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Accueil La revue de presse La dette explose... C'est grave ?

La dette explose... C'est grave ?

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D'après le dernier collectif budgétaire concocté par Bercy, la dette va crever les plafonds imposés par Maastricht en frôlant les 74% du PIB cette année, et les 80% en 2010. Mais est-ce vraiment si important ?

Démagogique ? Polémique ? A l'heure où les déficits publics explosent sous l'effet de la crise et des plans de relance, Marc Bousseyrol, professeur en classes préparatoires pour l'ENS Cachan et maître de conférence à l'IEP de Paris, crie «Vive la dette !». Dans ce livre paru en avril, l'économiste affirme que l'endettement des états n'est pas un mal en soi. Mieux : face à la récession généralisée, tous les pays devraient relancer massivement leur économie par de la dette publique. Ainsi démonte-t-il le discours alarmiste et convenu sur le caractère néfaste de l'endettement des états. Selon lui, tous les arguments visant à l'affirmer — spirale inflationniste, hausse des taux d'intérêt, augmentation de la pression fiscale notamment — ne sont pas d'une évidence scientifique. Explications.

Dans votre livre, vous dénoncez l'argument de l'héritage de la dette, de son transfert d'une génération à l'autre. Si l'on crée de la dette publique aujourd'hui, ce ne sont donc pas nos enfants qui devront payer ?

Non, la dette publique n'est pas un fardeau générationnel : chaque bébé ne naît pas avec une dette de 18.700 € sur la tête, comme l'affirme le rapport Pébereau [rapport sur la dette publique de 2005 rédigé par Michel Pébereau, le président de BNP Paribas - ndlr], mais au contraire avec un héritage net de 11.000 € si l'on tient compte du patrimoine public. La dette sert à financer des infrastructures, des écoles, des hôpitaux etc., dont bénéficieront les générations futures.

Il faudra bien pourtant, à terme, la rembourser. Donc augmenter la pression fiscale...

La contrainte de remboursement de la dette n'est pas une évidence quand on sait que 40% de la dette publique française — des OAT, les obligations assimilables du Trésor français — sont détenus par des agents français, plus précisément par les 10% de ménages aux revenus les plus élevés. La dette qui reste dans la famille ne souffre pas de contrainte de remboursement. La seule partie éventuelle à rembourser, c'est celle détenue par des investisseurs étrangers, à savoir 60% des OAT. Mais il faut savoir que ces obligations sont des bons à 30, voire 50 ans. Il n'y a donc pas d'urgence. Par ailleurs, il n'y a pas de relation évidente entre l'augmentation de la dette et l'augmentation des impôts : il existe de nombreuses périodes dans l'histoire où la dette augmentait tandis que la pression fiscale diminuait.

La France, et plus globalement les pays de l'UE, doivent cependant respecter les limites fixées par le Traité de Maastricht qui prévoit une limite du déficit public de 3% du PIB sous peine de se voir infliger des sanctions par Bruxelles. S'endetter au-delà de 3% est-il donc possible ?

Oui. La preuve : en 2008, le déficit public a atteint 3,4% en France. Il devrait grimper à 5,6% cette année. La question est de savoir si les critères de Maastricht sont pertinents à respecter. Selon moi, ils sont contre-productifs. Ils sont notamment responsables de 20 ans de croissance molle en Europe. Dans la période de récession que nous traversons actuellement, il est incroyable de voir des frileux du déficit refuser de financer le retour à la croissance par la dette. La dette publique est un outil légitime de politique économique, qui permet de fabriquer de la croissance si elle est gérée avec diligence.

Au risque de relancer l'inflation ?

Effectivement, un état peut financer sa dette en faisant fonctionner la planche à billets, donc en relançant l'inflation. Lutter contre l'inflation est un choix monétaire et politique qui vise à favoriser la valeur du portefeuille de titres des épargnants. A l'inverse, une inflation trop élevée nuit aux revenus les plus modestes. Donc non à une situation d'hyperinflation, mais oui à une inflation maîtrisée, comme le fait la Fed [la banque centrale américaine - ndlr] aux Etats-Unis. La Fed est un exemple de gestion pragmatique de la crise : elle fixe ses taux directeurs en fonctions de critères visant non seulement à lutter contre l'inflation réelle et anticipée, mais également contre le chômage et pour soutenir la croissance. Je ne crois pas que la politique de relance budgétaire massive de l'administration Obama va déboucher sur une bulle de la dette publique.

(Source : L'Expansion)
Mis à jour ( Dimanche, 17 Mai 2009 06:42 )  

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