Des locataires bientôt «à l’essai»

Mercredi, 15 Mars 2006 19:02
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Jean Perrin persiste et signe : le président de l’UNPI (Union nationale de la propriété immobilière) réitère sa proposition de créer un nouveau type de contrat de location, dit «à l’essai», sur le modèle du Contrat Première Embauche.

Il l'avait déjà évoqué sur France 3 sous le regard désapprobateur de Louis Schweitzer, président de la HALDE, alors qu'ils étaient invités par Elise Lucet dans son dernier "Pièces à conviction" consacré à la discrimination raciale à l'embauche et au logement, et nous avions épinglé ses propos dans notre article du 1er mars. Aujourd'hui, M. Perrin élargit son discours aux locataires «à problèmes».

«Les propriétaires veulent des locataires convenables et des loyers corrects», a-t-il dit. Et de poursuivre : «S'ils pouvaient ‘tester’ les locataires, il serait possible de remettre sur le marché au moins 300.000 logements, soit le nombre de logements neufs créés en une année». Selon lui, cela pourrait «résoudre en partie la crise du logement»... Tout comme le CNE et le CPE pourraient miraculeusement réduire le chômage.

L'idée a germé il y a six mois au moment de la mise en place du Contrat Nouvelle Embauche, puis de la proposition de CPE par le gouvernement. Concrètement, au 9e et au 21e mois, le propriétaire pourrait donner congé au locataire avec un préavis de trois mois. Au bout de deux ans sans préavis, le bail deviendrait «à durée indéterminée» et retomberait dans le droit commun. Conscient que ce bail, dit «à l'essai», «induit une certaine précarité», Jean Perrin affirme cependant que «c'est mieux que ne pas avoir de logement» ! Et d’ajouter : «Il y a peu de chance que le locataire, dans le cas où il serait titulaire d'un CPE et où il occuperait un logement avec ce type de bail, se retrouve licencié et à la rue au même moment».
Récemment présentée au gouvernement, la proposition de l’UNPI a été votée en Conseil national en septembre dernier. «On me dit que l'idée est excellente mais que dans un contexte de critique des CNE et CPE, elle ne peut passer pour le moment», soupire Jean Perrin.

Quand la pénurie de logements associée à celle des emplois favorise l'insécurité sociale, les escroqueries intellectuelles continuent de pulluler : cette "idée de génie" est un exemple qui démontre les inéluctables dérives de la flexibilité érigée en solution à tous nos maux, et prouve bien l'importance des enjeux liés à l'application du CNE et du CPE.

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Mis à jour ( Mercredi, 15 Mars 2006 19:02 )