Le secrétaire d'Etat à l'Emploi enfile les perles. Après avoir déclaré que le «plan rebond pour l'emploi» (enfin, les miettes accordées aux chômeurs en fin de droits…) a été élaboré «pour les classes moyennes» qui sont trop souvent «laissées de côté», il ose dire que «les entreprises n'embauchent pas des seniors parce qu'ils coûtent trop cher»… dont acte. L'objectif : transposer aux seniors — après l'avoir étendu aux apprentis — le dispositif «zéro charges» testé dans les petites entreprises durant la crise afin d'augmenter leur taux d'emploi. Un dispositif qui consiste à cumuler une aide supplémentaire avec les allégements généraux appliqués de façon dégressive aux rémunérations jusqu'à 1,6 Smic : bref, une trappe à bas salaires !
Contredisant le slogan de campagne du candidat Sarkozy qui prônait la «valeur travail», une fois de plus, force est de constater que le travail (et son expérience) n'est pas une «valeur» mais plutôt un coût qu'il faut réduire à tout prix. Car ce «coût» serait la cause de tous nos maux : il dissuaderait les entreprises d'embaucher (les seniors en première ligne) et les handicaperait dans la concurrence internationale. Le recours à ce type de mesures semble relever, désormais, pratiquement du réflexe : chaque problème économique trouverait sa solution dans une pincée supplémentaire d'allégements de «charges» patronales. Ainsi, par dizaines de milliards, l'argent public vient en aide à nos pauvres employeurs, asséchant les caisses de l'Etat et de la protection sociale.
Les entreprises sont les vraies assistées du sarkozysme
Des heures supplémentaires défiscalisées («Travailler plus pour gagner plus», quoi de plus naturel quand on est sous-payé ?) qui contribuent à aggraver le chômage, des contrats aidés qui subventionnent l'emploi précaire et un RSA qui n'offre qu'un minuscule complément de salaire à ceux qui gagnent moins de 1,04 Smic, la baisse de la TVA dans la restauration sans contrepartie sérieuse sur les rémunérations et les conditions de travail des salariés du secteur (ce sont pourtant des emplois dits «non délocalisables»), l'imminente suppression de la taxe professionnelle et de l'impôt forfaitaire annuel... Des cadeaux accordés au nom de l'emploi et de la compétitivité, mais dont l'efficacité n'est toujours pas prouvée.
Alors que les déficits publics et les comptes sociaux ne cessent de se dégrader, plus que jamais, cette politique est un véritable puits sans fond !
Tous les prétextes sont bons pour continuer à ruiner l'Etat et démanteler la protection sociale. La sauvegarde de l'emploi — ici, celui des seniors qu'on stigmatise au passage — en est l'habituel et le fallacieux prétexte. Le jeune Laurent Wauquiez, en bon petit soldat du sarkozysme, s'exécute avec zèle.
SH
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