Six journalistes (une équipe de télévision, une reporter de RTL, trois rédacteurs de presse écrite) patientaient alors que pas un Chômeur Rebelle CGTiste (comme ils se définissent eux-mêmes) n’avait pointé le bout de son nez. Vers 11h20, une délégation forte d’une vingtaine de personnes arrivait, suivie par quelques militants d’AC! – Agir ensemble contre le chômage. À 12h45, au moment de notre départ, 30 personnes manifestaient contre le contrôle accru des chômeurs et pour l’emploi. Pathétique !
Ces 45 minutes de présence nous ont permis de mesurer le marasme dans lequel se débattent les mouvements de chômeurs (CGT, APEIS, AC!, MNCP), ces mêmes qui avaient mené de manière exemplaire - et unitaire - la bataille gagnante des Recalculés de l’Assédic, ceux-là même qui avaient réuni au plus fort de la mobilisation de 2003/2004 près de 7.000 personnes dans les rues de Paris, ceux-là aussi qui firent plier le gouvernement, contraignant Jacques Chirac et Jean-Louis Borloo à annoncer la réintégration dans leurs droits d’un million de chômeurs, pour un coût de 2 milliards d’euros (lire notre dossier Recalculés en haut de la colonne de gauche).
Mais que s’est-il donc passé entre-temps ?
Du côté d’AC! Paris, c’est la plus grande confusion. Même les premiers concernés semblent incapables d’expliquer exactement ce qui s’y trame. Différents courants («libertaires», «radicaux» et «historiques») s’affrontent et des tiraillements profonds gangrènent le mouvement. La situation est si confuse que bien malin est celui qui peut dévider la pelote des embrouillaminis (ce que nous ne chercherons pas à faire ici). Pour un observateur extérieur, AC! Paris – enfin, ce qu’il en reste – semble au bord de l’implosion, de la scission.
L’APEIS, autre mouvement très impliqué dans la défense des chômeurs et précaires (proche du PCF), n’a pas jugé utile d’envoyer une petite délégation au rassemblement du 20 octobre. Tout comme le MNCP (Mouvement national des chômeurs et précaires) qui serait, aux dires de certains, moribond, après le départ de plusieurs responsables qui ont abandonné leurs fonctions à la permanence parisienne du mouvement.
Voilà l’état des lieux des quatre principales organisations de chômeurs et précaires, à quelques jours de l’ouverture des négociations sur le régime d’assurance-chômage le 8 novembre à l’UNEDIC, qui accuse plus de 13 milliards de déficit cumulé.
Les décisions qui seront prises avant la fin de l’année 2005 par l’organisme paritaire vont être lourdes, très lourdes de conséquences. Il y a fort à craindre que les allocations chômage soient revues à la baisse en termes de montant d’indemnisation ou de durée. Et en face, qui trouvera-t-on pour contrebalancer la volonté du Medef de rogner les allocations pour rétablir les comptes ? Les syndicats de travailleurs (CFDT, CGC, CFTC, CGT, FO…) ceux-là même qui ont (à l’exception de FO et de la CGT) accepté le «recalcul» scélérat des indemnités Assédic en 2002.
Les organisations de chômeurs trouveront-elles d’ici-là la ressource pour se remobiliser, pour repartir ensemble au combat ? Réponse dans quelques jours...
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