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Victimes de la crise, les jeunes retournent chez papa-maman

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Cet article concerne l'Espagne, mais il est tout aussi valable ailleurs...

La précarité des trentenaires espagnols, vivier électoral important pour José Luis Zapatero, ne peut que préoccuper le chef du gouvernement.

Avant, Juan gagnait sa vie en travaillant dans l'entreprise de disques de son frère, aujourd'hui il est retourné vivre chez sa mère. À l'âge de 37 ans, ce Galicien de Vigo n'arrive toujours pas à s'émanciper de sa famille. Et pourtant, ce n'est pas l'envie qui lui manque, ni les efforts fournis pour ne plus dépendre du cercle familial. «J'avais réussi à trouver un petit appart’ pour 500 € par mois dans le centre de Madrid et un job dans la production culturelle sans l'aide de mon frère. Et puis, il y a eu cette mauvaise nouvelle en septembre…», explique-t-il. Comme des dizaines de PME asphyxiées qui chaque jour mettent la clé sous la porte, son entreprise a fermé, laissant sur le carreau une vingtaine de salariés. «Je touchais 1.400 €, maintenant, je n'ai plus que 1.100 € par mois de chômage. Si je décompte le loyer, les frais de voiture, les charges, le téléphone, il ne me reste plus que 200 ô pour vivre : c'est tout simplement impossible !» lance le jeune homme qui est rentré dans son foyer familial début octobre.

Pour Virginia, l'émancipation aura également été de courte durée. Embauchée l'an passé dans une grande entreprise de téléphonie, cette brune de 32 ans pouvait enfin, avec son salaire de 1.500 € mensuel, partager un appartement dans le centre madrilène avec sa meilleure amie. Or celle-ci a rejoint fin juillet les 2,5 millions de chômeurs (soit 621.000 de plus que l'an passé). Incapable d'assumer toute seule son loyer, Virginia est retournée chez papa et maman, tout comme son amie. «Là, je ne pense plus bouger. La situation est trop délicate en ce moment.»

Victimes du chômage et des emplois précaires, les jeunes sont les plus touchés par la crise financière. Entre 2002 et 2007, le taux d'émancipation des 25-35 ans est passé de 35% à 45%, une période qui correspond à l'âge d'or de l'économie espagnole, avec une croissance frôlant les 3,5%. Or, selon une enquête d’El Pais, on assiste aujourd'hui à un retour massif dans le cocon familial. Le rêve de propriété, très puissant ici, s'est évanoui. D'après l'Institut national des statistiques, un jeune désireux d'acheter un logement devrait consacrer 83% de ses revenus aux remboursements mensuels.

Engagement dans l'armée

Dans un pays où les salaires sont modestes (moyenne de 1.200 €), où 97% des prêts hypothécaires sont à taux variable et où le prix des logements a augmenté de 150% en une décennie, il est quasiment impossible de réaliser un premier achat d'appartement. D'autant que les banques se montrent très méfiantes à l'égard des personnes sans apport et ont fermé le robinet à crédit. Pourtant, il y a encore un an, elles prêtaient à tout-va en autorisant des prêts immobiliers sur cinquante ans. «Aujourd'hui, c'est inimaginable de demander un apport de 90% pour acheter un logement. Plus personne ne vous prête un euro !» assure Virginia, qui a repoussé à long terme son projet d'achat. Quant au marché locatif qu'encourage le gouvernement socialiste avec une aide de 210 € mensuels pour les moins de 35 ans, il demeure saturé. D'où le retour quasi obligé au bercail.

Or, le matelas financier des familles sur lequel s'appuient environ 57% des jeunes, selon le syndicat UGT, n'est plus aussi douillet qu'avant. (...) Jusqu'à présent, les familles espagnoles offraient à leurs progénitures l'aide financière que versent les administrations publiques dans d'autres pays européens. Or, la crise immobilière ajoutée à la tourmente financière internationale a mis un frein à cette solidarité familiale. Selon la Banque d'Espagne, les familles se sont endettées de 15,5% au cours des sept dernières années. Plus significatif encore : un demi-million de familles constatent aujourd'hui que tous leurs membres sont sans emploi.

Dans ce climat de précarité général, avec une récession économique au tournant, nombreux sont les jeunes à se tourner vers des postes de travail sûrs. Si les concours dans l'administration publique n'ont jamais eu autant de candidats, les forces de l'ordre connaissent un nouvel engouement. La Garde civile et la police ont enregistré depuis la rentrée une hausse de 40% des sollicitudes d'entrée. Quant à la fibre militaire, elle vibre comme jamais : l'armée vient d'annoncer que ses demandes d'engagement ont grimpé de 70%.

(Source : Le Figaro)

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Mis à jour ( Mercredi, 22 Octobre 2008 17:11 )  

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