L'association de défense des chômeurs et précaires AC! a organisé deux manifestations cette semaine à Paris devant des antennes de l'ANPE qui avaient convoqué des chômeurs de longue durée pour des séances collectives de "remobilisation". "Ces convocations sont souvent envoyées au dernier moment, c'est une stratégie de gestion de fichiers. En multipliant les convocations, on provoque mécaniquement une hausse des occasions de radier les gens pour non-réponse à convocation", estime Marc Moreau, l'un des porte-parole de l'association.
Vendredi, la présence d'un collectif d'AC! équipé d'un mégaphone et d'une banderole a conduit une ANPE du XIXe arrondissement à annuler au dernier moment une séance de "remobilisation" pour éviter tout incident. "L'ANPE propose à quelques-uns des stages bidons, de relooking ou de remotivation, pour les sortir des statistiques du chômage pendant quelques mois. Pour ceux qui n'ont pas reçu la convocation à temps, c'est la radiation pure et simple", affirme Sandrine Sautter, militante d'AC!
Le MNCP constate aussi une hausse des radiations de chômeurs. "Dans l'Hérault, ça fait six mois qu'on fait des recours à tout crin contre des radiations abusives", explique Jacqueline Balsan, vice-présidente de l'association. "J'ai l'impression que l'ANPE veut faire du chiffre pour faire baisser le chômage. On n'ose pas imaginer ce que ce sera avec les nouvelles mesures de contrôle des chômeurs", s'inquiète-t-elle, évoquant le suivi mensuel des chômeurs qui doit devenir la règle à partir du mois de janvier.
Les associations de chômeurs ont pu trouver un certain écho à leurs critiques dans une note de conjoncture de l'INSEE publiée jeudi. Perplexe devant la baisse du chômage en France au troisième trimestre, l'institut a évoqué prudemment l'impact éventuel d'une "modification de la gestion administrative ou du comportement d'inscription des chômeurs à l'ANPE". Cette "modification" pourrait conduire certains chômeurs à ne pas être inscrits à l'ANPE alors qu'il recherchent effectivement un emploi.
Martine Aubry, secrétaire nationale du PS aux affaires sociales et à l'emploi, est venue elle aussi alimenter ce débat. Elle a estimé mercredi que le nombre très élevé de radiations administratives, passées d'environ 15.000 à 36.000 par mois en moyenne depuis avril dernier, était l'une des causes principales du repli du chômage. (Lire en commentaire)
La direction de l'ANPE s'offusque de ces interprétations. Fin septembre, le directeur général de l'ANPE, Christian Charpy, avait jugé "diffamatoire envers les agents de l'ANPE" toute polémique sur le nombre de radiations, assurant que celui-ci était "stable".
Syndicaliste de l'ANPE, Noël Daucé (SNU) affirme qu'"on sent déjà dans les agences une modification des rapports avec les demandeurs d'emploi, qui sont plus tendus et plus méfiants". "Je ne sais pas si les radiations administratives sont réellement en hausse, ajoute-t-il toutefois. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il faudra être vigilant lors de la mise en place du suivi mensuel".
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