«C'est la première fois dans l'histoire que l'on dépassera les 210 millions de chômeurs», s'alarme-t-il. Ce chiffre record, estimé à partir de données de l'ONU et du Fonds monétaire international (FMI), pourrait même s'aggraver en fonction de l'impact de la crise sur l'économie réelle. L'avocat et diplomate chilien évoque ainsi une crise sociale «sévère, longue et globale» et appelle à «une action rapide et coordonnée des gouvernements» sous la forme d'un «plan de sauvetage concentré sur l'économie réelle et les questions sociales», car pour l'heure, les dirigeants américains et européens ont exclu un grand plan coordonné de relance économique, à l'instar de celui adopté pour le secteur bancaire.
Pour le directeur général du BIT, ce sont les plus «vulnérables» qui risquent d'être les plus affectés par la crise. Il souligne ainsi que le nombre de «travailleurs pauvres» qui vivent avec moins de 1 dollar par jour pourrait croître de 40 millions, tandis que celui des personnes gagnant moins de 2 dollars pourrait augmenter de 100 millions entre 2007 et 2009.
Il estime que «l'impact» de la crise financière sera de toute façon «mondial». Parmi les secteurs les plus touchés : le bâtiment, la finance, les services, la construction et le tourisme. Seuls «les pays qui exportent peu» devraient moins souffrir.
Le directeur du BIT a aussi souligné que la question du travail décent, promue par son organisation, doit être «au cœur» des discussions à venir sur la refonte du système financier international annoncée par les présidents français et américain, Nicolas Sarkozy et George W. Bush.
Redonner sa place à l'économie réelle
La crise doit être saisie comme une «opportunité» de rééquilibrer la mondialisation devenue «inéquitable et non durable», analyse Juan Somavia. Selon lui, le «niveau des profits [du secteur financier, ndlr] était devenu si élevé que les banques préféraient la finance au soutien des entreprises créatrices d'emploi». C'est pourquoi, martèle-t-il, «le système financier international doit revenir à sa fonction fondamentale, qui est le prêt». Juan Somavia a souligné que la part du secteur financier dans les bénéfices des entreprises américaines s'était élevée l'an passé à 41% contre 5% en 1980. En conséquence, les banques ont préféré investir dans des transactions financières plutôt que de prêter à d'autres secteurs productifs.
«Ce système a commencé à siphonner les ressources de l'économie réelle», a-t-il dit. Les entreprises non financières cotées en Bourse ont alors subi de fortes pressions pour dégager des rendements proches de ceux du secteur financier, les contraignant à réduire leur masse salariale au lieu de réaliser des investissements à long terme. «D'un certain point de vue, on appelle ça des hausses de productivité. D'un point de vue plus profond, cela signifie qu'un travailleur devient une matière première», a-t-il conclu, plaidant pour que les ressources soient injectées dans l'économie pour éviter ou atténuer les effets de la récession et se concentrent sur les secteurs à forte main d'œuvre, y compris les PME.
(Source : Le Figaro)
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