«Pauvreté monétaire», «privations matérielles sévères» ou «très faible intensité de travail», tels sont les critères retenus par l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes) dans son rapport 2011-2012, qui compile et commente une vingtaine d'indicateurs.
La pauvreté sous toutes ses formes a augmenté en France depuis le milieu des années 2000, précisent les auteurs. Même si la France avait d'abord «plutôt bien résisté» à la crise 2008-2009 grâce à «un système complet et sophistiqué» de protection sociale qui en a atténué les effets (aujourd'hui, précise l'Onpes, «sans aides sociales, notre taux de pauvreté serait de 20%»), ses conséquences sont «lourdes, multiples et échelonnées dans le temps».
En 2009, dernière année disponible [1], 11,2 millions de personnes étaient touchées soit par la «pauvreté monétaire», soit par «des privations matérielles sévères», soit par une «très faible intensité de travail», trois critères définis et mesurés par la Commission européenne. Parmi elles, 700.000 personnes cumulaient les trois indicateurs.
Près de 2 millions de personnes en grande pauvreté
L'Onpes insiste sur «la grande pauvreté» (40% du revenu médian) dont la hausse est «lente et progressive [et] difficilement enrayée par notre système de protection sociale» : près de 2 millions de personnes vivaient en 2009 avec moins de 640 euros par mois, soit 3,3% de la population. Un taux «en nette progression [depuis] 2005, et sensiblement plus élevé qu'au cours de la première partie de la décennie» (2,7% en 2000 ; 2,5% en 2004 ; 3,2% en 2005).
Ce mouvement de remontée de la pauvreté, accentué par la crise de 2008, avait donc débuté dès le milieu des années 2000, en lien, selon l'Onpes, «avec la hausse généralisée des inégalités de revenus aux deux extrêmes de la distribution» des richesses, ainsi que raréfaction et la précarisation de l'emploi.
Les personnes en grande pauvreté se trouvent dans une sorte de «halo du chômage» dont les chances de sortir «sont très faibles en raison du cumul de handicaps lourds, notamment en matière de santé, d'éducation et de logement». L'Onpes prône une revalorisation des minima sociaux de 25%, et attire l'attention sur des publics particulièrement vulnérables : les familles monoparentales (près de 30% de pauvres), les jeunes (22,5%) ou les femmes âgées (environ 15%). L'instance officielle constate aussi que «disposer d'un emploi n'est plus une condition suffisante pour franchir le seuil de pauvreté», tant l'emploi s'est raréfié et précarisé (chômage, CDD, intérim, temps partiel).
(Source : Les Echos)
[1] Les prochains chiffres de l'Insee sur la pauvreté monétaire seront publiés en août. Souffrant d'un décalage de deux ans, ils ne porteront que sur l'année 2010. De même, le taux de pauvreté 2012 ne sera connu qu'en août 2014.
Rappel : en 2009, 8,2 millions de personnes vivaient avec moins de 954 €/mois (60% du niveau de vie médian fixé à 1.590 €/mois), soit un taux de pauvreté de 13,5%.
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