Aussitôt qu’un sujet fait la Une des médias, Nicolas Sarkozy s’empresse de recevoir les premiers concernés. Ainsi, au gré de l’actualité, défilent à l’Élysée les organisations patronales et syndicales, les professionnels de l’automobile, les banquiers, nos médaillés aux JO, nos handballeurs champions du monde, quelques vedettes du showbiz… que sais-je encore. Et quand il ne les convie pas sous les ors de la République, il se rend sur le terrain pour échanger avec eux ou se faire rabrouer parfois par quelques marins pêcheurs et agriculteurs mécontents.
Le Président de tous les Français n’hésite pas non plus à «mouiller sa chemise» pour sortir de situations inextricables certains de nos compatriotes, comme Ingrid Betancourt otage des Farc, le soldat franco-israélien Gilad Shalit prisonnier du Hamas et, plus récemment, Florence Cassez incarcérée dans une prison mexicaine. À le voir, à l’entendre, le Président se décarcasse, y compris pour tirer des geôles libyennes quelques infirmières bulgares lourdement condamnées par le Colonel Kadhafi.
S’il y a une «population» à laquelle le Président de la République ne semble guère porter grand intérêt, c’est bien celle des Chômeurs et Précaires. Nous n’avons pas le souvenir d’en avoir vus posant sur le perron de l’Élysée à l’issue d’une entrevue avec le Chef de l’État. Pas plus que nous n’avons le souvenir d’un échange sur le terrain, dans les locaux d’une association de Chômeurs par exemple. Ces «rencontres au sommet» nous auraient-elles échappé ? Dans ce cas, nous nous en excusons.
Il nous déplaît de hiérarchiser les urgences politiques, économiques, sociales et humanitaires, en leur attribuant un niveau d’importance. Pour autant, nous y sommes ici contraints. En cette période où des centaines de milliers de salariés et d’intérimaires perdent leur emploi, où plusieurs millions de chômeurs peinent plus encore à retrouver du travail, il nous parait légitime, prioritaire même, qu’une association comme la nôtre puisse rencontrer le Président de la République. Oh, certes, nous ne sommes peut-être pas l’organisation la plus représentative des laissés-pour-compte, mais qui l’est vraiment ?
Disons très modestement que, depuis quelques années, nous sommes une des associations les plus actives. De plus, nous comptons parmi nos adhérents, sympathisants et lecteurs réguliers pas mal d’ami-E-s issus des principaux mouvements de Chômeurs et Précaires. Et comme nous éditons le seul site d’information exclusivement consacré au chômage et à la précarité, qui attire chaque mois près de 250.000 visiteurs, nos démarches en vue d’un entretien avec le Chef de l’État s’imposaient d’évidence.
Ç’eût été pour lui, «le Président de la rupture», l’occasion de répondre aux vraies questions, celles des Chômeurs et Précaires. Ç’eût été aussi la possibilité de s’exprimer directement à cette «population». Que de bonnes raisons en définitive. Malheureusement, comme nous le pressentions, nous avons reçu une réponse certes polie mais négative (à lire ci-dessous). Nous avions déjà accusé réception d’un courrier comparable après avoir sollicité le candidat Sarkozy avant les élections de 2007 (rappelons que François Bayrou, Olivier Besancenot, Arlette Laguiller et même Jean-Marie Le Pen, entre autres, y avaient répondu favorablement).
Au vu des charges portées sur Actuchomage contre la politique (et les propos) de Nicolas Sarkozy, nous pouvons comprendre ce refus. Pour autant, nous ne sommes pas certains que le «traitement» dont il fait l’objet ici en soit la principale motivation. Nous pensons, plus simplement, que le Président des TOUS les Français ne souhaite pas rencontrer les premiers concernés par la crise.
Grand dommage… Les centaines de milliers de futurs Chômeurs de tout bord sont avertis !
Yves Barraud - Alternatives Pour une Nouvelle Économie de l’Emploi
Ci-dessous, la réponse négative de l’Élysée :
Monsieur le Président,
Vous avez bien voulu faire part au Président de la République des actions menées par votre Association en faveur de nos concitoyens appartenant à la population active et solliciter un entretien.
Sensible à votre démarche, Monsieur Nicolas SARKOZY m’a chargé de vous en remercier bien vivement. Toutefois, je dois vous informer qu’il n’est pas en mesure de vous répondre favorablement, tant sont nombreuses les sollicitations qui lui parviennent en ce sens. Croyez bien qu’il le regrette.
Soyez cependant assuré des vœux que le Chef de l’Etat forme pour la réussite de toutes les actions qui peuvent être menées en faveur des personnes en situation précaire.
Avec mes sentiments les meilleurs.
Le Chef de Cabinet
Cédric GOUBET
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