
Il serait cependant plus subtil de dire que les riches tendent à surestimer les revenus des moins aisés — y compris des plus pauvres — et que ces derniers sous-estiment les revenus des plus riches.
Par exemple, le 19 mai dernier, le député Hervé Mariton déclarait aussi gagner 5.000 € (alors que ce menteur en touche 6.700, sans compter les nombreux avantages dont il bénéficie…) : «Je ne me considère pas comme riche; c'est le revenu d'un cadre moyen». Or, selon l'Insee, le salaire mensuel moyen de l'ensemble des cadres ne dépassait pas 4.000 € en 2007-2008, avec une fourchette oscillant entre 2.800 et 6.300 € net...
Tous déconnectés des réalités !
Sur le blog Intox2007, on découvre un graphique de l'Insee où il apparaît clairement qu'en 2006, soit deux ans avant la crise, 95% des salariés du privé exerçant à temps complet touchaient moins de 4.040 €. A partir de 90% (soit les 10% qui gagnent plus de 3.077 €), la courbe devient élastique et les plus hauts salaires s'envolent de manière exponentielle.
De 2000 à 2007, les revenus du travail n'ont progressé que de 11% alors que les revenus du patrimoine ont, eux, quasiment doublé. Rappelons aussi que depuis 2002, les 0,01% des foyers les plus riches ont vu leur revenu réel croître de 42% contre seulement 4,6% pour les 90% des foyers moins aisés. De sorte qu'en 2010, selon l'Insee, les 10% des Français les plus riches détiennent 46% de la masse totale du patrimoine. Grâce à la politique fiscale instaurée alors par Dominique de Villepin, ils sont moins imposés qu'ils ne devraient l'être, et le manque à gagner pour les recettes de l'Etat serait de l'ordre de 10% par an.
Quant au salaire médian — la moitié des Français gagne moins, l'autre plus —, il stagne à 1.528 €.
Michel Godet, Hervé Mariton, Christine Boutin et, plus largement, ceux qui nous dirigent, font partie des 5% (si ce n'est pas 1%) des Français les mieux payés. Les éditocrates et autres experts qui passent sans arrêt à la télé pour formater notre pensée vivent déjà dans une bulle, mais notre gouvernement est mille fois pire : ainsi, il estime qu'on est vraiment riche qu'à partir de 11.000 € brut par mois et par personne. C'est donc sur cette base que quelque 100.000 foyers — à comparer avec nos 3,5 millions de Smicards + les 8 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté… — dont les revenus d'activité et du patrimoine excèdent ce montant, devront contribuer à l'effort sur les retraites afin de défendre «l'équité de la réforme»... On nage en plein délire de nantis.
SH
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