sur Youtube.
L’affaire n’est donc pas nouvelle. Ce qui l’est, c’est sa mise en avant sur un média mainstream qui généralement crie au complot et à l’antisémitisme dès qu’un audacieux se risque à aborder ce sujet hyper sensible, pour ne pas dire tabou, celui de l'influence des lobbies juifs aux USA et ailleurs, en France par exemple, qui agissent au profit de l'état d'Israël.
Nous vous soumettons ici quelques extraits de l’article de Mathilde Blottière publié le 9 novembre 2018 sur Télérama.fr.
«Attention, matière inflammable ! Le site d’information sur le Proche-Orient et le Maghreb Orient XXI met en ligne les deux premiers épisodes d’une série documentaire en quatre volets : une enquête spectaculaire sur le lobby israélien aux États-Unis. Prévue début 2018, la diffusion de ce reportage mené par la cellule d’investigation de la chaîne qatarie Al-Jazira a été gelée par Doha qui, en plein contentieux avec ses voisins saoudiens et émiratis, n’a pas voulu s’aliéner l’administration Trump […].
Nous avons visionné “La Guerre secrète” et “Orienter les élites”, les deux épisodes visibles sur le site d’Orient XXI.
Premier constat : Il s’agit d’un travail journalistique sérieux, précis et documenté qui fait intervenir de nombreuses personnalités, politiques, universitaires, essayistes, étudiants. L’expression “lobby juif”, pour le moins tendancieuse, n’est jamais prononcée et il est expliqué à plusieurs reprises que les responsables des organisations incriminées dans le reportage ont été sollicitées, en vain, par ses auteurs. L’antisémitisme y est dénoncé sans équivoque. Nulle théorie du complot en vue, les adeptes des élucubrations antisémites type Protocoles des Sages de Sion peuvent donc s’abstenir.
Deuxième constat : Alors que l’élection de Trump, indéfectible appui de l’état hébreu, aurait dû apaiser les promoteurs de la politique israélienne aux États-Unis, l’enquête montre précisément l’inverse. Le lobby a la fièvre. Son but est clair : pérenniser à tout prix le soutien inconditionnel des États-Unis à Israël. […]
Troisième constat : Le reportage livre des preuves accablantes de l’illégalité des actions menées par les puissants groupes de pression pro-israéliens sur le sol américain. Certaines de ces révélations ont été obtenues en caméra cachée, l’enquête nous embarquant dans le sillage d’un jeune journaliste infiltré, James Anthony Kleinfeld, alias “Tony”. Au fur et à mesure que ce Britannique juif progresse dans le labyrinthe touffu des organisations américaines de soutien à Israël – du très puissant Aipac (American Israel Public Affairs Committee) au TIP (The Israel Project) en passant par l’ECI (Emergency Committee for Israel) –, il recueille des confidences de plus en plus explosives sur leurs moyens d’action, leurs cibles et leur financement. Voici les principaux enseignements des deux premiers épisodes.
