Une histoire rocambolesque intrigue les Allemands : le chef du Parti social-démocrate et ministre-Président de Rhénanie-Palatinat, Kurt Beck, a insulté un chômeur et puis lui a offert plusieurs jobs. L'intéressé, devenu soudainement une star, a carrément rejeté les propositions d'emploi. L'affaire relance la polémique sur la "fainéantise" des chômeurs et l'éclosion d'un prolétariat allemand.
En se promenant sur le marché de Noël de Wiesbaden, Kurt Beck fut accosté par un homme hirsute, légèrement soûl, qui ironisait sur les "mérites" des réformes du travail. Le ministre-Président lui rétorqua : "Allez vous laver et vous raser et dans trois semaines, vous aurez un emploi". Et, pour calmer son entourage interloqué par cette entorse au discours politiquement correct, il ajouta : "La vie est faite comme ça". Puis il promit à l'intéressé de trouver des jobs pour lui et l'invita à venir le voir mardi à la "Staatskanzlei", siège du ministre-Président à Mayence.
Dans un premier temps, Henrico Frank, 37 ans, s'exécuta. Les photographes locaux lui payèrent la facture de 40 € pour le meilleur coiffeur en ville qui lui fit une coupe avec la raie correcte et le débarrassa de sa barbe sauvage. Autre signe de bonne volonté : Henrico ne demanda pas au ministre-Président de s'excuser. L'essentiel, dit-il, c'est de retrouver un emploi.
L'ancien ouvrier du bâtiment, après s'être blessé à l'épaule, a eu plusieurs jobs précaires comme jardinier et aide-soignant pour personnes âgées. Comme tous les chômeurs de longue durée, il touche l'allocation de chômage de 345 € par mois (plus le paiement du loyer) introduite par le chancelier Gerhard Schröder. Puis l'ancien "punk" a ressorti son côté rebelle. Inscrit au parti anarchiste Pogo et membre d'une plateforme de chômeurs militants, il affirme lutter pour la condition des sans-emploi en général. Il a refusé d'aller voir le chef de l'Etat régional qui pourtant avait huit offres à lui soumettre. Il en veut à Kurt Beck d'avoir informé la presse avant de l'avoir invité personnellement. De plus, il a fait état de rendez-vous importants qu'il ne pouvait pas manquer avec des représentants des Eglises. Il a demandé à une journaliste au chômage, membre de la plateforme, de lui servir de porte-parole de presse.
Le journal "Frankfurter Allgemeine" ironise sur "Sa Majesté Henrico, le chômeur". Le quotidien à grand tirage "Bild" peste contre "le chômeur le plus impertinent d'Allemagne". Et la municipalité de Wiesbaden veut l'obliger à consulter un médecin du travail et menace de lui rayer l'allocation de chômage.
Kurt Beck, un homme du peuple qui a appris le métier de couvreur, ne perd pas en popularité. Les gens lui sont reconnaissants qu'il dise tout haut ce que tout le monde pense. Il y a quelques mois, le Président social-démocrate avait déjà choqué la gauche du parti en s'interrogeant sur la prolétarisation croissante de la société, sujet tabou en Allemagne.
(Source : La Libre Belgique)
A (re)lire => PETER HARTZ INCULPÉ : l'homme de la réforme Hartz IV était un corrompu qui, pendant qu'il plongeait des millions de chômeurs dans la misère, détournait des fonds chez Volkwagen et mettait ses salariés sur la paille.
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