Actu Chômage

samedi
22 février
Taille du texte
  • Agrandir la taille du texte
  • Taille du texte par defaut
  • Diminuer la taille du texte
Accueil Social, économie et politique 860.000 précaires dans la Fonction publique

860.000 précaires dans la Fonction publique

Envoyer Imprimer
Si, croyant fuir la précarité, beaucoup de jeunes rêvent de devenir fonctionnaires, ils n'imaginent pas que les "contrats courts" y sont légion. C'est même un phénomène en constante progression.

Selon la DARES (Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques du ministère de l'Emploi), ils sont 860.000 sur 5,4 millions. Techniciens ou ouvriers, employés de laboratoire ou de bureau… tous agents de la Fonction publique, mais contractuels à durée déterminée, auxiliaires, vacataires ou stagiaires… formant une population hétérogène, souvent méconnue des syndicats qui peinent à les encadrer. Plus fragiles que leurs collègues titulaires, ils sont parfois indécelables : certains n'apparaissent même pas dans les bilans comptables !

Dans son appel à manifester les 16 et 18 mars contre le CPE, la CGT-Fonctionnaires affirme que "l'enjeu du retrait du CPE concerne tous les salariés, du public comme du privé". Elle dénonce "l'instauration dans la fonction publique du «PACTE», contrat en alternance réservé comme le CPE aux jeunes de moins de 26 ans [...] et qui peut être aussi rompu à tout moment par l'employeur et sans indemnités". La FSU et la CGT s'alarment de la précarisation galopante dans la Fonction publique, dressant un parallèle avec le secteur privé. Phénomène confirmé par la DARES, qui note dans son étude qu'"entre 1990 et 2002, la part d'emplois courts dans la Fonction publique s'est accrue de cinq points", soit 16% de l'emploi global contre 12% dans le privé. Ces personnels soumis à des contrats renouvelables sont souvent jeunes, de sexe féminin et «employés».

Lire aussi :
Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :

Mis à jour ( Vendredi, 21 Janvier 2011 01:40 )  

Commentaires 

 
0 # superuser 2006-03-18 03:15 Ancien conseiller social de Michel Rocard et de Lionel Jospin, Jacques Rigaudiat souligne l’extension de la précarité, y compris chez les salariés.

Vous avez consacré un article à la montée des précarités et vous préparez un livre sur «Le retour de la question sociale» (1). Comment réagissez-vous au chiffre de sept millions de pauvres que donne le dernier rapport de l’Observatoire de la pauvreté et de l’exclusion sociale ?

Jacques Rigaudiat. Si l’on s’en tient à la définition usuelle de la pauvreté monétaire, ce chiffre est exact. Cependant le sujet me paraît moins être celui de la pauvreté monétaire - où le fait d’avoir un euro en plus ou en moins vous fait passer du statut de pauvre à celui de non-pauvre - que celui justement de la montée de la précarité dans les conditions de vie. Il faut une approche multiple qui prenne en compte les difficultés d’accès à la santé, au logement, etc, pour espérer avoir une vue complète sur le sujet. Si l’on ne tient plus seulement compte de la définition, quelque peu artificielle, de la pauvreté monétaire, on passe de 12% de pauvres - ces sept millions que vous évoquez - à un quart ou un tiers de la population qui vit en situation précaire. Ce sont donc en gros près de 20 millions de personnes qui sont concernées, c’est-à-dire les ménages gagnant moins de 1,7 ou 1,8 SMIC.

Les outils pour appréhender la pauvreté sont donc très insuffisants…

Jacques Rigaudiat. Les instruments actuels ne permettent qu’assez difficilement de l’appréhender, et les chercheurs sont encore trop peu nombreux à préférer une approche multilatérale. Mais si je préfère parler de précarité plutôt que de pauvreté, c’est aussi parce que le terme de pauvreté est une métaphore qui permet de ne pas désigner les catégories sociales qui en sont les premières victimes. Et qui sont-elles ? Massivement les ouvriers, en particulier les non-qualifiés, les employés, qui sont largement des femmes, et les cadres, à la marge. Parler de pauvres aujourd’hui, c’est un moyen d’éviter de reposer ce que l’on a appelé au XIXe siècle la «question sociale». L’approche monétaire contribue à masquer cette réalité. Par ailleurs il est frappant de constater que la pauvreté n’est plus un état dans lequel on demeure et concerne tous ces gens qui vont et qui viennent autour de la ligne de flottaison que symbolise le seuil de pauvreté.

Quelles sont les raisons qui font que cette précarité s’étend ?

Jacques Rigaudiat. Cette hausse est évidemment liée à la montée du chômage, du sous-emploi, et de toutes ces formes intermédiaires que sont les temps partiels contraints, les préretraites, ainsi que les dispenses de recherche d’emploi. Mais on remarque aussi que cette augmentation n’est plus simplement cantonnée à un halo de gens gravitant autour du chômage, mais vise aussi les personnes ayant un emploi. Avec la montée des CDD, de l’intérim, et aujourd’hui du CNE, en attendant le CPE, on assiste à une dissociation des formes traditionnelles du statut de l’emploi signant la fin du CDI. Il est important de noter qu’actuellement , les trois quarts des embauches, hors intérim, se font en CDD. De plus, il faut rappeler que depuis 1983, la part des salaires dans la valeur ajoutée s’est très fortement réduite, ce qui est une rupture profonde avec la période des Trente Glorieuses où, en gros, le pouvoir d’achat suivait les gains de productivité.

(1) «À propos d’un fait social majeur : la montée des précarités et des insécurités sociales et économiques», Droit social - mars 2005. Livre à paraître chez Autrement en septembre prochain.

Entretien réalisé par Cyrille Poy pour L'Humanité.
Répondre | Répondre avec citation |
 

Votre avis ?

La France pourrait s’engager plus intensément contre la Russie. Qu’en pensez-vous ?
 

Zoom sur…

 

L'ASSOCIATION

Présentation de l'association et de sa charte qui encadre nos actions et engagements depuis 2004.

 

ADHÉRER !

Soutenir notre action ==> Si vous souhaitez adhérer à l’association, vous pouvez le faire par mail ou par écrit en copiant-collant le bulletin d’adhésion ci-dessous, en le remplissant et en...

 

LES FONDATEURS

En 2004, une dizaine de personnes contribuèrent au lancement de l'association. Elles furent plusieurs centaines à s'investir parfois au quotidien ces 16 dernières années. L'aventure se pou...