En septembre 2003, juste après un licenciement, je vois une annonce dans un quotidien pour une formation de chef de projet ERP (Entreprise Resource Planning) dispensée par l'Ecole d'ingénieurs du CESI de Bagneux. Intéressé, et me disant qu'étant en tout début d'inactivité cela pourrait m'apporter un plus pour retrouver un emploi, je les contacte. Rendez-vous est pris avec un responsable de cette formation au CESI.
Le "deal" est alléchant : la formation s'étale grosso modo entre 4 mois de cours et 6 mois en entreprise. Le prix est assez élevé : 7.600 €, et il ne faut pas compter sur les organismes publics pour la financer. Mais mon interlocuteur est un redoutable commercial : "Tous les stagiaires de la promo précédente ont trouvé une entreprise qui a financé le coût de la formation." Par ailleurs, "pas plus tard qu'aujourd'hui, j'ai reçu les appels de deux entreprises prêtes à prendre nos stagiaires." Je me laisse tenter, comme les 22 autres camarades de promotion.
Tout d'abord une chose m'intrigue : je suis le seul à être en début de recherche d'emploi alors que tous mes camarades sont quasiment en fins de droits Assedic. Une cible malléable pour les requins de cette école ?
Très vite, je me pose aussi des questions sur le contenu de cette formation :
• un seul professeur assure les cours de 9 matières différentes ! Ce qui est un peu étrange pour une formation de niveau master...
• le planning est criblé de journées de "travaux assistés". Une façon élégante de désigner des moments où nous sommes livrés à nous-mêmes...
• les supports de cours sont systématiquement absents et les professeurs vous prennent à parti quand vous "osez émettre une critique",
• le comble arrive quand la formation à un progiciel, colonne vertébrale de cette formation, nous est dispensée en salle de cours devant 40 personnes via des Powerpoint et par un consultant qui refuse de nous livrer les docs (guide d'installation, aide à l'utilisation, etc) ! Très vite j'en informe la direction de l'établissement, qui préfère "se taire".
Mais le pire est encore devant nous... Car il va maintenant falloir trouver une entreprise qui accepte de débourser 7.600 €. Pour preuve de sa bonne volonté, le CESI nous donne une liste d'entreprises : à nous de jouer, maintenant !
C'est la foire d'empoigne, la haine entre les participants à cette formation. Chaque entretien attise les jalousies. Un jour, deux étudiants en viennent aux mains car ils sont en concurrence sur le même stage... Finalement, un tiers des stagiaires (sur 22) reste en plan. Les autres sont plus ou moins pris en charge par l'entreprise en ce qui concerne les coûts de leur formation.
Aujourd'hui, nous sommes plusieurs dans la situation suivante : obligés de payer une formation pour laquelle nous n'avons pas pu obtenir le diplôme final, car ce dernier est conditionné par le fait d'avoir décroché un stage... Nous n'avons pas non plus trouvé de travail grâce à cette formation et sommes maintenant sans Assedic. Donc tu n'as pas de revenus, tu paies mais tu n'aura jamais le diplôme !
Je suis passé ce matin au Tribunal d'instance. Sans avocat, mais la présidente m'a tout de même écouté. Si quelqu'un(e) a vécu une expérience similaire ou connaît une association qui défend ce genre de cas, je suis bien évidemment preneur.
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