Dénigrés, insultés, méprisés, les Gilets Jaunes posent pourtant les bonnes questions.
En quelques semaines, les Gilets Jaunes en ont fait plus que les partis politiques en plusieurs décennies de débats électoraux présidentiels, législatifs, européens, régionaux, municipaux…
Pourtant, depuis l’entame du mouvement, ils sont dénigrés, insultés, méprisés (1) par la caste oligarchique qui domine la France politique, économique, médiatique, artistique, culturelle… ayant tout intérêt à maintenir la situation en l’état, garante de privilèges exorbitants.
Tous les fonds de tiroir du dénigrement ont été retournés. Tour à tour d’ultra droite, d’ultra gauche, racistes, homophobes, antisémites… sous prétexte que quelques-uns (sur des centaines de milliers de personnes mobilisées) ont parfois dépassé les bornes, aussitôt mis en scène par les médias aux ordres.
Une altercation verbale un peu vive devient ainsi, dans l’heure, un outrage national, une atteinte grave à la démocratie, un crime contre la république. On nage en plein délire !
Quelques mots déplacés et graffitis stupides taggués en catimini ont l’effet d’une bombe posée au Stade de France un soir de finale de Coupe du Monde. D’un coup de baguette magique, tout ce qu’ont apporté au débat les actions des Gilets Jaunes passe au second plan. C’est la tactique de l’étouffoir émotionnel et culpabilisateur dont usent et abusent nos dominants depuis près de vingt semaines.
Car sur le fond, aucune réponse, forcément embarrassante pour certains, n’a été apportée aux judicieuses questions posées par les Gilets Jaunes. Dont on conviendra par ailleurs qu’elles n'imposent en rien la tenue d’un grand débat national qui n’aboutira qu’à diluer les principales récriminations dans le flot des revendications.
La première étant, où va l’argent ? Comment explique-t-on qu’un pays écrasé d’impôts et de taxes à les entendre tous, de gauche, de droite, d’extrême gauche, d’extrême droite, du centre, soit à ce point endetté ? Comme si les Françaises et Français vivaient largement au dessus de leurs moyens, comme des nababs, quand leurs voisins allemands, suisses, luxembourgeois, britanniques, belges… se serrent la ceinture.
Si nous payons ces impôts et taxes, c’est pour rembourser une dette colossale. Mais à qui devons-nous ces 2.200 milliards d’euros ? Et qui touche le jackpot des 50 milliards d’intérêts que la France verse à ses créanciers chaque année ?
Questions attenantes : Comment et pourquoi sommes-nous engagés dans cette spirale financière infernale et inédite par son ampleur qui conduit à l’impasse ? Comment se fait-il qu’un pays disposant d’un patrimoine économique, scientifique, technique, industriel, urbanistique, culturel, naturel… de quatrième ou cinquième puissance mondiale à l’époque, se soumette aux diktats d’une oligarchie transnationale «qui n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, et pourtant qui gouverne», nous alertait le complotiste François Hollande (discours du Bourget – janvier 2012).
Un spectre qui manipule tout, à en croire l'autre complotiste Valéry Giscard d’Estaing : «On est complètement manipulés. Vous avez des banques et des officines dont le travail est d’organiser la spéculation en Europe. Elles sont américaines en général. Le matin, elles se disent : Quelle monnaie ou quel pays attaque-t-on ?». (Source : Le Grand Journal de Canal+, le 28 novembre 2011).
Cette guerre que dénonçait un conspirationniste bien connu, François Mitterrand : «La France ne le sait pas mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment […] mais une guerre à mort». (Déclaration rapportée par le journaliste biographe Georges-Marc Benamou).
L’émergence de nouvelles puissances (asiatiques principalement) n’explique en rien cet abandon de souveraineté financière dans les années 70 où Chine et Inde sortaient à peine de leur léthargie. Non ! Décision a été prise de «privatiser» une dette jusqu’alors détenue par les Français eux-mêmes. Ainsi quand l’État remboursait les Bons du Trésor, il versait des intérêts à nos compatriotes… qui s’enrichissaient de leurs propres dettes.
Ce contexte, très imparfaitement résumé ici, explique en partie tout ce qui suit. Car en nous soumettant à des règles établies par d’autres, nous en acceptons les contraintes et obligations. Nous sommes aujourd’hui sous tutelle d’un marché financier opaque, «sans nom et sans visage».