• Espionnage intensif dans les universités
On le sait, le lobbying repose d’abord et avant tout sur la maîtrise et la diffusion de l’information, la collecte et l’utilisation de données. En gros, le nerf de la guerre, c’est la communication ou comment créer une sphère d’influence efficace. Mais ce que révèle le reportage va bien au-delà de cette évidence. D’abord parce qu’on peut parler ici d’ingérence d’une puissance étrangère dans les affaires intérieures des États-Unis. C’est le ministère des Affaires stratégiques israélien lui-même qui pilote l’espionnage des citoyens américains engagés dans la défense des droits des Palestiniens. […]
Le ministère des Affaires stratégiques israélien et les organisations pro-israéliennes américaines ont manifestement les moyens de leurs ambitions. L’enquête dévoile un système d’espionnage à grande échelle sur les réseaux sociaux via des logiciels de renseignement, des algorithmes personnalisés mais aussi une présence intense sur le terrain, grâce à de petits espions disséminés dans les campus et chargés de faire remonter leurs observations jusqu’à la Knesset. “Tony” rencontre d’ailleurs l’une de ces espionnes à plusieurs reprises, Julia Reifkind, alors employée à l’ambassade d’Israël aux États-Unis. […]
• Financement massif et parfois illégal de certains membres du Congrès
L’enquête passe à la vitesse supérieure avec le deuxième épisode, qui révèle comment le lobby pro-israélien, tout en faisant mine de participer à “la guerre des idées”, opte pour une technique plus coûteuse, certes, mais aussi plus sûre. La persuasion par l’argent. L’Aipac, le bras armé du lobby, a su s’assurer le soutien indéfectible du Congrès à grands coups de billets verts. “Tu peux brandir des pancartes et participer à des rassemblements sur le campus”, lance Eric Gallagher, son directeur de l’époque. “Mais le Congrès, lui, obtient 3,1 milliards de dollars par an pour se prononcer en faveur d’Israël”. Les collectes de fonds font remonter des sommes impressionnantes qui servent à acheter les législateurs, plus ou moins directement. Parfois, la corruption prend la forme de luxueux “voyages prolongés” au bord des plages israéliennes. Le plus souvent, il s’agit de gros chèques qui permettent aux candidats, en échange de leur alignement sur la position du gouvernement de “Bibi” (Benjamin Netanyahu), de leur garantir une campagne victorieuse. On sait le rôle joué par les donateurs dans le système électoral américain. Mais là où les méthodes du lobby pro-israélien deviennent franchement illégales, c’est lorsque l’argent est blanchi pour contourner les garde-fous en matière de contribution de financement. Enfin, gare aux représentants qui ne font pas allégeance, la puissance du lobby fait alors en sorte qu’ils le paient de leur siège. […]
Des révélations aussi dérangeantes et gênantes que devraient confirmer les derniers épisodes, qui seront prochainement mis en ligne par Orient XXI».
Lire tout l’article de Télérama en cliquant ici.
Si Télérama se défend d’être complotiste, il l’est assurément en insinuant avec Orient XXI et Al-Jazira que le lobby pro-israélien se livre à des manigances illégales aux USA, souvent contre les intérêts stratégiques des États-Unis. Il s’agit bien d’un complot dénoncé par une multitude de personnalités depuis des décennies, parfois juives.
L’essai «Introductions au Complotisme de A à Z» y consacre plusieurs chapitres et confirme que la France n’est pas épargnée par les manigances pro-israéliennes qui relèvent ni plus ni moins de complots contre les intérêts des pays concernés.
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Commentaires
Revenons plus en détail aux convergences observées entre lobbies pro-israéliens états-uniens et français. Tout commence par l’extrait d’un reportage diffusé en 2011 sur France 2 dans l’émission « Un Œil sur la Planète » :
M. J. Rosenberg a travaillé pour l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee - la plus puissante organisation pro Israël aux USA). Ce juif américain est aujourd’hui chercheur au Media Matters Action Network. Écoutons-le :
- « N’importe quel politicien états-unien sait que s’il appuie la politique israélienne, s’il ne la remet pas en question, il sera récompensé par de généreuses contributions que l’AIPAC ou d’autres organisations vont distribuer (d’où probablement les 29 standing ovations qui ont salué le second discours de Benyamin Netanyahu devant le Congrès en 2011, rajout de l’auteur). Mais le lobby pro-israélien ne fait rien de particulier pour influencer les politiciens grâce à l’argent. De la base au sommet, le système politique américain ne fonctionne qu’autour de l’argent. Pour la chambre des représentants, il vous faut un million de dollars. Pour la course au Sénat, il vous faut entre 25 et 50 millions de dollars ».
- Commentaire de la voix-off du reportage : « MJ Rosenberg travaille dans un centre à but non lucratif qui analyse les médias aux USA. Il observe l’autre action de l’AIPAC qui consiste à encadrer très sérieusement le discours médiatique sur le Proche-Orient. Le site internet Camera traque par exemple tout propos, tout angle éditorial anti-israélien. Le site nomme les reporters contrariants, liste les éditoriaux inopportuns et les reportages qu’il considère comme déviants ».
- M. J. Rosenberg poursuit alors : « Le lobby va compliquer considérablemen t la carrière des journalistes qui ne sont pas perçus comme pro-israéliens. Ils auront du mal à trouver un job ou à garder un poste. Quand je travaillais à l’AIPAC, il y avait des listes, des dossiers sur chaque journaliste, sur chaque reporter, sur toutes sortes de gens ».
