En dehors d'un contexte bien particulier, la "croissance" ne crée pas d'emplois.
Depuis plus de quarante ans le chômage n'a cessé d'augmenter, excepté pour de rares périodes.
• En 1964, la France comptait 251.400 chômeurs - au sens du Bureau International du Travail (BIT) et en moyenne annuelle - pour 19.709.600 personnes actives occupées (ayant un emploi).
• En 1992, pour une croissance de la valeur ajoutée de 1,17%, l'emploi a diminué de 136.100 (- 179.700 en emplois réels, du fait d'une forte progression de l'emploi à temps partiel) alors qu'en 1991, pour une croissance voisine (1,10%), l'emploi a augmenté de 45.500 (+ 67.100 emplois réels).
• En 1994, pour une croissance forte de 2,75%, l'emploi a diminué de 8.900 (- 95.600 emplois réels) car la productivité a augmenté davantage (2,79%) pour une durée annuelle identique du travail. En 1995, avec une croissance plus faible (2,10%) de la production, l'emploi a augmenté de 268.000 (+ 201.600 en réel, forte augmentation du temps partiel) car la productivité a très peu augmenté (0,88%) pour la même durée du travail.
Au début des années 70, la croissance était sensiblement supérieure à celle d'aujourd'hui. De 1970 à 1974, en quatre ans, la valeur ajoutée a progressé de 18,83% et la productivité de 19,15%, valeur légèrement supérieure. Si l'emploi a cependant progressé de 742.000, soit 3,60%, c'est que la durée annuelle du travail a diminué de 3,73% (de 1821 à 1753 heures). Le chômage a malgré tout augmenté car la population active progressait plus vite que la création d'emplois.
Ce n'est donc pas une forte "croissance" qui crée de l'emploi mais une différence positive importante entre la croissance de la production et celle de la productivité, comme pour les années 1988-89 (1,5%) et dans une moindre mesure 1987 et 1990, ou une forte diminution de la durée du travail, comme entre 1970 et 1974.
Pour une durée constante du travail, seule une évolution de la valeur ajoutée supérieure à celle de la productivité entraîne une création nette d'emplois (nombre d'emplois créés, à durée du travail identique, supérieur à celui des emplois détruits). Plus généralement, l'évolution de la valeur ajoutée est égale au produit des évolutions de la productivité, de la durée du travail et de la population active occupée. Autrement dit, l'emploi (population occupée) augmente uniquement si la production (valeur ajoutée) augmente plus vite que le produit de la productivité par la durée du travail.
En 1994, malgré une croissance importante de la production (2,75%), 8.900 emplois ont été perdus. La perte d'emplois réels est de 95.600 du fait de l'augmentation de 219.200 des emplois à temps partiel.
Seule une réduction ample, immédiate, impérative du temps de travail, associée à une extension du secteur public (qui ne se limite pas aux fonctionnaires) et du secteur coopératif, permettrait de résorber les 5.800.000 chômeurs réels (en équivalent temps plein).
Le "papy-boom", un autre mirage…
Un autre mythe aussi se développe selon lequel, à partir de l'an 2006, la population active diminuerait, résolvant ainsi le problème du chômage. Effectivement, selon les projections de l'INSEE et dans l'hypothèse moyenne, la population active atteindrait un sommet en 2006 (ou 2010 - 2012 selon des estimations plus récentes). Ensuite, la population active diminuerait d'abord très lentement (251.200 en moins après dix ans), puis lentement pour ne retrouver qu'en 2032 le niveau de 1996 et en 2040 celui de 1994. C'est une imposture de présenter ce facteur bien modeste comme une solution naturelle au chômage ... très partiellement et dans quarante ans.
Des salaires trop élevés ?
Ce ne sont pas les salariés payés au voisinage du Smic qui coûtent trop cher aux entreprises. Le décile (10%) des salariés les moins payés représente 4,9% de la masse salariale, alors que le décile des salariés les mieux payés représente 22,7% de cette même masse, soit 4,63 fois plus.
D'un autre point de vue, le salaire minimum du centile (1/100) le plus élevé des salaires est 7,60 fois supérieur au salaire maximum parmi les 10% de salaires les plus faibles... Comme on le constate, les "personnels non qualifiés" ne sont pas la cause principale des "trop lourdes charges salariales" des entreprises.
Pour plus d'informations : http://travail-chomage.site
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