Le 25 janvier, sur TF1, Nicolas Sarkozy avait promis que, «dans les semaines et mois qui viennent, vous verrez reculer le chômage». Les baisses en trompe l'œil de décembre et mars (moins de A, mais plus de B, C, D et E) ont permis à ses sbires, les Lagarde & Wauquiez, de minimiser la situation à grands renforts de méthode Coué : «embellie», «évolution encourageante», «stabilisation»… En vain.
Fin mai, rien qu'en France métropolitaine, Pôle Emploi recensait :
• 22.600 chômeurs supplémentaires dans la catégorie A — personnes sans activité et en recherche active d'emploi —, dont le total s'élève à 2,7 millions d'inscrits. C'est la plus forte hausse enregistrée depuis sept mois.
• 5.900 inscrits en moins dans les catégories B et C, soit au total 1,24 millions de chômeurs ayant exercé une «activité réduite», hors contrats aidés. Un léger recul qui ne rattrape pas le fait qu'en cinq mois, les effectifs de ces deux catégories ont crû de 100.000 personnes.
Ces trois catégories ABC, qui regroupent les chômeurs tenus d'accomplir des «actes positifs de recherche d'emploi», totalisent 3.942.900 inscrits en France métropolitaine; 4.182.800 avec les DOM. Soit une progression annuelle de 12%.
Passons aux voies de garage :
• Les effectifs de la catégorie D — personnes en CRP/CTP, en stage ou en formation, en maladie ou en maternité… — ont également baissé à 262.000 (ils étaient 265.000 inscrits le mois précédent), avec une progression annuelle de 24%.
• Par contre, les effectifs de la catégorie E — chômeurs en contrats aidés — ont augmenté, passant de 321.500 "bénéficiaires" à 333.400, soit une progression annuelle de 41,8%.
Au total, toutes catégories confondues, Pôle Emploi comptait 4.538.500 inscrits en France métropolitaine (données CVS-CJO), et 4.723.500 avec les DOM (données brutes).
Les chiffres de mai (DARES/Pôle Emploi) en pdf
Deux autres constats inquiétants :
• En mai, les offres collectées par Pôle Emploi en France métropolitaine ont reculé de 3,7%.
• Le nombre de chômeurs de longue durée continue de grossir : +0,9% en mai, soit un total de 1,5 million de personnes dont la moitié étaient sans emploi depuis un à deux ans, donc directement victimes de la crise. Avec une hausse annuelle de 30,4%, ils représentent près de 36% de l'ensemble des inscrits, un niveau supérieur de 6 points à celui d'il y a un an.
Des perpectives nulles
L'Insee, qui tablait sur une légère baisse du nombre de chômeurs au 2e trimestre 2010 et une stabilisation du taux de chômage à 9,5% en métropole sur l'ensemble de l'année, en sera pour ses frais. Car pour tenir ces prévisions, il faudrait que la DARES affiche une baisse d'au moins 38.000 chômeurs de catégorie A en juin afin de compenser les mauvaises performances d'avril et mai... De plus, le taux de croissance 2010, établi à 1,4%, ne suffira pas à faire reculer le chômage, et ce ne sont pas les 51.000 créations d'emplois envisagées par l'Insee qui amélioreront les choses.
Une scandaleuse omerta
Partout, ad nauseam, on nous bassine avec la Coupe du monde. Le chômage ? La loi NOME et la précarité énergétique ? L'écran de fumée fonctionne à plein. Les retraites ? Les abus de nos personnels politiques ? C'est déjà plus difficile à masquer. Et devinez ce qui retient l'attention du chef de l'Etat ? Encore le foot !
Après avoir demandé que des «états généraux du football français» soient organisés à l'automne (alors que ce sont plutôt des «états généraux de l'emploi» qu'il faudrait convoquer, puisque le chômage est la première préoccupation des Français et qu'une écrasante majorité d'entre eux ne croit plus au retour du fameux «plein emploi» qu'il leur avait promis en 2007), Nicolas Sarkozy a fait faux bon à des ONG françaises pour recevoir Thierry Henry...
La pauvreté, ici ou ailleurs, notre président s'en moque bien. Se pencher sur la cause numéro un du déficit des caisses de retraite (et de toute la protection sociale) afin d'y remédier, ce n'est pas pour lui une priorité — bien au contraire.
SH
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