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Accueil Social, économie et politique Pourquoi le capitalisme n'est pas un système démocratique mais bel et bien une dictature

Pourquoi le capitalisme n'est pas un système démocratique mais bel et bien une dictature

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Non, “dictature” n'est pas un mot trop fort pour qualifier l'hégémonie mondiale de la finance sur nos vies et, plus que jamais, son usage dans nos propos est totalement justifié.

Alors qu'il se vante d'être le seul système économique qui favorise la démocratie sur Terre (postulat à la base mensonger, puisque de nombreuses dictatures ont été installées puis soutenues par des pays «démocratiques» dont, en tête, les USA…), le capitalisme financiarisé, par ses agissements à l'encontre des puissances publiques qui se sont massivement endettées afin de le sauver de ses propres abus, nous prouve aujourd'hui qu'il n'en est rien.

Ce qui distingue les démocraties des dictatures, c'est la liberté politique et la séparation des pouvoirs, jumelées à l'existence d'un rituel électoral qui permette aux peuples d'exercer, de temps à autre, leur «souveraineté». Comme l'exprimait un slogan désabusé de Mai 68, la dictature c'est “Ferme ta gueule” et la démocratie, c'est “Cause toujours”... Or, il est désormais criant que nos soi-disant démocraties sont placées sous l'autoritarisme des «marchés», pilotés par une nébuleuse de rapaces que personne n'a élus tandis que nos dirigeants, «élus démocratiquement», leur obéissent au doigt et à l'œil et, pour ce faire, se mettent à nous dire ouvertement “Ta gueule”.

«Avons-nous élu les marchés ? Si on repose autrement la question, elle serait plutôt : “Sommes-nous dirigés par ceux que nous avons élus, et donc en démocratie ?”» se demande Enzo d'Aviolo sur son blog. «Ce qui caractérise ce fonctionnement économique, c’est l’absence de légitimité élective des nouveaux dirigeants masqués de la planète. Par contre, nous avons élu les grouillots qui leur servent de porte-voix…» (et de porte-flingues), estime-t-il à raison.

En effet, quand Charles Wyplosz, professeur d'économie à l'Institut de hautes études internationales et du développement de Genève, déclare que les États européens doivent faire la danse du ventre devant les marchés et qu'ils n'ont pas d'autre choix que de se soumettre, où est passée la liberté politique ? On voit bien que nos élus ne sont que des pantins qui y ont renoncé. Où est passée la séparation des pouvoirs ? On voit bien que c'est la finance qui les concentre.

Quand on mesure les conséquences désastreuses de la crise depuis 2008 sur la vie quotidienne des populations, quand on découvre le contenu des plans de rigueur plus ou moins drastiques que veulent nous infliger nos dirigeants («élus démocratiquement») afin de «rassurer» ou «ne pas décevoir» le foutoir spéculatif, on constate que nos élus sont non seulement les larbins d'un système économique inique et suicidaire, mais des traîtres qui œuvrent de concert contre le bien-être des citoyens qui ont voté pour eux.

Nos démocraties ne sont même plus indirectes ou semi-directes. Souvenez-vous du référendum du 29 mai 2005 sur la Constitution européenne : le Traité de Lisbonne, bien que rejeté dans les urnes par la majorité des Français, a finalement été ratifié par voie parlementaire. Aux manettes de ce pur déni de démocratie, notre Président Nicolas Sarkozy, grouillot d'une Europe totalement dévouée aux marchés et à la finance.

La dictature, c'est la mise sous contrôle des populations sans leur adhésion : c'est bien de cela qu'il s'agit et cette crise, qui n'a pas encore atteint son apogée, nous le prouve de manière éclatante.

Les dictateurs ont toujours eu un visage. Désormais, ce régime totalitaire unique avance masqué. Il y a dix ans, dans son livre Une étrange dictature, Viviane Forrester pointait cette nouvelle forme de prédation, protéiforme, omnipotente mais invisible : un must du genre. Elle avait vu que l'ultralibéralisme coulait son idéologie absolutiste «dans un climat, un décor et des structures démocratiques». Si les noms et les visages de nos gouvernants sont connus, ils ne sont que des paravents — des «fakes» — qui se servent des clés confiées par leurs peuples pour agir au service de leur ennemi, un immense prédateur qui se planque sous le niqab du parasitisme économique.

SH


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