Une étude d'autant plus intéressante que le gouvernement envisage de réaliser des économies (entre 400 millions d'euros et 1 milliard) sur la PPE afin de financer la généralisation du RSA, censé permettre de cumuler durablement revenus d'activité et prestations sociales, et de pallier les principaux griefs concernant la PPE que décrit la Drees.
Créée en 2001 sous le gouvernement Jospin, cette prime est un crédit d'impôt accordé aux personnes en emploi disposant d'un faible revenu. Son objectif : rendre le travail plus attractif et diminuer les inégalités. En 2007, 9 millions de personnes percevant entre 0,3 et 2,1 Smic l'ont perçue, soit un tiers des personnes ayant exercé une activité professionnelle rémunérée pour un montant moyen attribué de 480 €, soit un peu moins de 4% du revenu d'activité.
Cette «forte proportion de bénéficiaires» n'empêche pas l'exclusion des 2,8 millions de salariés et d'indépendants percevant moins de 0,3 Smic annuel, en raison des critères d'éligibilité du dispositif. A l'inverse, «l'extension familiale permet à des personnes rémunérées entre 1,4 et 2,1 Smic annuel de toucher la PPE : 13% d'entre elles en bénéficient, parce qu'elles appartiennent à des types de familles spécifiques (monoparentales, foyers monoactifs)». En outre, en dépit de revalorisations successives, elle ne représente qu'une «faible masse financière, sans commune mesure avec les autres outils de la redistribution (impôt sur le revenu, prestations familiales, aides au logement, etc…)».
Recentrage
Conséquence : «L'impact de la PPE sur la réduction des inégalités et sur la diminution du taux de pauvreté est limité», souligne la Drees. Et ce malgré une amélioration en 2007 du barème de la prime, en particulier pour les temps partiels. «La prime diminue le taux de pauvreté des personnes en emploi de 0,5 point» et ne permet une augmentation du niveau de vie médian des personnes pauvres que «d'à peine plus de 1%». Seuls 6% des travailleurs à faibles revenus passent au-dessus du seuil de pauvreté grâce à la PPE.
La Drees nuance toutefois son propos en rappelant que la prime est «loin d'être négligeable pour les personnes aux revenus modestes». Elle représente ainsi un supplément de ressource de 9% du revenu d'activité pour les personnes percevant entre 0,3 et 0,7 Smic. Au final, l'étude vient conforter le discours du haut-commissaire aux Solidarités actives, Martin Hirsch, qui plaide pour un recentrage de la PPE sur ceux qui en ont le plus besoin.
(Source : Les Echos)
NDLR : Nous l'avons déjà dit ici, la PPE et le RSA sont deux pis-aller que l'on met en concurrence. Et pendant qu'on chipote sur ces dispositifs, véritables pansements sur une jambe de bois, on évite ainsi de pointer l'essentiel : le travail n'est plus émancipateur car les salaires aujourd'hui pratiqués par les employeurs sont trop bas. Pire : grâce au concept du RSA, à l'instar de la PPE, c'est au tour du SMIC d'être dans le collimateur du gouvernement, puisqu’un récent rapport juge que le salaire minimum n'est pas, lui non plus, «un moyen efficace pour réduire la pauvreté et les inégalités»... Gageons qu'une prochaine «réforme» n'en fera qu'une bouchée !
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