Fin avril, rien qu'en France métropolitaine, Pôle Emploi recensait :
• 15.700 inscrits de plus dans la très officielle catégorie A (soit au total 2,677 millions de personnes n'ayant exercé aucune activité).
• 19.500 inscrits de plus dans les catégories B et C (soit au total 1,249 millions de personnes ayant exercé une "activité réduite" hors contrats aidés) : une hausse annuelle de 16,7% symptomatique de la multiplication des petits boulots.
• 5.100 inscrits de plus en catégorie D (soit au total 265.000 personnes en CRP/CTP, en stage ou en formation, en maladie ou en maternité…) : une hausse moyenne de 28,2% sur un an, mais qui dépasse 62% pour les conventions de reclassement personnalisées, dispositif dont l'astuce consiste à escamoter de la catégorie A des chômeurs fraîchement licenciés pendant 8 à 12 mois.
• 11.500 inscrits de plus en catégorie E (soit 321.500 "bénéficiaires" de contrats aidés) : une progression annuelle de 38,9% qui ne devrait pas mollir, puisque les vrais bénéficiaires de ces emplois grassement subventionnés sont… les employeurs.
Le «système D» de Bercy
Quand Christine Lagarde se félicite de «l'évolution encourageante» du «nombre de demandeurs d'emploi en formation ou bénéficiant de contrats aidés» qui, selon elle, «permet de maintenir les compétences acquises et favorise le retour vers l'emploi», elle est surtout soulagée que les chômeurs parqués dans ces voies de garage que sont les catégories D et E échappent à la communication gouvernementale. Fin avril, ils étaient 586.500 soit 2,9% de plus qu'en mars (+ 33,8% en glissement annuel).
Les drôles de sorties de Pôle Emploi
Si, fin avril, 102.900 personnes sont sorties pour "reprise d'emploi déclaré", on note que, parallèlement, 189.100 personnes ont été l'objet d'une "cessation d'inscription pour défaut d'actualisation" (depuis novembre 2009, actualiser sa situation sur le site de Pôle Emploi est devenu une galère : saturation et bugs garantis chaque fin de mois…), 38.500 personnes ont été l'objet d'une "radiation administrative", tandis que 61.800 personnes sont passées dans les mystérieux "autres cas" (+ 26,6% sur un an !). Ainsi, au total, 289.400 personnes ont été sorties des listes dans des conditions pas toujours très claires.
Les chômeurs de longue durée
Ils sont 1,509 million et représentent le tiers des inscrits à Pôle Emploi, avec une inquiétante progression annuelle de 31,3%. Tout aussi inquiétante est la durée moyenne passée au chômage qui atteint 216 jours, avec un pic à 340 jours pour les plus de 50 ans.
Les offres collectées par Pôle Emploi
En avril, la pêche a été chiche : 122.900 offres concernaient des emplois "durables" (plus de 6 mois), 112.100 des emplois "temporaires" (de 1 à 6 mois) et 39.000 des emplois de moins d'un mois. Avec seulement 279.700 offres collectées, la progression annuelle est de 17%.
François Fillon a derechef invité Pôle Emploi à «redoubler d'efforts» : on ne sait pas s'il faut en rire ou en pleurer.
Quant aux médias traditionnels, remarquons qu'ils ne se sont pas apesantis...
Au total, toutes catégories confondues, Pôle Emploi compte désormais 4.512.700 d'inscrits en France métropolitaine (car, comme d'habitude, les DOM, on s'en tape).
Tous les chiffres de la DARES/Pôle Emploi d'avril à télécharger en pdf
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