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Accueil La revue de presse Vladimir Poutine : Il n'y aura que deux vainqueurs. Les USA et la Russie !

Vladimir Poutine : Il n'y aura que deux vainqueurs. Les USA et la Russie !

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Interview de Vladimir Poutine par les journalistes Peter Walsh et Jim Mersheimmer.

alt[Extraits de l’interview télévisée accordée à CBSNews le 4 juin 2022].  

Peter Walsh et Jim Mersheimmer : Bonjour Monsieur le Président Poutine. Merci de nous accueillir au Kremlin… 

Vladimir Poutine : Bienvenue en Russie à vous et à tous les Occidentaux qui entretiennent des liens d’amitié avec notre pays. […]

Peter Walsh et Jim Mersheimmer : Les forces militaires russes ont violé les frontières de l’Ukraine il y a 100 jours, bafouant les règles intangibles du droit international qui garantissent aux états la souveraineté pleine et entière de leurs territoires et leur sécurité. Ce coup de force est une déclaration de guerre condamnée par la communauté internationale. Regrettez-vous votre décision ?

Vladimir Poutine : Notre opération militaire spéciale vise depuis 100 jours à rétablir les règles internationales qui reconnaissent aux peuples le droit à l’autodétermination et garantissent leur sécurité. Nos frères et sœurs du Donbass sont depuis 2014 la cible du pouvoir ukrainien qui leur refuse, par la force, le droit à l’autonomie, à l'indépendance, en trahissant ses engagements et obligations. Depuis 8 ans, l’oppresseur ukrainien lance des attaques ciblées contre les populations des républiques populaires sans que ces frappes n’émeuvent la communauté internationale. Les pertes, principalement civiles, se chiffrent par milliers. […]

L’Ukraine s’apprêtait à une action militaire de grande ampleur au Donbass. Elle s’y préparait, massait des troupes autour de Severodonetsk, Lyman, Avdiivka… Elle a érigé des fortifications, des bunkers, des tranchées, et déployé en grand nombre ses pièces d’artillerie. L’imminence de l’attaque contre les républiques populaires de Donetsk et de Louhansk justifie l’opération spéciale menée par nos forces.

Peter Walsh et Jim Mersheimmer : Pourquoi n’avez-vous pas saisi les instances internationales qui auraient entraver la surenchère militaire entre les républiques autoproclamées et le pouvoir central ukrainien  ?

Vladimir Poutine : La communauté est parfaitement instruite de la situation et des tensions depuis 2014. Huit longues années ! En vertu des accord de Minsk, la France et l’Allemagne devaient garantir la désescalade militaire et l’autonomie des populations russophones et russophiles d’Ukraine. Cette mission n’a pas été remplie. La France et l’Allemagne ont jugé que les tensions du Donbass servaient les intérêts géostratégiques de l’Occident et de son bras armé l’OTAN. Les garants du processus de paix se sont désengagés. […]

En entretenant des tensions militaires aux frontières russo-ukrainiennes, le bloc occidental et ses alliés d’Europe centrale ont voulu renforcer leurs positions. Cette poussée vers l’Est que nous, Russes, dénonçons depuis la dissolution du pacte de Varsovie en 1991, constitue une menace existentielle contre les intérêts de la Russie. […]

Peter Walsh et Jim Mersheimmer : Cette formule choc - «menace existentielle» - semble avoir été sous-évaluée par les puissances occidentales. Pouvez-vous l’expliciter ?

Vladimir Poutine : Face à cette «menace existentielle», nous ne transigerons pas. JAMAIS ! Quel qu’en soit le prix ! Nous ne pouvons tout simplement pas accepter d’être menacés par des forces hostiles déployées à quelques dizaines de kilomètres de nos frontières. «Il n’y a pas d’alternative», si je peux me permettre de paraphraser Madame Thatcher. […]

Les États-Unis ou la Grande-Bretagne accepteraient-ils que des troupes, des batteries de missiles russes et des laboratoires biologiques soient déployés à cent kilomètres de leurs frontières ? Interrogez le Président Biden et le Premier ministre Johnson sur cette question. Ces déploiements ne constitueraient-ils pas des menaces existentielles pour les États-Unis et la Grande-Bretagne. Et pour l’Allemagne, l’Italie, la France… ? […]

Peter Walsh et Jim Mersheimmer : Jusqu’à quelle extrémité la Russie peut-elle aller contre cette menace ?

