Vingt minutes suffisent pour traverser cette ville de 6.000 habitants en Saxe-Anhalt (ex-RDA). Elle incarne pourtant bien des espoirs. A l’origine, une idée a priori simple : pourquoi financer le chômage plutôt que l’emploi ? Les chômeurs de Barleben ayant mené d’actives recherches et jugés «non reconvertibles» se voient proposer un emploi d’utilité publique dans les crèches, les associations, auprès des personnes âgées ou au service des œuvres sociales gérées par les Eglises. En quelques mois, le taux de chômage à Barleben est passé de 8 à 3% (en ex-RDA, le taux moyen est de 14%).
Le musée régional revit grâce à l’«embauche» d’une couturière de 55 ans, ainsi tirée de cinq ans de chômage. Et grâce au projet, la maison de retraite de la ville offre un peu plus de confort à ses pensionnaires : une ex-chômeuse lit le journal aux malvoyants et accompagne les malades chez le médecin. Ces deux femmes reçoivent 825 € par mois pour 30 heures de travail, un peu plus que le montant de l’aide sociale. Mais, contrairement aux bénéficiaires de cette dernière, elles paient elles-mêmes leur loyer et cotisent directement pour leur retraite et leur assurance-maladie...
Au total, 65 habitants ont retrouvé un emploi d’utilité publique. Selon l’institut IZA, chargé par le ministère du Travail d’une étude consacrée au sujet, l’Etat pourrait, en généralisant le modèle, remettre 1,4 million de personnes au travail à l’échelon national. En Allemagne, six villes et villages se sont, comme Barleben, transformés en «laboratoires du plein-emploi».
L’expérience intéresse au plus haut point le ministère qui planche sur un projet similaire, mais bien moins intéressant pour les chômeurs. Le projet, baptisé «Workfare», prévoit de proposer aux chômeurs un emploi à trente-neuf heures et à un niveau de salaire calqué sur le montant de l’aide sociale. Le projet n’a pas que des adeptes. Les libéraux critiquent la «capitulation face au chômage» (le système créerait, de fait, un marché parallèle de l’emploi). Les autres (le Parti communiste, par exemple) dénoncent l’«exploitation».
(Source : Libération)
Pour compléter => Allemagne : des chômeurs au service de malades mentaux
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