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Accueil Social, économie et politique Egalité salariale d'ici deux ans : un vœu pieu

Egalité salariale d'ici deux ans : un vœu pieu

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Xavier Bertrand, notre nouveau ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité, a déclaré hier soir que le gouvernement se donnait "deux ans maximum pour parvenir à l'égalité salariale" entre les hommes et les femmes.

"Nous voulons nous donner une date butoir de deux ans maximum pour parvenir à cette égalité salariale" et "lever toutes les pesanteurs qui l'empêchent", a-t-il annoncé, estimant qu'il faut "prendre en compte le fait que, parfois, les femmes n'ont pas eu le même parcours professionnel" que les hommes en raison de la maternité. [...] On s'aperçoit que le temps passé pour une femme à élever ses enfants ne lui permettra pas le même déroulement de carrière" : ni les mêmes droits pour la retraite, d'ailleurs... "Je veux aussi prendre en considération la question de la garde d'enfant", a-t-il dit.

Un bel effet d'annonce, alors que l'arsenal législatif existe ! Mais, malgré la loi n°2001-397 du 9 mai 2001 relative à l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ainsi que la loi n°2006-340 du 23 mars 2006 qui demandait déjà aux entreprises de supprimer les écarts salariés au plus tard en 2010, rien n'a bougé, faute de contrôles dans les entreprises pour veiller à leur application. Xavier Bertrand a pourtant ajouté : "Il ne s'agit pas pour nous de dire dans deux ans les entreprises qui n'y seront pas auront des sanctions, avec un rôle accru pour les inspections du travail"... Il souhaite simplement "mettre en avant" les entreprises qui ont appliqué cette mesure afin de "montrer que les choses sont possibles".

On sait bien que les contrôles accrus et les sanctions sont réservés aux chômeurs, pas aux employeurs qui discriminent les femmes (si ce n'est pas les seniors). Les augmentations de salaires n'étant pas à l'ordre du jour, on se demande comment les entreprises daigneront combler les écarts qui persistent, notamment chez les cadres. Quant au développement des modes de garde collectifs pour les enfants des mamans qui travaillent ou recherchent un emploi, il n'a jamais été mis en avant dans le programme du candidat de l'UMP : seul un "droit opposable" (c'est à la mode…) a été avancé, comme si, désormais, les Françaises n'avaient plus qu'à prendre le temps de saisir la justice pour faire valoir leurs droits. Du chiqué, tout ça !

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Mis à jour ( Mardi, 22 Mai 2007 14:22 )  

Commentaires 

 
0 # superuser 2007-05-23 00:55
Il y a un an, la DARES (ministère de l'Emploi) indiquait que le salaire horaire moyen des femmes est inférieur de 19% à celui des hommes et de 11% "à caractéristique s identiques". Selon les secteurs et les postes, ces inégalités peuvent aller jusqu'à 37%, selon l'Observatoire des inégalités.

Pour l'INSEE, dans les quatre premières années de vie active, le salaire net médian des femmes à temps complet est inférieur de 5% à 23% à celui des hommes.

De plus, les inégalités se creusent en cours de carrière : seul un poste de cadre sur quatre environ était occupé par une femme en 2002, pour un salaire inférieur de 20%, notait début mars la DARES en pointant l'impact de la "situation familiale". Le "moindre investissement supposé" des femmes dans le monde du travail conduit les entreprises à leur confier moins de responsabilités , ce qui crée des écarts salariaux et incite les femmes à se replier sur la sphère domestique, justifiant "a posteriori" l'attitude des employeurs, explique Michel Glaude (INSEE).

Même diplômées des grandes écoles, les femmes obtiennent un niveau de responsabilité moindre que les hommes dans leur carrière, encadrent des équipes moins importantes et sont moins payées, confirmait en février une enquête publiée par Grandes Ecoles au féminin. Les diplômées gagnent 18% de moins en début de carrière et 24% de moins de 46 à 50 ans.

Facteur aggravant, les femmes sont quatre fois plus nombreuses que les hommes à subir le temps partiel (900.000 environ en 2005), pour l'Observatoire des inégalités.

A durée de travail, formation, expérience et fonction égales, l'écart dû à une "discrimination pure" serait de 7% et 11%, selon les études.
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0 # superuser 2007-05-23 04:26 Une fois atteint un certain seuil, les femmes peinent à rattraper le salaire des hommes et la parité apparait inaccessible. Extrait d'un entretien avec Dominique Meurs (Université de Paris II) et Sophie Ponthieux (INSEE) pour L'Observatoire des Inégalités.

• Que faudrait-il faire pour corriger ces inégalités ? Peut-on y arriver en deux ans, comme le souhaite Xavier Bertrand, le ministre du Travail ?

Sophie Ponthieux : Si l’on revient à notre distinction entre «discrimination pure» et facteurs structurels, il apparaît qu’il n’y a plus grand chose à gagner du côté des politiques d’égalité des rémunérations «à travail égal». En d’autres termes, il n’est pas nécessaire de faire la guerre sur ce terrain, elle est déjà pratiquement gagnée. En revanche, il y a énormément à faire du côté des inégalités d’accès à l’emploi, des différences qui restent massives entre les emplois «féminins» et emplois «masculins», et bien sûr de l’inégalité face au travail à temps partiel.
Une voie possible pourrait être de pousser du côté des discriminations à l’embauche et de s’assurer de l’égalité des chances face aux emplois. Toutefois, un égal accès aux emplois les plus prometteurs peut se révéler à long terme factice si les inégalités de partage des tâches domestiques persistent. Le levier le plus puissant de correction des inégalités se situerait alors du côté de la participation des hommes au non marchand. C’est l’orientation adoptée actuellement par certains pays nordiques. Par exemple, le système mis en place en Suède (qui oblige le père à prendre une partie de la durée du congé parental, non transférable entre parents) pourrait provoquer une rupture majeure par rapport aux comportements traditionnels d’activité.

Dominique Meurs : C’est aussi en amont du marché du travail, dans l’orientation des filles et des garçons que les choses se jouent. Et puis, de manière générale, le temps consacré à ses enfants (ou à d’autres personnes dépendantes) constitue un frein à l’engagement professionnel ; mais c’est aussi un temps incompressible qui doit bien être fourni par quelqu’un. L’inégalité salariale constatée et sa persistance proviennent du fait que ce quelqu’un finit le plus souvent par être principalement la mère… ou une femme. Or d’autres possibilités existent : cela peut être la collectivité ou les entreprises via les crèches, un/une aide familial(e), l’un des deux parents, quel que soit son sexe, ou une combinaison de ces différentes possibilités. Dénouer l’équivalence mise entre soins et tâches féminines apparaît comme la principale voie de réduction des inégalités sur le marché du travail entre les hommes et les femmes, mais suppose un très profond changement des normes sociales. Il n’est pas certain que l’on puisse obtenir tout cela en deux ans…
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