Ce reportage diffusé sur France2 suscitera une vague d’indignation que commentera Le Point, en octobre 2011 :
« C'est une émission qui enflamme les passions. La diffusion lundi 3 octobre 2011 sur France 2 en deuxième partie de soirée du documentaire “Un État palestinien est-il encore possible?” a déchaîné une vague de réactions indignées de la part du Conseil représentatif des institutions juives de France (1) et de l'ambassade d'Israël en France. Ce document “a entraîné au sein de la communauté juive une intense émotion et une stupéfaction écœurée […] sans éviter les insinuations à la limite des théories conspirationnis tes antisémites”, s'est ému le président du Crif, Richard Prasquier, dans une lettre ouverte à Rémy Pflimlin, président de France Télévisions. De son côté, Yaron Gamburg, porte-parole de l'ambassade d'Israël à Paris, s'insurge contre un “travail de propagande et de manipulation incitant à la haine raciale”. Son ambassadeur et le président du Crif doivent rencontrer dans deux semaines le président de France Télévisions et le directeur de l'information de la chaîne, Thierry Thuillier. “La moindre excuse sonnerait comme un désaveu pour la rédaction et serait très mal vécue”, prévient à la sortie d'une assemblée générale Loïc de la Mornais, président de la Société des journalistes de France 2, qui rappelle “qu'aucune erreur n'a été relevée par le Crif dans le documentaire”. […]
Le documentaire se divise en plusieurs parties. Le sujet le plus sensible concerne le lobby pro-israélien aux États-Unis. Dans cette enquête, les journalistes Estelle Youssouffa et Christophe Obert montrent comment les organisations juives et chrétiennes conservatrices pèsent sur la politique étrangère américaine, permettant à l'état hébreu de s'affranchir de certaines résolutions onusiennes. Ancien de l'AIPAC, le plus important groupe de pression pro-israélien aux États-Unis, M. J. Rosenberg raconte comment des organisations comme Camera traquent les journalistes “déviants”. […] Des révélations saisissantes, qui n'ont pas convaincu Richard Prasquier. “On ne sait même pas pourquoi cet homme a quitté l'AIPAC et quel compte il a à régler avec eux”, argumente le président du Crif. “La moindre des choses aurait été de préciser que les lobbies existent aux États-Unis, mais aussi en France. Regardez le lobby pharmaceutique. Il ne faut pas laisser croire que le lobby pro-sioniste est en train de détourner la démocratie américaine”.
“Cette insinuation est totalement antisémite”, surenchérit Yaron Gamburg, qui dénonce une nouvelle fois une présentation “partiale et sélective”. “Il existe également aux États-Unis un lobby arabe très puissant. Le peuple américain partage avec le peuple juif beaucoup de valeurs communes, d'amitié et d'intérêts stratégiques”, ajoute le diplomate. […]
Loïc de la Mornais, président de la Société des journalistes de France 2, s'étonne pour sa part que ce soit le Crif, et non l'ambassade d'Israël, qui ait principalement réagi, alors que le sujet ne concernait que la Palestine. […]
“On a juste fait notre travail de journaliste avec sérieux”, rappelle le rédacteur en chef de l'émission. “On aurait pu réaliser un reportage beaucoup plus sévère, mais on n'a rien dit sur les incendies contre les mosquées, et la profanation de tombes chrétiennes et musulmanes par des colons extrémistes israéliens”. Un avis que partage Charles Enderlin, correspondant de France 2 à Jérusalem depuis trente ans, qui a, lui aussi, subi les foudres d'organisations pro-israéliennes lors de l'affaire Mohammed al-Durah (du nom de cet enfant palestinien tué lors d'un échange de tirs à Gaza). “On comprend la raison pour laquelle les organisations pro-israéliennes ne veulent pas qu'une chaîne publique montre cette situation scandaleuse”, explique le journaliste sur son blog. “Il ne faut rien montrer qui soit défavorable à la politique israélienne d'occupation. Cela s'appelle de la censure et c'est une atteinte intolérable au droit d'informer”. […] » Répondre | Répondre avec citation |