Le pactole avait de quoi faire des envieux. Sous l'effet de la crise, les épargnants plébiscitent le Livret A, un placement sans risques et rémunérateur même lorsque la Bourse s'effondre. Selon les chiffres de la Banque de France, fin octobre, 132,8 milliards d'euros y étaient déposés, soit 14% de plus qu'un an auparavant.
Aujourd'hui, le circuit suivi par ces économies est simple. La Caisse d'épargne et la Banque postale collectent les fonds, mais les transmettent intégralement à la Caisse des dépôts. Celle-ci les répartit ensuite auprès des acteurs du logement social et de la politique de la ville. Sous la forme de prêts à très long terme — jusqu'à 60 ans — aux organismes HLM, mais aussi en finançant des hôpitaux ou des réseaux de transport en commun.
Plus que 70% des fonds destinés aux HLM
Mais le 1er janvier, le circuit va se compliquer. Sous la pression de la Commission européenne, qui dénonçait une distorsion de concurrence, la loi de modernisation de l'économie votée cet été autorise toutes les banques à proposer des Livrets A.
Pour les épargnants, c'est le seul changement visible. Mais pour les banquiers, la réforme ne s'arrête pas là : la Caisse des dépôts ne conservera en effet plus que 70% des sommes déposées sur les livrets, selon un décret du gouvernement. Que deviendront les 30% restants ?
L'Etat a tout prévu dans un second décret. L'essentiel du pactole devra être réinjecté dans l'économie "réelle" ou utilisé à des fins écologiques : 80% seront prêtés aux PME, et une autre partie (5% en 2009, 10% en 2010) financera des travaux d'économie d'énergie dans les bâtiments anciens.
Mais les banques pourront donc utiliser comme bon leur semble 15% des sommes déposées l'an prochain, puis 10% les années suivantes. Sans oublier la commission de 0,6% que leur versera la Caisse des dépôts en contrepartie de la collecte des fonds. Pour elles, l'ouverture du marché, prévue avant l'effondrement des marchés financiers, tombe au bon moment.
Des épargnants moins bien rémunérés
Directement concernés, les professionnels du logement social se veulent optimistes. En tout cas, à moyen terme. L'ouverture du marché pourrait multiplier le nombre de livrets, ce qui compenserait la baisse du pourcentage accordé à la Caisse des dépôts. Et surtout, celle-ci devrait bientôt réduire le taux des prêts qu'elle accorde aux organismes HLM.
Le coût de ces prêts est en effet lié au taux de rémunération du Livret A, qui diminuera en février, passant de 4% à probablement moins de 3%. Une baisse purement conjoncturelle. La fin du monopole n'y est pour rien, mais les livrets ouverts le 1er janvier se révèleront beaucoup moins rémunérateurs que prévu.
(Source : Rue89)
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