Concomitamment, nos dirigeants nous ont placés sous l’égide d’une autre entité transnationale : l’Union européenne.
«Tu domineras par le chiffre et par le verbe», affirme la prophétie. Le chiffre, c’est la dette. Le verbe, ce sont les traités européens (de Maastricht, de Lisbonne…).
Pour s’y tenir, la France est contrainte depuis des décennies d’abandonner cette souveraineté qui fit sa grandeur passée, quoi qu’on en dise. Notre petit pays a éclairé le monde pendant des siècles dans tous les domaines. Ils ont exigé qu’on y renonce. Notre soumission totale est en bonne voie.
Certains argueront que le mouvement des Gilets Jaunes ne porte pas sur ces considérations généralistes et au contraire sur des aspects terre-à-terre, très concrets. Certes ! Mais les seconds découlent directement des premières qui imposent un cadre toujours plus contraignant. Car le couperet final reste le même : Qui paie l’addition ?
Ce ne sont certainement pas nos créanciers, pas les multinationales étrangères et françaises, pas les ultra riches et ceux qui profitent à plein des bienfaits de la libre circulation des capitaux et des hommes, pas les petits malins (ils sont nombreux en France) qui «optimisent» (comme on dit) leurs avoirs et leurs biens. Alors qui reste-t-il sur le rond-point des inégalités de traitement ? Les «petits» et les «moyens» qui doivent raquer quand les «plus gros» s’en exonèrent… avec l’aval des politiques qu’ils ont désignés.
Cette réalité soulève bien des questions légitimes, très concrètes, sur l’impartialité des médias aux mains de ceux-là même qui nous dirigent (le service public reste puissant en France) ou de leurs bons amis, ces quelques milliardaires qui contrôlent la presse et les chaînes de radio et de télévision privées.
D’autres interrogations concernent les exonérations et crédits d’impôt accordés aux particuliers les plus fortunés et aux grands groupes industriels qui privent l’État de dizaines de milliards d’euros, s’ajoutant à la fraude fiscale qu’on chiffre entre 80 et 100 milliards par an, et au dumping social qui, avec les travailleurs détachés et les flux migratoires, plombe nos comptes de solidarité (Sécu, assurance-chômage, caisses de retraite…).
D’autres se surajoutent à celles déjà posées.
Comment pouvons-nous reprendre la main sur les questions qui nous concernent, par le Référendum d’Initiative Citoyenne par exemple, quand les principales décisions sont fixées au niveau supranational ; européen mais pas seulement. À l’échelle mondiale pour les traités commerciaux qui ouvrent nos marchés à une concurrence souvent déloyale, notamment dans le secteur des productions agricoles.
Il ne peut être contesté qu’une partie d’entre nous, forcément les plus vulnérables, est prise sous les feux croisés oligarchiques. Financiers par cette dette qui nous accable. Réglementaires par les institutions supranationales qui nous dépossèdent de notre souveraineté. Médiatiques par le contrôle qu’exercent quelques milliardaires sur un contre-pouvoir qui n’en est plus un… Dans tous les domaines qui relèvent pourtant des grands principes républicains de Liberté, d’Égalité et de Fraternité.
Car à mesure que le temps passe, la censure des voies dissidentes et contestataires se fait toujours plus forte. Nous assistons et allons subir plus encore une reprise en main d’Internet et des espaces de libre expression qu’il nous accorde. Le système ne pouvant accepter d’héberger au cœur de sa toile un foyer de contestation imprévisible, tel que celui des Gilets Jaunes.
On constatera d’ailleurs que sur les questions essentielles que nous soulevons ici, connues de tous depuis des décennies, il tarde à y apporter des réponses quand, moins de 48 heures après les faits, des députés exigent une loi pour punir l’antisionisme au même titre que l’antisémitisme.
L’oligarchie est plus prompte à condamner des mots qu’à sanctionner les maux qui maltraitent des millions d’entre nous et les poussent à la révolte.
Ne baissons pas les bras ! Faute de quoi, précaires, chômeurs, ouvriers, employés, artisans, entrepreneurs, agriculteurs, fonctionnaires… nous paierons plus cher encore l’oppression que nous subissons au seul profit d’une infime minorité.
Yves Barraud
(1) Méprisés, comme dans ce dessin de Xavier Gorce publié dans Le Monde.
"Qui sont les vrais complotistes ?" - Si la vidéo ne s'affiche pas, utilisez ce lien de secours https://www.youtube.com/watch?v=svZpjLNp32Q
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