Une vendeuse s'occupe patiemment d'une cliente qui teste méticuleusement nombre de matelas. Plus loin, on sert les sandwichs en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Hier après-midi, entre Villacoublay et Vélizy (Yvelines), les clients ne se bousculent pas au portillon d'Usines Center, dont les 140 boutiques réalisent entre 30 et 40% de leur chiffre d'affaires le dimanche. Hier, les employés avaient tout le temps de commenter la décision de la cour d'appel de Versailles qui avait ordonné, la veille, la fermeture dominicale de 64 commerces. Une décision «rétrograde», commente le responsable d'un magasin de pantalons. «C'est une honte de nous empêcher de travailler», renchérit Nabil Mahaya, très remonté, qui travaille à Usines Center depuis plus de dix ans. Dans leur grande majorité, les responsables de magasins mais aussi leurs employés critiquent une décision qu'ils ne comprennent pas. Résignés ou très en colère, pour eux ce verdict va se traduire par des licenciements. Les exploitants d'Usines Center assurent que, s'ils devaient baisser leur rideau le dimanche, la fermeture définitive du centre serait possible, ce qui représenterait 600 personnes au chômage.
Choix. A l'entrée, quelques rares clients s'activent autour d'une urne. Ils glissent un bulletin pour dire s'ils souhaitent l'ouverture le dimanche. Le plus souvent, c'est oui. Ce semblant de débat démocratique donne le ton : à Usines Center, «adaptation» et «choix» sont les maîtres mots, un tantinet contradictoires. «Usines Center ne fait que s'adapter aux modes de consommation actuels», estime un jeune vendeur, tandis que le comptable des enseignes Manigances assure qu'il est souhaitable de «moduler les horaires», pour les adapter aux clients mais aussi à des salariés dont les attentes se révèlent très variées. C'est d'ailleurs le credo des employés qui acceptent de parler devant leur patron. Albert Mamou, le responsable de l'association des exploitants, n'a pas l'ombre d'un doute : «L'ouverture le dimanche arrange tout le monde, avance-t-il, les gens veulent travailler, il faut les laisser gagner leur vie.»
Marché du travail. Les vendeurs et les vendeuses ont fait leurs comptes. Pour certains, comme Antoine, travailler le dimanche permet de «mettre du beurre dans les épinards». Beaucoup d'autres, plus résignés, se sont fait une raison : sacrifier leur dimanche en famille est la condition pour obtenir un salaire décent. Comme Magalie, vendeuse dans une boutique pour enfants, pour qui «le dimanche est un jour comme les autres». Mais elle reconnaît qu'elle «serait aussi contente que ça ferme».
La quasi-totalité des petits patrons des enseignes d'Usines Center refuse de reconnaître la précarité de beaucoup de salariés. Pour eux, de toute façon, il vaut mieux travailler qu'être au chômage. «On est au XXIe siècle, le salarié doit se plier aux conditions du marché du travail», assure Gérard Vartabedian, gérant d'une boutique de chaussures.
(Source : Libération)
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