J-P Elkabbach : Monsieur le Président, quel message souhaitez-vous passer aux Français éprouvés par la crise, aux milliers de salariés victimes des plans sociaux et aux chômeurs ?
Nicolas Sarkozy : Je regrette les excès qui ont émaillé mes discours avant et après mon élection. Mais c’est pas ma faute, c’est la faute à Guaino, mon éminence grise qui m’a assuré que taper sur les pauvres, les riches ils aimaient. Et pas que les riches d’ailleurs, tous ceux qui pensent que quand t’es au chômage, c’est que tu l’as bien mérité. Je voudrais dire aux chômeurs qui nous écoutent ce matin que je regrette. Oui, je regrette ! C’est pas des fainéants les chômeurs, c’est pas des ratés non plus. C’est pas parce qu’ils n'ont pas de Rolex à 50 ans qu’ils ont loupé leur vie. Séguéla est un con… tout comme Guaino. Je me passerai dorénavant de leurs services.
J-P Elkabbach : Certains – ils sont rares, il est vrai – vous reprochent quand même un certain acharnement. Pouvez-vous vous en dédouaner d’une simple pirouette ?
Nicolas Sarkozy : Pour la pirouette, j’suis champion ! C’est mon côté contorsionniste… J’suis comme un chat qui retombe toujours sur ses pattes. Mais les Français prennent tout au pied de la lettre. Vous leur dites : «On va lancer un gigantesque plan de lutte contre la fraude au chômage», et ces imbéciles en déduisent que les chômeurs fraudent massivement l’Assédic. Vous leur dites : «Maintenant, si un demandeur refuse deux offres d’emploi, on le sanctionne !», et ces idiots comprennent que les chômeurs refusent en bloc tous les boulots qu’on leur propose. C’est pas ce que je voulais dire ! Ils voient bien les Français qu’il n’y a plus de boulot. Alors ?
J-P Elkabbach : Si je vous comprends bien, vous dites ça pour épater la galerie, juste pour le bon mot. Ne jouez-vous pas un jeu qui peut être mal interprété ?
Nicolas Sarkozy : Si les Français ne me comprennent pas, il faut qu’ils retournent à l’école. Faut dire qu’à l’école, on n’apprend rien ! (Sourire narquois)
J-P Elkabbach : Monsieur le Président…
Nicolas Sarkozy : Mais j’rigole. Si on ne peut plus rigoler sur l’antenne d’Europe 1, la radio de «mon frère» Arnaud Lagardère, y’a plus qu’à s’exiler sur le yacht de «mon ami» Vincent (Bolloré)… (Rires). Et lui, Canteloup (le président se tourne alors vers le célèbre imitateur), il peut tout se permettre et moi pas. Mais à quoi ça sert que je suis Président alors ?
J-P Elkabbach : Revenons au message que vous souhaiteriez délivrer aux Français qui souffrent…
Nicolas Sarkozy : Moi je leur dis aux Français, qu’ils souffrent… mais en silence. Voilà ce que j’ai à leur dire. À quoi ça sert de manifester ? Dites-le moi monsieur Elkabbach, à quoi ça sert ?
J-P Elkabbach : Euh…
Nicolas Sarkozy : Voilà monsieur Elkabbach, c’est ça ! Ça sert à rien. Ça changera rien. Mais qu’est-ce qu’ils croient les Français, que c’est facile tous les jours pour moi ? Et qu’est-ce que je devrais faire moi, monsieur Elkabbach, manifester à Londres devant Obama – ah ça, il nous a mis la pagaille le Obama –, devant Merkel, Brown, Berlusconi ? Qu’est-ce qu’on y peut nous à la récession, au chômage, aux licenciements… Vous croyez que ça m’arrange ?
J-P Elkabbach : Enfin, vous êtes au pouvoir, vous disposez de moyens d’action…
Nicolas Sarkozy : Mais pas du tout monsieur Elkabbach, je ne suis qu’un homme… comment dire ?… comme un autre… Voilà, c’est ça, comme un autre. Entre le chômeur qui vit avec 430 € et moi, y’a pas de différence. On a les mêmes problèmes ! Enfin, j’vais vous dire franchement monsieur Elkabbach, j’ai quand même plus de soucis que lui ; parce que le chômeur si il a des soucis, c’est qu'il ne veut pas bosser…
J-P Elkabbach : Monsieur le Président…
Nicolas Sarkozy : Z’ont qu’à avoir la banane les chômeurs. Comme moi ! Mais je voudrais leur dire, moi, aux chômeurs : Faut pas baisser les bras ! Faut juste apprendre à s’en servir. (Sourire narquois). Vous savez, monsieur Elkabbach, passer la serpillière, laver des assiettes, tenir un marteau-piqueur, c’est pas difficile… C’est à la portée de tout le monde… avec ou sans papier ! (Sourire narquois).
J-P Elkabbach : Vous faites de l’esprit…
Nicolas Sarkozy : Ça prouve que j’en ai.
J-P Elkabbach : Pour finir monsieur le Président, quand pensez-vous qu’on sorte de la crise ?
Nicolas Sarkozy : Mais je ne suis pas le Messie, Jean-Pierre Elkabbach. Vous pensez qu’avec moi tout devient possible ? Ça, c’est un bon slogan, faudra que je m’en serve en 2012 (Rires). Non, la crise, on en sortira le moment venu… Que les chômeurs se remettent au boulot et vous verrez, tout s’arrangera pour eux. Aide-toi, Sarkozy t’aidera !
Une interview qui sent le poisson… pas tant que ça finalement !
Yves Barraud
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