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Formation pour les chômeurs : la croix et la bannière

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Alain a été licencié d'une grande entreprise de distribution et d'édition musicale, secteur d'activité dont les difficultés sont connues. Malgré 15 années d'expérience dans les métiers de la logistique, on lui a refusé une remise à niveau de son permis cariste. Aujourd'hui, à 43 ans et en fin de droits, il est obligé de se contenter d'un poste de pion en CAE à temps partiel dans un lycée pour à peine 600 € par mois... Témoignage d'un gâchis institutionnalisé.

Lors de mon premier rendez-vous à l'ANPE, j'ai fait part de mon désir de formation pour retrouver le chemin de l'emploi dans ma branche car, après mon licenciement, j'avais tenté ma chance en tant que gérant d'un petit restaurant, escapade professionnelle qui s'est achevée au bout de deux ans. On m'a donc proposé un bilan de compétences approfondi, que j'ai effectué. Ce BCA m'a permis de redéfinir un projet professionnel à court terme et à long terme. Surtout, différents tests m'ont rassuré sur mes capacités.

A la fin de ce bilan, j'ai été convoqué à la DDTE où une contrôleuse m'a très sèchement expliqué que le BCA n'est pas considéré comme une recherche effective d'emploi et m'a menacé d'amputer une partie de mon ARE, voire de me radier. Je suis sorti sonné de cet entretien, mais indemne (ouf !). Dès lors, j'ai multiplié les candidatures et récolté en retour des réponses, toutes négatives. J'en ai cherché la cause et découvert que mon permis cariste - indispensable dans ce secteur - est devenu obsolète car je n'avais pas pratiqué depuis plusieurs années. Un stage de remise à niveau était donc nécessaire : en principe il dure 3 jours et coûte maximum 800 €.

Lors d'un énième entretien à l'ANPE, j'en avise mon conseiller. La réponse fuse : "Nous n'avons aucun budget. Allez voir peut-être sur le site de la CARIF ?"... Je m'exécute et m'aperçois que ce type de formation existe, mais s'adresse à des populations précises : RMIstes, moins de 26 ans, non diplômés... Je contacte directement les organismes de formation : "Il n'y a aucune prise en charge possible. Cela fait plus de deux ans que nous ne sommes plus conventionnés, mais vous pouvez essayer de la financer vous-même ? Nous acceptons des arrangements".

J'étais abasourdi tant j'ai le souvenir d'amis au chômage qui, il y a plusieurs années, se sont réorientés sans problème : l'un en CAP de plomberie, l'autre en passant son permis SPL, et tous travaillent actuellement.

Quelques temps après, j'ai été à nouveau convoqué par la DDTE mais cette fois, j'avais suffisamment de réponses négatives pour prouver ma bonne foi (no comment)... Le temps a passé et je suis désormais considéré comme "non employable". Mon conseiller ANPE a fait une demande de "chèque qualification" auprès de la Région, puisque je suis à l'ASS minorée (200 €/mois) depuis le mois de janvier. Je n'ai toujours pas reçu de réponse mais, si je comprends bien, il faut attendre d'avoir une certaine ancienneté aux minima sociaux pour, peut-être, obtenir une aide.

La formation tout au long de la vie ? L'un des "thèmes" de la campagne présidentielle... En attendant, c'est plutôt : la déqualifiquation généralisée pour tous !!! A 43 ans, je suis surveillant en CAE (contrat d’accompagnement par l’emploi) dans un lycée professionnel classé en ZEP… pour 590 € net par mois, et mon ASS va sauter. De plus, durant les trois premiers mois de mon contrat, j'ai obligation de ne pas cumuler avec un autre emploi. Quant à la remise à niveau dont j'aurais besoin pour exercer à nouveau mon métier, ce n'est pas pour demain !

Alain

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Mis à jour ( Dimanche, 20 Mai 2007 00:50 )  

Commentaires 

 
0 # superuser 2007-05-20 00:03
Fin avril, lors de son dernier commentaire des chiffres du chômage de mars, le directeur général de l'Unedic Jean-Pierre REVOIL a déclaré : "Pour faire converger offres et demandes, former les demandeurs d’emploi, l’Unedic a mis 350 millions d’euros sur la table en 2006. Mais seuls 62% de ces crédits ont été consommés. C’est quand même un problème !"

Oui, c'en est un !!!

Pourquoi ne peut-on plus se reconvertir grâce à des formations longues et qualifiantes (celles que l'on vous propose aujourd'hui ne durent que 4 mois maximum) alors que seulement 62% des crédits à cet usage ont été consommés ??? Où passe l'argent ? Dans de l'occupationnel ??? Pourquoi l'ANPE prétend-elle toujours n'avoir plus de budget quand on se présente pour lui demander une formation, même peu onéreuse (ici, 800 €) ?
Pourquoi, actuellement, seulement 7% des chômeurs en bénéficient ?
Pourquoi les plus de 45 ans en sont exclus ?

Afin de mesurer l'ampleur catastrophique de la situation de la formation professionnelle aux demandeurs d'emploi, à (re)lire notre article du 3 mai 2007 et tous ses commentaires.
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0 # Jean_Ploi 2007-05-20 11:59 Cette question des demandes de formation est source de beaucoup de déceptions et d'incompréhension .Le fond du problème est qu'on est passé d'une situation où la formation était un droit pour les chômeurs à une situation où ce sont les organisations patronales qui décident. Pour être précis, les deux financeurs de formation (Assédics et Conseils Régionaux) décident à partir des demandes des organisations patronales.

En clair, aujourd'hui il y a des formations financées dans les métiers où les employeurs (collectivement ) se plaignent de manquer de personnel. Concernant le cas particulier des formations caristes, il se trouve :


  • qu'il peut y avoir une dizaine de candidats titulaires du CACES (nouveau nom de la licence cariste) par poste proposé.

  • que les principaux recruteurs de cariste sont les agences de travail temporaire.


C'est pourquoi les employeurs du transport et de l'industrie ne réclament pas aux financeurs la mise en place de formations cariste. Don il n'y a pas, ou très peu, de financement.

Jusque dans les années 1990, il était possible pour les demandeurs d'emploi de faire financer des formations longues. Bien des salariés en poste aujourd'hui ont pu bénéficier de ce système, même s'ils ne travaillent pas dans le métier correspondant à la formation. Le cas le plus typique était l'obtention d'un bac+2 ou d'un bac+3 suivi du passage d'un concours administratif. Il va sans dire que les organisations patronales ne veulent pas entendre parler de formation qui permette de rentrer dans la fonction publique.

Pour résumer, nous sommes passé d'un système où les demandeurs d'emploi bâtissaient leur propre parcours à un système utilitariste (à très court terme) et dirigiste. Les véritables dirigeants, on l'aura compris, sont les organisations patronales de branche.
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