Martin Hirsch et la Sarko-franchise

Mercredi, 23 Mai 2007 03:25
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"Rassuré" par la ministre de la Santé Roselyne Bachelot au sujet de l'instauration de franchises sur les remboursements de soins prévue par Nicolas Sarkozy afin de "responsabiliser" les assurés, le Haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, finalement, ne s'y oppose plus...

Au cours d'un entretien lundi après-midi, Mme Bachelot lui a précisé que la franchise "serait accompagnée des exonérations nécessaires pour tenir pleinement compte des situations sociales très dégradées"... Ce que Martin Hirsch a jugé acceptable. Fin du "malentendu" !

Alors qu'on va toujours plus forcer les chômeurs à travailler pour l'équivalent d'un RMI, que signifiera le terme "situation sociale très dégradée" ? Selon les seuils de pauvreté actuels (650 €/mois), on compte déjà 6,9 millions de "situations sociales très dégradées" en France, soit 11,6% de la population. À ces presque 7 millions de pauvres au sens strict, on peut ajouter les 2,54 millions de Smicards dont les familles, avec l'inflation immobilière et le coût de la vie, ne peuvent plus vivre décemment aujourd'hui.

En 1998, une étude du CREDES montrait que déjà 14% de la population avait du renoncer à des soins médicaux pour des raisons financières. Depuis, on sait de quelle manière la misère et la précarité ont explosé dans ce pays et combien, dans le même temps, avec les déremboursements et l'augmentation des cotisations des mutuelles, le coût de la santé à la charge du patient a grimpé.

L'accès au soin est déjà problématique pour de nombreux Français et la Sarko-franchise va exclure de nouveaux pans de la population du système de santé alors même que des études ont démontré, par exemple, que de mauvais (ou inexistants pour cause de non remboursement) soins parodentaires pouvaient être source de complications très coûteuses, comme le cancer de la gorge ou bien des maladies cardiovasculaires. Qui peut encore se payer des soins parodentaires ici ?

Cette mesure va donc probablement aggraver les problèmes de la Sécu. En écartant des soins basiques une forte population précaire dont le mode de vie, à cause du manque d'argent, est déjà problématique du point de vue sanitaire (malbouffe, stress…), ces gens ne vont plus entrer dans le système de soin que tardivement, c'est à dire avec des pathologies dégradées, des complications, c'est-à-dire qu'ils vont finalement coûter beaucoup plus cher.
Par ailleurs, les gros consommateurs actuels de médecine (ALD, vieillesse…) ne vont pas changer leurs habitudes, la plupart n'étant pas discriminés par un surcoût de 100 ou même 200 €.
Et les professionnels de santé, devant la diminution du flux des petites pathologies (prévention !!!) vont probablement exiger de nouvelles augmentations d'honoraires pour conserver leur train de vie, sans compter les primes de notoriété qui devraient considérablement augmenter...

Bref, une mesure inefficace, idéologique et inique : comment Martin Hirsch peut-il la tolérer ?

Monolecte

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