Vladimir Poutine : Nos exigences sont connues et légitimes. Nous exigeons la neutralité de l’Ukraine. Le droit à l’autodétermination et à la souveraineté pleine et entière des républiques populaires du Donbass. Nous nous opposons formellement à l’intégration de l’Ukraine à l’OTAN, donc à l’encadrement de ses forces armées par des états-majors occidentaux. Nous obtiendrons l’éradication des régiments et milices ukro-nazis. Ces objectifs sont en cours. Nous n’y dérogerons pas !

Peter Walsh et Jim Mersheimmer : Jusqu’où êtes-vous prêt à vous investir ?

Vladimir Poutine : Les Occidentaux ont oublié les grandes leçons de l’Histoire. La Russie n’a jamais été aussi ardente au combat qu’acculée. Les deux plus grands stratèges militaires des XVIIIe, XIXe et XXe siècles ont payé au prix fort leur aventurisme. Napoléon Bonaparte et Adolf Hitler ont été défaits et châtiés par la Russie et l’URSS. […]

L’Occident a pris le risque insensé d’acculer la Russie par des sanctions économiques, technologiques, monétaires, financières d’une ampleur inégalée dans l’Histoire de l’Humanité. Le ministre de l’Économie français, Monsieur Le Maire, a qualifié la détermination occidentale par cette formule imprudente : «une guerre totale». Les puissances alliées de l’Ukraine ont donc déclaré la guerre économique et financière à la Russie. Par leurs livraisons d’armes, elles s’engagent dans une cobelligérance, une alliance militaire contre nous. À ce stade, nous pourrions légitimement considérer que ces puissances ont déclaré la guerre à la Russie. […]

Et si les grandes leçons de l’Histoire n’ont pas été retenues, les enseignements du présent ne le sont pas plus. La Russie ne peut être défaite car elle dispose d’atouts majeurs, complémentaires et déterminants en tous domaines : l’alimentation, les énergies fossiles, les matières premières agricoles et minières… Notre influence est déterminante sur tous ces secteurs d’activité. Si demain la Russie fait défaut sur le marché du blé, des engrais, des hydrocarbures, des métaux rares… le commerce mondial s’en trouvera déstructuré. Les pénuries auront des répercussions dramatiques pour des centaines de millions d’êtres humains. La plupart des pays du globe qui dépendent de l’équilibre et de l’approvisionnement de ces marchés en sont pleinement conscients. Les Européens sont, pour leur part, dans un déni de réalité. Ils s’entêtent à adopter des sanctions qui se retourneront contre eux. […]

Notre pays peut vivre en autarcie. L’hiver prochain, les Russes ne manqueront pas de blé. Ils pourront se chauffer et se déplacer à bas coûts. Les Européens, eux, devront consentir des sacrifices auxquels ils n’ont plus été soumis depuis la Seconde Guerre mondiale. […]

L’Europe est un colosse aux pieds d’argile !

Peter Walsh et Jim Mersheimmer : Vous restez très évasif sur votre riposte militaire à cette «guerre totale» que l’Occident aurait déclarée à la Russie ?

Vladimir Poutine : Que voulez-vous que je vous dise ?

Peter Walsh et Jim Mersheimmer : La Russie rencontre des difficultés sur le terrain. La résistance ukrainienne vous a-t-elle surpris ?

