On impose au professeur non-titulaire et sans emploi un poste adapté a ses compétences : professeur de cours particuliers pour une heure minimum par semaine, à 15 € brut de l'heure en moyenne, par le biais d'un organisme de soutien scolaire, secteur lucratif (pour l'organisme s'entend) en pleine expansion dont vous voyez chaque jour les publicités un peu partout... Les professeurs non-titulaires, déjà virés comme des malpropres par l'Education nationale il y a quelques années alors qu'on rappelle des profs retraités à la rescousse, sont depuis adressés en masse vers ces organismes par l'ANPE, de gré ou de force.
A 40 ans passés, après 18 années d'enseignement en classe, mon conseiller ANPE m'a contrainte à signer un contrat dans un de ces organismes, me menaçant de radiation en cas de refus.
Quand j'ai osé lui dire que ce genre de travail ne me sortirait ni de la précarité ni du minima social dont je survis mais, au contraire, m'y enfoncera davantage, mon conseiller m'a expliqué avec un grand sourire condescendant que là n'était pas la question, la priorité étant uniquement le retour à l'emploi, même si cela n'implique de ne travailler qu'une heure par semaine ! Me soutenant que j'exagère, que je n'y connais rien et que j'aurai sûrement droit à la prime de 1.000 € (ce qui est totalement faux, puisqu'il faut au moins quatre mois de travail à plus de 78 heures mensuelles, chose impossible avec ce type de boulot !), il m'a menacée de radiation et a pris rendez-vous pour moi et devant moi avec un de ces organismes. Il m'a certifié que, quand bien même je me retrouvais au RMI au bout d'un an, ce serait pareil que l'ASS : un mensonge de plus ! En clair, il se fout complètement de mon sort. Etre infantilisée et commandée de cette façon est franchement inacceptable.
Survivre d'un job d'étudiant à 40 ans quand vous êtes déjà considéré comme "senior" dans le privé, quelle consécration !!! Quand le cumul de mon minima social et de mon «emploi» aura atteint sa limite légale (750 heures - lire en commentaire), je devrai survivre de cette seule «activité» ?
Mon projet professionnel, ce que je souhaiterais vraiment faire pour m'en sortir, ne l'intéresse absolument pas. Une formation dans les secteurs «en tension», par contre, il va y songer pour moi. Mon PPAE (Projet Personnalisé d'Accès à l'Emploi) n'a plus de "personnel" que le nom.
Maintenant nous savons tous, enfin, ce qu'est une offre d'emploi décente pour l'ANPE : une heure minimum par semaine à 15 €.
Les chômeurs ne sont plus désormais qu'une réserve inépuisable d'esclaves à la disposition des entreprises. Et c'est ainsi que la France se réconciliera d'ici 2012 avec «le plein emploi».
Liloux
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