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Le chômage, violence économique extrême

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Dans un dossier intitulé «Violence : Où est sa victoire ?», Jean Dornac (Altermonde) analyse les différentes formes de violence que l'humanité s'impose, et s'interroge sur ce qu'elle a de bénéfique. Voici un extrait de son troisième chapitre consacré à la violence en milieux professionnels et économiques.

La société d’aujourd’hui, bien que réprouvant officiellement la violence dans les rapports humains, exalte tout une série de violences pour le plus grand bien supposé de la rentabilité des entreprises et de la croissance, ce dogme du capitalisme mondial. Il s’agit donc de la conjonction, voire de l’alliance objective, de la violence et de l’idéologie économique actuelle. (...)

Le chômage

Toujours dans le domaine économique, il faut parler de cette autre violence extrême qu’est le chômage institutionnalisé que nous connaissons depuis deux décennies au moins. Officiellement, ce sont les difficultés économiques qui justifieraient le chômage de masse que nous connaissons. Ainsi, à l’origine, les autorités affirmaient que le chômage était la résultante de l’augmentation des prix du pétrole, bientôt suivie de l’augmentation de toutes les énergies, électriques, gaz, etc…

Si l’on observe les faits, on se rend tout de suite compte que c’est une affirmation simpliste qui n’existe que dans le but de manipuler les citoyens. C’est vrai en France comme c’est vrai ailleurs, en tout cas dans les pays développés et riches. Il est d’ailleurs à remarquer, à l’appui de cette thèse que l’augmentation des diverses énergies n’a en rien affecté la richesse globale des pays considérés, pas plus que cela n’a affecté les revenus des plus riches, si ce n’est vers la hausse continuelle et parfaitement scandaleuse.

Si l’on va plus loin dans l’observation, on réalise que depuis près de trente ans, depuis «l’explosion» du chômage un peu partout, ce qui a provoqué cet effondrement, c’est l’application de la politique néoconservatrice à la fois américaine et anglaise, application voulue par Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Ils ont, en fait, appliqué ce que les «penseurs» économistes très conservateurs ont élaboré depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. La vraie raison de ce chômage criminel réside dans ce choix, dans cette volonté de passer l’économie avant l’essentiel de l’humanité. Il s’agit donc d’une «guerre» d’une extrême violence contre les humains les plus modestes qui constituent, évidemment, l’immense majorité de la population terrestre.

On nous dit qu’il faut absolument qu’une entreprise soit rentable pour qu’elle soit viable. Chose que je peux comprendre et qui n’est pas illogique. Mais on ne nous dit pas que les personnels employés sont devenus la «variable d’ajustement», expression tragique et horrible, s’agissant d’êtres humains qu’on sacrifie, pour assurer cette rentabilité et plus encore pour assurer au moins 15% de dividendes aux actionnaires. Les bénéfices des actionnaires, les salaires toujours plus délirants des «grands» dirigeants, non, on n’en parle pas lorsqu’il s’agit de nous expliquer pourquoi tant d’humains sont au chômage, pourquoi tant d’autres sont devenus des «exclus», des «parias». Cette abominable notion de «variable d’ajustement» mène de nombreux humains à la misère, à l’exclusion mais aussi au suicide, donc, à l’extrême violence.

Il en va de même pour ce qui concerne le chantage, activité monstrueuse de plus en plus utilisée par certaines entreprises. Nous trouvons deux méthodes : Celle qui consiste à menacer de licencier une part plus ou moins importante des salariés si telle ou telle condition de durcissement du travail ou salariale n’est pas acceptée par le personnel ; et celle qui consiste, pour les mêmes raisons, de menacer le personnel d’une délocalisation de l’usine, de l’activité. Ce chantage a pour seule raison d’être de faire accepter aux personnels tous les reculs sociaux qui arrangent les porteurs de capitaux. Pour arriver à ce lamentable résultat, ils n’hésitent pas à plonger les personnels dans l’angoisse et à semer une zizanie complète. Là encore, cette violence est destructrice et inhumaine. Si un citoyen en fait chanter un autre, il est passible de jugement et de condamnation. Un patron, si lâche qu’il soit, ne risque pas cela : Pourquoi ? En somme, la violence du citoyen n’est pas légitime, mais celle des dirigeants l’est. A méditer, non ?

Les chômeurs semblent être la cible préférée des pouvoirs tant économiques que politiques. N’ayant pas le courage de révéler que l’essentielle de cette plaie qu’est le chômage provient de l’application d’une idéologie économique dont rien ne prouve l’efficacité, bien au contraire, ces pouvoirs font tout pour culpabiliser les chômeurs. Ils osent prétendre que les chômeurs sont responsables de leur situation ! Quelle violence dans ce mensonge ! D’autant plus que la conséquence de ce mensonge éhonté des autorités sera la diminution, avant la suppression, des rares droits du chômeur. Ainsi, les vrais responsables du chômage de masse gagnent sur tous les tableaux, aussi bien sur les bénéfices économiques que sur les économies réalisées sur le dos des chômeurs victimes ainsi d’une véritable «double peine». Comme rien ne leur suffit, tant leur voracité et leur manque de conscience sont grands, leur espérance est de gagner sur un troisième tableau, celui des postes à pourvoir, mais pour un travail très dur. En effet, les responsables du chômage verraient d’un très bon œil que les chômeurs, leurs victimes, aillent se faire démolir physiquement comme mentalement dans le bâtiment ou l’hôtellerie. Ainsi, les traces de leur crime seraient effacées… Malgré toutes les rétorsions qui s’ajoutent année après année, il n’est pas certain que seront nombreux les chômeurs acceptant ce marché de dupes. En tout cas, il est à espérer qu’ils ne seront pas nombreux à tomber dans ce piège infect.

Par ailleurs, il y a une vaste manipulation des chiffres du chômage pour éviter que la population ne réalise fortement que la «crise» de l’emploi n’est pas due à des causes économiques, mais à l’application de l’idéologie de ce qu’on appelle les «néolibéraux». Très schématiquement, il s’agit d’enrichir toujours plus ceux qui ont déjà beaucoup, les actionnaires et autres bénéficiaires du capital, en réduisant toujours plus les coûts et donc en supprimant un nombre incalculable d’emplois. Ce qui, encore une fois, est une extrême violence contre les victimes de cette idéologie et leurs familles.

On en arrive à l’aberration suivante : Des gens qui ont un travail, ce qu’on appelle un «petit boulot», mais qui ne bénéficient pas d’un salaire suffisant pour vivre dignement, pour se loger ou pour entretenir leurs familles. C’est un scandale total, mais dont les pouvoirs n’ont que faire… La violence des «performants» est vaste lorsque par orgueil ou stupidité, ils parlent en désignant les chômeurs ou les travailleurs pauvres comme des «perdants», contrairement à eux-mêmes qui s’estiment être des «gagnants». Qu’est donc devenue la conscience de ces «performants» ? Mais aussi, qu’est devenue leur intelligence ? Ils ne comprennent même pas qu’au travers la violence qu’ils exercent sur les pauvres, ils attisent la violence de ces derniers, violence que les pauvres peuvent retourner contre eux-mêmes, mais aussi contre les orgueilleux et prétentieux qui s’estiment être des «gagnants».

www.pour-la-non-violence.com

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Mis à jour ( Jeudi, 30 Juin 2011 12:11 )  

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