Vladimir Poutine : Messieurs, il serait grand temps de sortir du narratif propagandiste déconnecté des réalités des champs de bataille. Le Président Zelensky a récemment admis que la Russie a conquis 25% du territoire ukrainien en une centaine de jours. Si j’étais d’humeur taquine, je pourrais dire qu’à ce rythme, la Russie conquerra l’Ukraine en un an. Mais telle n’est pas notre ambition ! […]

En trois mois, la Russie a atteint la majeure partie de ses objectifs. Les républiques populaires du Donbass ne sont plus sous la menace des troupes ukrainiennes qui reculent sur les fronts de l’Est et du Sud. La Russie a libéré Marioupol après avoir remporté une bataille historique. Les troupes ukrainiennes ont été défaites. Nous y avons fait 3.800 prisonniers. Des unités du régiment ukro-nazi Azov ont été anéanties…

Peter Walsh et Jim Mersheimmer : Pardonnez-nous de vous interrompre Monsieur le Président. Mais quel en est le prix pour la Russie ? N'est-il pas exorbitant ?

Vladimir Poutine : Quel en est le prix pour l’Ukraine, messieurs ? L’entêtement de l’Ukraine encouragé par les Occidentaux fait le malheur des Ukrainiens. Pour éradiquer la «menace existentielle», le peuple russe est prêt à tous les sacrifices. Il l’a démontré par le passé. Je ne suis pas certain que les peuples occidentaux soient à ce point investis. Qu’ont-ils à y gagner ? […]

Nous sommes en capacité de remporter toute guerre conventionnelle car la Russie dispose d’une armée entraînée, bien équipée et déterminée. Elle le démontre chaque jour sur le terrain où elle affronte des forces ukrainiennes supérieures en nombre, qui ont érigé ces huit dernières années de puissants ouvrages de défense au Donbass et bénéficient du soutien matériel occidental que nous interceptons parfois. […]

Peter Walsh et Jim Mersheimmer : Si vous deviez battre en retraite, si l'Ukraine dotée de technologies et matériels occidentaux menait une contre-offensive dévastatrice, pourriez-vous user de l’arme nucléaire ?

Vladimir Poutine : Pensez-vous un instant que la Russie renoncera à défendre les Républiques populaires du Donbass ? Envisagez-vous que la Russie rétrocède Marioupol sous la menace de l’Ukraine ou de l’OTAN ? Imaginez-vous sérieusement que nous pourrions céder un kilomètre carré que nos troupes ont mis tant d’ardeur à conquérir, au prix du sang russe ? La Russie dispose d’un arsenal nucléaire illimité qui tiendra à distance toute alliance qui menacerait ses intérêts vitaux. C’est un postulat auquel ne dérogera aucun dirigeant russe. […]

La Russie a les capacités de frapper à mort n’importe quel pays. En cela la Russie est invulnérable !

Peter Walsh et Jim Mersheimmer : Des pays ont aussi les capacités de frapper mortellement la Russie. Cette hypothèse ne vous a pas échappé, n’est-ce pas ? Par ailleurs, vous n’évoquez pas ou peu les États-Unis qui occupent une position dominante…

Vladimir Poutine : La France et la Grande-Bretagne sont-elles prêtes à engager leurs arsenaux nucléaires pour nous reprendre Marioupol ? Le pensez-vous vraiment ? Paris et Londres méritent-elles d’être vitrifiées pour quelques kilomètres carrés de territoires ukrainiens peuplés de populations russophones et russophiles ? Mesurez bien le risque encouru pour l’insignifiance du gain. Paris et Londres n’ont rien à gagner dans ce conflit. Les Européens en paient déjà les conséquences. L’addition sera de plus en plus lourde. […]

Je n’épiloguerai pas sur la position états-unienne. Elle s’inscrit dans un cadre géostratégique qui dépasse très largement les frontières ukrainiennes. L’Ukraine n’est qu’un pion, un prétexte visant l’instauration du Nouvel Ordre mondial unipolaire dominé et dirigé par les États-Unis, au service de leurs seuls intérêts. La communauté des états européens en sera pour ses frais.

Il n’y aura que deux vainqueurs : Les États-Unis et la Russie !

Traduction : Inès Starikova


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