Ce matin (du lundi 19 juin), une convocation collective avait lieu à l’agence Guy Môquet (Paris XVIIe). Les convocations collectives consistent à convoquer un maximum de chômeurs en un minimum de temps. Ces sessions ont lieu, du moins dans cette agence, toutes les demi-heures. Durant ce temps on propose aux allocataires toute la gamme des services ANPE (atelier CV-lettre de motivation, stage de remobilisation à l’AFPA et autres stages de relooking tout aussi divers qu’inutiles…). Bien sûr, sur le nombre hallucinant de personnes convoquées en une journée, un bon nombre ne pourra pas se présenter et ne s’imagine pas que l’absence à ce rendez-vous signifie une radiation...
Ce sont des centaines de personnes qui sont convoquées sur une journée, avec à chaque fois près de 50% des personnes ne se présentant pas, donc en une seule journée l’ANPE peut radier une nombre incroyable d’allocataires. Et au vu de ce que l’ANPE propose durant ses sessions, on comprend vite le but réel de ces convocations collectives : principalement radier un maximum de demandeurs d'emploi, les diriger dans les secteurs sous tension ou encore vers de l’intérim et autres contrats précaires. Du moment que les chiffres du chômage baissent, la fin justifie les moyens.
Ayant été informés du rendez vous par un allocataire, nous décidons de nous y rendre. En rentrant dans l’agence les agents ne montrent pas d’hostilité envers nous, au contraire. Pour beaucoup la politique actuelle de l’ANPE les place dans un rôle qu’ils aimeraient refuser : celui d’agents de police des chômeurs. Ils sont obligés de manifester leur soutien avec discrétion, de peur d’être entendus par leur direction.
Nous discutons également avec de nombreux demandeurs d'emploi : certains sont là pour la convocation, d’autres non. Mais unanimement on sent la lassitude et la colère des allocataires. La plupart ont des projets et se plaignent de ne pas être entendus dans leurs envies et leurs choix. De plus, ils ressentent le suivi mensuel comme une contrainte et une infantilisation.
Bien vite on propose aux personnes convoquées de se rendre dans la salle du fond. Elle restera désespérément vide ! La convocation collective n’aura pas lieu. Si bien que les agents devront faire un appel individuel de chaque allocataire ! Notre présence y est probablement pour quelque chose...
D’ailleurs la directrice, après nous avoir serré la main et essayé d’engager la conversation, nous signalera que nous devons sortir de son agence. Face à notre refus d’obtempérer, elle décide d’appeler la police. Après quelques minutes, les flics arrivent et nous demandent de sortir. Au dehors, ils effectuent un rapide contrôle d’identités et là, surprise ! : un agent de police nous sort un discours digne des pires agents ANPE. "Vous feriez mieux d’embêter les entreprises en envoyant vos CV et vos lettres de motivations" ou encore "Vu les abus qu’il a pu y avoir, les mesures actuelles concernant le chômage sont tout à fait normales", "Ce n’est pas en faisant cela que vous allez retrouver du travail", etc… etc… Ainsi, le rapprochement entre police et agents ANPE, dont on ne perçoit presque plus la différence, se fait de plus en plus sentir.
AC! PARIS - 23 bis rue Mathis 75019 - M°Crimée
Permanence tous les mercredis de 15h à 18h - Tél : 01 40 09 27 49
Articles les plus récents :
- 27/06/2006 17:07 - Un front unitaire UNEF-UNL-CGT pour la rentrée
- 27/06/2006 03:13 - Une campagne nationale pour les droits des saisonniers
- 23/06/2006 15:59 - Résistance au contrôle social généralisé !
- 22/06/2006 16:58 - Une coiffeuse noire refusée à l'embauche
- 20/06/2006 20:24 - AC! lance une enquête sur les contrats d'avenir
Articles les plus anciens :
- 19/06/2006 22:42 - Grève à la RATP le 21 juin ?
- 19/06/2006 21:35 - Des CNE à nouveau aux Prud'hommes
- 18/06/2006 16:02 - Les automobilistes ne sont pas solidaires des chômeurs !
- 17/06/2006 11:27 - 3 ex-salariés de Packard Bell en grève de la faim
- 13/06/2006 12:50 - La Poste en grève contre des suppressions d'emploi