Pour la première fois depuis un an et demi, la hausse du chômage semble marquer une pause en ce début d'année. Selon les statistiques trimestrielles de l'Insee, à fin mars 2010, le taux de chômage au sens du BIT a atteint 9,5% de la population active en métropole et 9,9% avec les DOM-TOM (un petit écart de 0,4 point qui masque des taux de chômage et de pauvreté dépassant 20%).
Le seuil psychologique des 10% n'est donc pas encore franchi, l'Insee ayant miraculeusement révisé à la baisse — de 0,1 point — le taux du quatrième trimestre 2009... C'est aussi à un poil près que la France reste en dessous du taux de chômage de la zone euro qui s'est établi à 10% fin mars : pour Christine Lagarde et Laurent Wauquiez, l'honneur est sauf.
Que de dégâts cependant !
Avec un taux d'emploi des 15-64 ans qui se hisse à peine à 64% (dont 49,3% - en recul - ont encore la chance d'être en CDI), pas de quoi pavoiser.
Le chômage des 25-49 ans est resté stable à 8,6%. Si le chômage des 15-24 ans a légèrement reculé (-1,2% à 23%), 650.000 jeunes sont toujours à la recherche d'un travail. Le taux de chômage des plus de 50 ans, lui, ne cesse d'augmenter : de 4,9% début 2008, il est passé à 6,6% (+33%), ce qui représente près d'un demi-million de seniors directement exposés au chômage de longue durée. A l'heure où le gouvernement planche sur une réforme des retraites qui va leur demander de travailler plus longtemps, ça la fout mal.
La déformation de la structure des emplois au détriment des CDI s'est amplifiée et, avec elle, la précarisation du travail. Le taux d'emploi en CDD ou en intérim, qui s'était stabilisé l'année dernière, remonte. Le temps partiel subi continue de gagner du terrain (1,05 million de personnes). Après avoir reculé de moitié au second semestre 2009, le chômage technique est également reparti à la hausse (219.000 salariés touchés). Quant au "halo du chômage" — personnes sans emploi et souhaitant travailler, mais pas comptées comme chômeurs car elles ne sont pas disponibles ou en recherche active —, il concerne 3,42 millions d'individus soit 731.000 "chômeurs invisibles" de plus en un an, selon l'Insee.
L'effet "tôle ondulée"
Derrière les chiffres, il y a des êtres humains… et des tragédies. Ce que semblent ignorer nos Herbert Hoover de Bercy quand ils s'en satisfont, jugent que la France s'en sort mieux que les autres et vantent les soi-disant effets de leur politique. Or, le monde traverse la plus forte crise économique et sociale jamais connue depuis 1929 sans en avoir tiré aucune leçon.
Christine Lagarde, qui a utilisé la métaphore de la tôle ondulée pour décrire l'évolution du chômage, devrait savoir que la "pause" de ce premier trimestre sera de courte durée, puisque les statistiques de Pôle Emploi pour avril ont montré que la crise n'est toujours pas finie... Même si notre modèle social a joué un rôle d'amortisseur, un chômeur sur trois cherche du travail en vain depuis plus d'un an, tandis que les plans sociaux ne diminuent pas. Selon l'OFCE, 100 chômeurs de plus risquent de se traduire «par 45 personnes supplémentaires en situation de pauvreté», et aucune embellie n'est à espérer avant 2012.
Les Herbert Hoover qui nous dirigent s'en moquent : le mois prochain, comme chaque année, ils iront se goinfrer à la garden party de l'Elysée pendant que des millions de Français se serrent la ceinture ou crèvent la bouche ouverte.
SH
Articles les plus récents :
- 17/06/2010 17:12 - Hold-up sur EDF !
- 15/06/2010 14:24 - Retraites : Une "réforme" qui ne résoudra rien. Voilà pourquoi
- 14/06/2010 16:50 - En Allemagne, l'austérité pour les chômeurs et les plus pauvres
- 12/06/2010 01:47 - Le cumul emploi-retraite du gouvernement
- 09/06/2010 14:22 - Etre riche en Sarkozie
Articles les plus anciens :
- 01/06/2010 12:07 - Wauquiez : «Les seniors coûtent trop cher»
- 31/05/2010 14:53 - Fins de droits : un «plan rebond» pour les mieux lotis ?
- 31/05/2010 12:16 - Chômage d'avril, une nouvelle claque pour Bercy
- 20/05/2010 02:56 - Services à la personne et propagande médiatique
- 12/05/2010 22:20 - Pourquoi le capitalisme n'est pas un système démocratique mais bel et bien une dictature